Samedi 21 Mars 2009
Gare de Poitiers. Retour du Confort Moderne !
Bah ouais… il n’y a pas que London, Shanghaï, Dubaï, New York et Warhol dans la vie ! Il y a aussi Poitiers et le Confort Moderne de Poitiers dirigé de main de maître par le très preux Yann Chevallier. C’est le DA des expositions. Elégance, nonchalance, discrétion, loyauté, goût et force de conviction… il a les vertus que l’on attend d’un Chevallier de son rang et de son temps.
Et chaque fois que je reprends le train en direction de Poitiers… je repense à cette fameuse année où il avait organisé un rallye de mini-motos pour deux artistes dont j’apprécie le travail et le sens de l’humour : Bertrand Lacombe & Sophie Dejode, un duo effervescent apparemment mal compris en France.
Ça arrive souvent ce genre de truc. Dès que les mecs ne sont pas passés par les voies habituelles de l’art, dès qu’ils n’ont pas fréquenté telle ou telle école d’art, qu’ils n’ont pas été adoubé par tel ou tel critique d’art, tel artiste ou tel messie… ils sont mal aimés par la Mafia de l’art, on se méfie d’eux, on est frileux à leur égard, puis on tente de les ostraciser à petits feux !
Bon, en tout cas, ces deux-là reviendront au premier plan un jour ou l’autre, ils ont trop d’énergie pour se laisser oublier si facilement. Leur projet est un work in progress autour d’une utopie, un micro-état de leur invention auquel d’autres artistes peuvent se joindre : « Floating Land ».
Et donc, Yann avait présenté une partie de « Floating Land » en 2004 : d’incroyables install, des engins de toutes sortes, des habitats. Une sorte de village donc doté de son Kippen Burger où l’on pouvait se restaurer tant organiquement que spirituellement… un clin d’œil pop coloré à l’artiste Kippenberger, of course ! Et dans les rues de ce village, une course de mini-motos avait été ni plus ni moins organisé. Fonçant à travers brouillard et gros temps, avalant les distances, dévorant les étendues, triomphant de tous les obstacles, les "fous du volant" dans leur éternel poursuite à travers les lieux d’exposition n’étaient autre qu’une vilaine petite bande d’artistes comme on les aime bien sûr ! Et parmi les très méchants et impartiaux arbitres, il y avait moi et mon Polo noir frappé à mon effigie. Je l’ai gardé comme un trophée, les lettres de mon nom se détachent encore blanc sur noir. Je ne sais plus qui a remporté le Trophée… mais c’était peut-être comme à l’Ecole des Fans et comme chez Pierre de Coubertin, tout le plaisir était sûrement dans la participation !
Ça c’était il y a déjà 5 ans ! depuis je suis retournée de nombreuses fois au Confort Moderne de Poitiers mais jamais au Futuroscope. Est-ce que c’est grave, je ne sais pas… j’ai bien failli y aller avec Théodore Fivel, Koudlam et Alice, Michael Portnoy… & co ! Portnoy est un de ces artistes hallucinants, un performer qui performe comme il respire dans le sens où c’est sa nature. C’est un exalté. Tellement exalté qu’il a halluciné Bob Dylan durant la cérémonie des Grammy Awards en 98 ! Il suffit d’aller faire un tour sur Youtube pour se rafraîchir la mémoire. Il était là pour danser dans son coin sans faire de vague pendant que Dylan chantait et d’un coup, animé par on ne sait quelle diablerie, il enlève sa chemise et se met en transe ! En lettres flamboyantes, « Soy bomb » se lit sur son poitrail. Et depuis tout ce temps, la bombe en question est indomptable, elle n’en finit pas de nous servir avec éclats ses performances de chanteur, acteur (dans « Concrete castle », le projet de Rita Ackermann par exemple), mais aussi « installateur »… et tant pis si le mot que je viens d’inventer sur place est très très moche !
Cette fois, dans le genre onirique, baroque et musclé, il se produisait avec David Adamo au Confort Moderne. Adamo, c’est une sorte d’homme de Cro-Magnon miniature qui invite son public à marcher sur ses œuvres composées de battes de base-ball ou admirer ses machettes, et autres discrets objets fictionnellement chargés. Face à lui, l’élastique et athlétique Portnoy nous convie à ses tables de jeux, ce genre de tables de jeux où l’on laisserait probablement sa chemise d’ailleurs ! Il nous implique dans le scénario sonore d’un héritier de Boris Vian… Imprévisibles l’un comme l’autre, pour le vernissage hier soir, ils nous ont mené par le bout du nez, au son de la harpe et du xylophone, ils nous ont initié à un drôle de rituel pyrogravé… ça résonne encore en moins. Le seul problème dans tout ça, c’est qu’ils n’avaient pas réussi à trafiquer la météo. Il ne pleuvait pas mais j’ai eu froid froid froid. Ça a presque gâché mon amour pour la harpe, le xylo et les perf bien disjonctées.
Quant à Koudlam, il s’est chargé de nous réchauffer durant le concert qui a suivi. De sa voix caverneuse et abyssale qu’il pose sur une electro-symphonie bien à lui, il nous a fait décoller. C’est étrange, c’est intimiste, familier et pourtant si nouveau, à la fois grave et léger, fragile, aussi tenace qu’evanescent. Tout en contradictions. C’est Cyprien Gaillard qui nous a permis de découvrir ce compositeur disjoncté à travers la vidéo « Denianski Raion » dont il a réalisé la bande-son.
En tout cas, lui sera au Futuroscope tout-à-l’heure avec Théodore, Alice et Portnoy. Pendant ce temps, je serai dans un train en direction de Paris avec la douce et belle Kathy, la Dulcinée de Yann.
Anaïd Demir
mercredi 29 juillet 2009
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