Jeudi 29 Aôut 2008 (Part 1)
Allongée dans ma salle de bains, j’écoute Alister en boucle, l’album de mon été… presque terminé.
Aux premières notes de « Fille à problèmes », je me demande si je suis normale… d’avoir laissé choir tous ces druides à Brocéliande pour regagner Paris et son dioxyde de carbone. J’étais en compagnie de Merlin sur le chemin du « Val sans Retour »… comment ai-je pu revenir sur mes pas ? Je caressais l’Arbre d’Or, je m’entretenais avec King Arthur du Graal, j’étais courtisée par Lancelot… jusqu’à ce que, dans le « Miroir aux fées », je finisse par lâcher mon reflet.
Comment ai-je pu troquer mon hydromel contre cette tasse -d’eau savonneuse- que je prends contrainte et forcée dans ma baignoire ?
Encore imprégnée par les senteurs des sous-bois, je me reconnecte peu à peu au monde.
Et là, plongée dans l’océan de ma baignoire, je prends mon tuba pour atteindre les profondeurs submarines de ma mémoire… essayer de me rappeler depuis quand je n’ai pas rédigé la moindre note dans mon « journal (intime) de l’art » et surtout comment et pourquoi.
Et Alister en rajoute… « Mmmmmmmais… Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qu’est-ce que c’est… Qu’est-ce que c’est que CE bordel ? »
De sa voix brune et déraillée, ce psycho-singer débraillé m’enveloppe d’une douce léthargie. Idéal pour les fuites d’un parisien lambda.
« Est-ce que la Chine me fait peur ? » Parfois.
« Est-ce que je ne serai pas mieux ailleurs ? » Pourquoi pas ?
« Lichtenstein, Amazonie, Groënland et Sibérie… » Hmmmm…
Sans visa et sans jet-lag, sa voix tanique et tabagique m’entraîne surtout à « Miami » : « sucer des pamplemousses, faire du bouche-à-bouche, croiser des vieux qui toussent, des blondes qui gloussent… » Ça me rappelle que j’y étais… à Miami… en décembre dernier. Mais je n’y ai pas croisé un seul pamplemousse, bordel !!! Juste des galeristes, des artistes, des collectionneurs, art dealers et autres amateurs éclairés.
Plutôt que dans l’océan ou dans les piscines, j’ai donc piqué une tête dans la mousse artistique, Miami Art Basel -la foire d’art contemporain- oblige !
A cette époque, je faisais du 100 à l’heure… Mais depuis avril, je suis montée à 350. Au-delà des performances de Ghost Rider ! Et pendant que je faisais trépider la machine, trois milliards de choses me sont arrivées… mais je n’avais plus une seconde pour les noter.
J’ai des images qui me reviennent en vrac pendant que la température monte.
30°c à l’ombre. En moyenne. Dubaï, dans les Emirats! Je ne crains aucun choc thermique… Après la plage, après dîner, 2 pistes de ski s’offrent à moi comme un ice-cream… et me voilà aussitôt en doudoune, lancée en free style sur les pistes de ski d’un frigo géant made in Dubaï.
Je suis dans une gigantesque oasis qui renferme une foire d’art aux airs de palais oriental… digne de Dysney. Pour le vernissage, des nuées de cheiks en robe immaculée se répandent dans les allées. Beaucoup d’Abstraction Géométrique. Ici et là, on fait quelques clins d’œil aux questions socio-politiques ou religieuses. Mais il y a surtout du doré, des dorures, des dollars. Et des femmes qui, entre chaque stand, font scintiller leur bijouterie portative et leurs Vuitton-Dior-Balenciaga sur leurs robes-prison noires! Je suis au pays des pétrodollars. On trouve de tout sur la toile… même du caviar ! Mais j’ai beau cherché… pas un seul nu. Pas de sexe! Pas un Serrano, pas un Araki. No Richard Kern, no Terry Richardson… pas de peau ! Pas de nu mais un chameau empaillé et rangé dans une valise. Comme pour signaler que l’exotisme est mis en boîte sans arrêt, ici et ailleurs. Surtout ici. Cet « Arabian Delight » a l’air de sortir d’une boîte de sardine format XXXXXL. C’est l’œuvre de Huma Mulij, une artiste Pakistanaise… aussitôt censurée par Cheik Mohammed en personne. Vu d’ici, vu d’Europe, on n’imagine pas à quel point cette œuvre est subversive. Et pourtant ! Et à Dubaï, les chameaux sont sacrés… je finis d’ailleurs mon séjour en rodéo à dos de l’animal sacré, ou bien en 4x4 dans les dunes.
Jus de grenade fraîche et tatouage au henné. Au milieu du désert, les mille et un plaisirs de l’Orient refont surface. Alors que j’admire la perspective d’un coucher de soleil flamboyant, je glisse un regard en bas des dunes. Un festin nous attend. Et des concours aussi bizarres que remporter un sac Gucci en courant dans le sable ou hypnotiser un cobra en musique. Et pour le folklore : une danseuse du ventre. Quant au tapis persan, là, au milieu, c’est le dance-floor qui m’attend !
De retour à Paris, je reprends aussitôt mon vélo pour sentir le macadam sous mes roues… et je sillonne la ville armée d’un crob’art et d’une boîte de Caran d’Ache multicolores ! J’offre des séances de dessin à des candidats triés sur le volet. Plus qu’un quart d’heure de célébrité, c’est un quart d’heure d’évasion et de relaxation en ma compagnie ! Je passe des bureaux de MK2 avec Nathanaël Karmitz, impassible, au Chao Ba avec l’enthousiaste Mathieu Demy. Au Baron, vers minuit, on est en fin de tournage avec Cécile Cassel et Emma de Caunes. Ou bien sur le départ, Gare de Lyon, au « Train Bleu » avec Dorothée Dupuis, fraîchement nommée directrice de Triangle, l’espace d’art de la Friche de la Belle de Mai à Marseille… on s’étale et on s’affale. Dans une version plus intime, dans l’appart de Virginie Foucault, de Ramuntcho Matta ou de Lorraine Ricard… on prend le temps. Et je passe de lieu en lieu. Dans l’atelier d’Ora-Ito avec le très bon coup de crayon de Mustapha El Atrassi en prime, ou au Delaville avec Virgile Bramly. « Chez Jeannette » avec Hopi (www.myspace.com/fantomeparis) ou dans les locaux de Radio Nova avec Julien Bizot. Chaque fois, j’étale mon matos… et on retombe en enfance ! Et tout ça pour une bonne cause : une œuvre des Kolkoz. Un de leurs fameux « Portrait Arabe » qui depuis, est paru dans le No 03 de BC (Be Contemporary)… « Portrait Arabe » auquel je fais aussi participer Karine Arabian… normal avec un nom pareil!
Le principe du jeu ? Réaliser un « téléphone arabe » version dessinée. Chaque dessinateur est le maillon d’une chaîne, il recopie le dessin de son prédécesseur… mais qu’en est-il donc de l’œuvre originnelle ? Cette fois, c’est « L’Origine du Monde » de Gustave Courbet. Impossible pour moi de résister à l’envie de boucler la boucle en signant le dernier dessin de la série… sous le nom d’Eléonore Courbet ! Les Kolkoz n’y ont vu que du feu… A l’heure qu’il est, ils croient encore qu’il s’agit de la descendance du peintre, ou bien une lointaine cousine de Courbet Julien, l’animateur TV. J’adore… et surtout, j’espère qu’ils ne sauront jamais qui se cache sous la véritable identité d’Eléonore Courbet!
mercredi 29 juillet 2009
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