Samedi 27 septembre
Je devais être à Marseille pour Marsatac et pour l’expo du « Triangle , « The True Artist », à la Friche de la Belle de Mai, mais mais mais… je suis à Paris et je me passe et me repasse tranquillement « Le Grand Chapiteau » de Polnareff. C’est du Debord sanguin ! Pur jus !
Sur un air de cirque complètement désarticulé, je savoure les paroles de ce barnum désaccordé:
« Les acrobates tomberont du trapèze et se feront très mal
Les bêtes fauves mangeront le dompteur malgré qu’il soit obèse
Approchez Messieurs Mesdames, c’est un grand spectacle
Allons-y les amateurs
Entrez entrez Messieurs Mesdames, admirez le spectacle,
Les voyeurs et les rêveurs
L’avenir est très opaque, le fakir n’en a plus que pour une heure
Et la tireuse de cartes va se tirer une carte en plein cœur
Approchez Messieurs Mesdames, ça saigne et c’est en couleurs
Admirez le spectacle, venez mes Milords
C’est gratuit pour les voleurs… »
Sang pour sang enragée ? Mais non ! Mais pas du tout !
Je devais être à Marseille dès jeudi… mais jeudi, j’ai préféré rester à Paris avec un Marseillais ! Monsieur Clouseau… alias Benjamin Vincent. Et Monsieur Clouseau n’est ni inspecteur, ni même agent secret. Il n’a pas non plus d’Aston Martin. Par contre, c’est l’instigateur des « Parties Fines » (myspace.com/partiesfines)! Des soirées très particulières qui ont le don de réconcilier tout le monde à Marseille… sans pour autant être interdites au moins de 13 ans. Enfin, la brigade des mœurs n’y trouverait rien à redire de toute façon, bien que ces « Parties fines » ne soient pas faîtes pour de chastes oreilles. Il faut les fines ouïes de quelques connaisseurs pour s’immerger dans cet easy-listening très sixties, seventies et quelquefois eighties. « Angélique, Marquise des Anges », « Erotissimo » de Jean Yanne ou « Laura, les Ombres de l’Eté » de David Hamilton… font partie des trésors cinématographiques dont Clouseau prélève le son pour ses soirées et autres évènements sonores. Des musiques légères et insouciantes, écrites par Gainsbourg, Polnareff ou François de Roubaix… parfois presque grattées sur un coin de table en guise de job très alimentaire. De pures merveilles !
Mais, pour l’heure, Monsieur Clouseau joue de sa boucle blonde et de ses airs innocents pour évoquer la sortie de sa première compile classée X. Elle est censée faire monter le rose aux joues des plus insensibles.
«Parties Fines » (Vadimmusic.com) rassemble 14 titres tirés de films érotiques ou pornographiques des seventies… 14 morceaux de choix qui tombent à point nommé, arrivent au cœur de l’action et accompagnent avec douceur ou précipitation, des ébats… jusqu’aux émois ! Et surprise : contre toute attente, on retrouve des compositeurs comme Patrick Juvet, et même Pierre Bachelet dans ces « histoires d’O » version sonores !
Et pour rester dans l’insouciance des « Parties Fines », j’entraîne Monsieur Clouseau rue du Faubourg Saint-Honoré, dans l’univers equestre de Hermès… Non pas pour changer ma monture car, pour rien au monde, je n’échangerai mon fidèle destrier métallique contre le moindre pur sang !
Non, Erwin Wurm s’est glissé dans la boutique de luxe pour y mettre un boxon… contrôlé ! Plein d’humour et d’ironie, l’Autrichien est connu pour ses « One minute Sculpture », des performances dans lesquelles un homme devient une minute durant un objet… voire un homme-objet ! Il prend une pose, fait un geste décalé et nous envoie direct chez Beckett attendre calmement Godot pendant une minute!
Et là, à défaut d’utiliser de véritables personnages, il a photographié des hommes dans des postures étranges, inspirées de ces « sculptures » limitées dans le temps ! Du coup, des hommes très chics habillés dans des vêtements d’une marque dont j’ai du mal à me souvenir le nom sont en décalage avec leur contexte… un homme droit comme un I debout sur son cheval ou bien des mannequins carrés sur lesquels les vêtements semblent avoir été greffés…
Est-ce qu’il est l’heure des hallus? Y avait-il quelque chose qui donne des visions dans le verre que je viens de boire ?
Et vendredi aussi, j’ai failli être à Marseille… mais comme j’étais à Paris, plutôt que de me baigner dans le son de Marsatac, je me suis plongée dans la « carte blanche » de Jeremy Deller au Palais de Tokyo. Un artiste Britannique qui, comme tout British, adore travailler avec la pop culture. Jeremy Deller s’inspire des tribus sonores et de tous les folkores… A ses yeux, les kermesses les plus folles, les courses à l’échalotte et autres concours de grimaces sont de bons outils pour décrypter la société. Il y a quelques années, il a d’ailleurs réussi à faire jouer de l’Acid Brass à une fanfare… Du coup, le Palais de Tokyo a l’air d’un coup envahi par des cohortes d’artistes du dimanche. Tous les exclus du musée ne semblent pas s’être donnés rendez-vous là… mais presque ! On n’a pas le droit au mec qui monte des Tour Eiffel en allumettes mais à une collection de culottes de luttes brodées, et autres casques de moto, tatouages, mugs, farces et atrappes… etc. En fait, il s’agit du « Folk Archive » : tout ce qui fait l’essence de la culture britannique est réuni depuis une dizaine d’années.
Quant à l’histoire de la musique électro, on la visite l’esprit à l’est, en terre soviétique… avec le theremin, mon instrument de musique préféré, en guise de point de repère ! Inventé en 1919 par le russe Lev Sergeïevitch Termen dit Léon Theremin, le thérémin est l’instrument à vent par excellence ! Magique, il permet de faire de la musique en se contentant de brasser de l’air. On caresse de la paume des mains des territoires invisibles, on fait onduler des sons comme on enroulerait des mèches de cheveux autour de ses doigts, on fait vibrer d’une simple phalange des paysages sonores transparents… bref, le theremin permet de produire de la musique en toute sensualité mais sans contact physique, en jouant simplement avec des champs magnétiques!
Et l’œuvre marquante de l’expo, c’est une photo d’Adrian Street ! Who’s it ? Un catcheur qui a inspiré ni plus ni moins que le personnage de Ziggy Stardust de Bowie dés 73.
Il s’autoproclame lui-même « Queen Bitch of Pro Wrestling » (Reine des Garces du Catch Pro) ! C’est un molosse Gallois tout en muscles qui se joue des contadictions et catche habillé comme une drag queen, aussi fragile et efféminé que glam. « Queer » avant l’heure donc !
Maquillage outrancier, longue chevelure blonde, bouche pulpeuse, éventail en plumes et déshabillé de satin… il est prêt pour le combat et n’hésite pas à poser en tenue de gala, à la mine, auprès de son père, mineur en tenue de suie… L’esprit britannique et l’essence de la révolution sont là, dans cette image, dans cette étrange friction entre deux générations.
Quant aux photos d’Eddy Mitchell, la vidéo de Sylvie Vartan faisant ses premiers pas dans le yéyé, Dutronc, Annie Cordy, les Chaussettes Noires, Sheila et Ringo, Polnareff… et même les Stones ou les Who… toutes ces images en noir et blanc sont là pour raconter l’histoire du Golf Drouot ! 1962-1981 : Vie et mort d’un club voué à la musique.
Pour l’heure, en 2008, on grignotte un morceau au Palais, et avec Matthieu Laurette, on jette un œil au Baron qui sent l’ennui arty pour ce soir, avant de se rendre chez Régine : le club de Madame vient de réouvrir et c’est Lionel et André qui gèrent l’ambiance avec toute la bande du Paris Paris… pour un premier soir, on trouve ça encore froid !
Mais le rebirth ne va pas tarder à prendre, on en est certains ! D’ailleurs, Madame passe… toujours aussi fringante que dans les seventies, elle semble ne pas avoir pris une ride. Ça ne peut pas être que l’éclairage et les épisodes de « Nip/tuck ». Quelle âge a-t-elle donc? Ça laisse songeur. On fait partie d’une époque où plus personne ne s’accorde le droit de vieillir. On sait que Madonna est immortelle… et qu’elle donnera des cheveux blancs à Lourdes!
Bon allez, 3h du mat, je cours prendre ma dose de Ginseng rouge 5 ans d’âge… ça m’évitera de me faire un sang d’encre à l’âge de la retraite !
Anaïd Demir
mercredi 29 juillet 2009
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