Jeudi 02 octobre 2008
OK, c’est la fashion week, et à défaut de pouvoir débourser 300 euros pour une paire de bottes soldées chez Chloé … mes pas se perdent dans le Jardin des Tuileries.
Là, à la recherche d’un mystérieux « Espace Ephèmère », je croise une autre créature des sous-bois légèrement égarée dans ce jardin parisien, en quête elle aussi du défilé Lacroix, comme moi. Une brunette qui répond au nom de Daphné.
Contrainte de fashionista : ne pas avoir peur du gravier des jardins quand, perchée sur ses délicates shoes aux talons vernis, on accélère le pas pour ratrapper le temps perdu… 1h de retard ? Parfait, c’est le timing de tous les défilés. A pas de fourmi, on s’approche d’un chapiteau géant tout en discutant de ceci et de cela…. En la croisant, j’ai l’impression d’être en présence d’une amie. Quelque chose de familier se dégage d’elle. Une douceur. Une écoute. Lacroix qui l’habille et Arabian la chausse.
Je suis critique d’art, elle est chanteuse. Je promet de googliser son prénom… et même de « dailymotionner » son répertoire. Tout en chignon, Laëtitia qui fait partie du staff nous accueille avec le port de tête et l’élégance d’une danseuse étoile. On arrive juste à temps pour s’immerger dans l’ambiance Lacroix prêt-à-porter printemps-été 2009. Aussitôt installée dans les gradins, le spectacle commence : on se regarde les uns les autres et on name-droppe. Christine Albanel elle-même ? Sabine Azéma. Julie Delpy. Vraie ou fausse Kelly Osborne. Jean-Michel Othoniel. Agnès Gouvion-Saint-Cyr… etc, etc. Et puis d’autres actrices, d’autres chanteuses dont je ne me rappelle pas le nom.
Mais je me concentre sur le défilé qui commence et je monte mon scénario à partir de ce que je vois. Perruques blondes surdimensionnées, cheveux gaufrés et frange épaisse. Nœuds géants. Colliers en forme de cage thoracique, jupes crayons. Tailles marquées, mousselines légères et fleuries… et même quelques crinolines. Des femmes aux airs de torero. Arlésiennes ? Qui sait. J’imagine la femme d’un matador qui se serait excitée sur les fringues de son homme, un matador un peu volage… ensuite, après avoir taillé dans ses costumes de scène, après les avoir découpées, mis à sa mesure, elle les aurait portées comme des trophées. Et il n’aurait bien entendu rien perdu de leur superbe ! et autour du cou, ces matadors en jupons porteraient des bijoux fabriqués à partir des ossements de leurs victimes !
Quel spectacle au sang chaud. Je m’y attarderai bien… mais la journée n’est pas finie ! la fashion continue sous forme d’art.
Quelques heures plus tard me voilà à l’Espace Vuitton au dernier étage d’un magnifique imeuble avec vue imprenable sur Paris pour l’expo « Métamorphoses » : une sélection d’artistes coréens avec en guise d’ouverture, à l’entrée, une œuvre du Français Nicolas Moulin.
Nous voilà au « Pays du Matin Clair et frais » mais aussi du high tech et de l’art. Entre humour et gravité, entre passé et futur, une dizaine d’artistes recomposent le visage d’un territoire mal connu des Européens. Do Ho Suh présente ses spirales de personnages traversés par la lumière, alors que Ham Jin crée des vies miniatures pleine d’humour et de fantaisie sur des symbôles de guerre. Heryun Kim aborde les questions de frontières entre Nord et Sud avec ses peintures… quant à Huyngkoo Lee, il nous met face à des squelettes qui oscillent entre humain et personnage de BD.
Une expo rafraîchissante que je termine comme il se doit par un sirop de pétale de roses avec paillettes d’or. Rien de plus énergisant avant de me rendre deux rues plus loin, à la Fondation Pierre Bergé pour l’exposition Seidner, un photographe de mode. J’y retrouve la créatrice Karine Arabian, et les deux commissaires d’expo : Gilles Jaroslaw et la gracieuse Violetta Sanchez. Des nus en noir et blanc, sculpturaux dans la pénombre. Théâtralisés par la scéno. Puis de la pénombre à la lumière au néon, on passe à des portraits de people eighties. Et on en croise justement, des peoples d’hier et d’aujourd’hui : Jean-Paul Gaultier, l’ex-mannequin Anouschka, Ines de la Fressange… la plupart des modèles portraiturés sont là. Même Mary-kate Olsen fait une visite en catimini de dernière seconde. Mais la faim nous dévore et un passage au Tokyo Eat, au Palais de Tokyo s’impose. On finit bien sûr tous en face, au Baron… mais même à 01h30, je n’ai jamais vu les lieux aussi vides. D’un coup le Baron me paraît incroyablement grand… et vide vide vide! Que s’est-il passé ? Est-ce qu’il y a eu un test d’amiante qui s’est avéré positif ici ? Ou bien une alerte à la bombe ? Est-ce qu’on a lâché un gaz paralysant dans la ville ou un nouveau produit qui aurait décimé les clubbers du Baron et uniquement les clubbers du Baron ?
Non, c’est la magie de la fashion week me dit-on… il y a 53 fêtes dans le tout Paris et alentours sans parler des 50 ans de Rykiel à Saint-Cloud et Dieu sait quoi encore. Je ne me rappelle plus de rien… sauf qu’à la sortie du Baron à pas d’heure, j’ai erré deux heures dans toutes les rues du quartier, avant de retrouver mon vélo… consciencieusement garé en face du Baron ! Ce sont les effets du jus de pétales de roses avec paillettes d’or ! ce genre de breuvage produit de drôles d’effets sur moi.
Anaïd Demir
mercredi 29 juillet 2009
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