Mercredi 25 février 2009
Ok, j’adore le vélo mais ça manque tout de même de suspensions, de chromes, vibrations… Dès ce matin, j’ai surtout senti la vitesse changer ! Un casque Ruby modèle « Pavillon Grenelle » sur les oreilles, me voilà sur une Honda Hornet 600m3… autant dire un frelon argenté qui crache du feu sur son passage !
Je suis l’heureuse passagère de cet engin piloté par Philippe Tourriol, artiste motorisé!
Et pendant que mes rêves trempent dans l’huile de moteur, mes bottes de bitch-bikeuses se dotent de deux petites ailes, à l’arrière.
On quitte le boulevard Beaumarchais, ses Dainese, Harley et autres boutiques vouées aux saints de la mécanique, pour se retrouver un peu plus loin… rue des Montibœufs, dans le 20è chez Semiose.
Editeur et galeriste, Benoît Porcher présente la « Documentation Céline Duval »… et sous ce nom énigmatique se cache une artiste qui adore fouiner dans les archives photographiques, faire les puces et dénicher des images oubliées sur papier argentique. Elle les réunit ensuite en fonction de leur lien de familiarité.
Ici pour la série qu’elle présente dans la galerie, c’est la mer, les Années 30 et les premiers congés payés qui semblent l’avoir inspirée. En noir et blanc, des jeunes filles font le poirier sur des plages qui rappellent Deauville ou Le Tréport.
Pendant ce temps, Philippe parle des circuits qu’il a dernièrement réalisés et évoque le Casque Ruby qu’il prépare avec Jérôme Coste pour le Parcours Saint-Germain en juin.
Ruby, c’est la Rolls du casque, tout en carbone et en cuir… c’est une œuvre d’art dont l’esthétique ne cède pas à la sécurité. Des lignes, des pois, des damiers… aussi graphiques et colorés qu’esthétiques, chaque casque donne donne la sensation que l’on est libres de foncer, de vivre à 100 à l’heure sans pour autant rouler à tombeau ouvert.
Et après les accélérations, je ralentis le pas à l’heure du dèj en restant au village, au cœur du quartier Saint-Blaise, dans le 20è… je respire la campagne à Paris avant de me rendre 3 stations plus loin à la Galerie Goodman. J’ai lâché mon casque et mon pilote motorisé et je continue à décélérer en douceur.
C’est l’expo perso de Tino Sehgal.. et à peine arrivée dans la galerie, je suis accueillie par 6 individus qui ont l’air d’être sous pneumatique, presque gonflés à l’hélium… c’est quoi ? Un cours de yoga ? Ils se tournent vers moi et me regardent droit dans les yeux. J’ai l’impression d’interrompre quelque chose mais ils continuent à me sourire et à tous clamer d’une même voix : « Welcome to this situation !»
Etonnant ! C’est de l’art vivant d’une grande fraîcheur… Tino Sehgal s’est fait remarquer durant la Biennale de Venise 2005 : il donnait vie au Pavillon Allemand avec une série de personnages au sourire commercial qui accueillaient le public magistralement et nous proposaient d’être contemporains… tout simplement!
Cette fois, dans cette expo qui file la pêche, il est question de bien-être. C’est une sorte de yoga mental. Les gestes lents, 6 personnages parlent de corps et de spacialité et induisent les visiteurs dans leur lente farandole psycho-physique !
Ils parlent de l’expérience de l’ethnographe : est-il objectif ou subjectif ? Dénature-t-il les scènes qu’il observe ? On parle de champ sémantique, d’expérience spaciale… je suis captivée quand un « qu’en pensez-vous ?» retentit. Inattendu, il s’adresse à moi. Et il m’extraie de ma position de spectateur enthousiaste mais passif pour me jeter dans l’arène ou du moins me mettre au centre du débat. Ça me paraît presque irréel tellement je m’étais laissée prendre au jeu, j’étais transportée. D’un coup, je suis introduite dans la scène.
L’acteur-philosophe principal me dit qu’il a été intrigué par ma position : celle d’une jeune femme jambes croisées… qui prend tout-à-coup un papier et un stylo pour noter quelques mots. Lesquels ? J’ai envie de les mettre dans la confidence.
Je notais justement mes sensations, mes impressions… cette légèreté et ce ralenti quand on entre dans la pièce. Cette sérénité qui porte vers le discours. L’effet surprise. L’impression d’assister à une chorégraphie mentale.
Ma position ? Je pensais rester en dehors de la scène, loin de moi l’idée d’occuper le centre par exemple. Ils m’y invitent évidemment… quand soudain, un son de harpe fige pour quelques secondes toute la scène… c’est mon téléphone… désolée, je dois sortir… mais le charme est-il réellement rompu ?
Au contraire.
mercredi 29 juillet 2009
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