Lundi 18 février 2008
Une interview à faire vitesse grand V et à rendre illico pour Photo : me voilà dès le p’tit dèj dans l’appart’ Parisien de Stéphane Sednaoui. Photographe dans la mode et la publicité, portraitiste, photoreporter, réalisateur des clips pour Björk, Kylie Minogue, NTM, Tricky ou Mirwais… il n’est pas du genre à tenir en place. Installé à New York et momentanément à Paris, ce véritable touche-à-tout du monde de l’image a vécu le grand amour avec Laetitia Casta. Et en marge de la mode, de la pub et du reste… voilà qu’il expose un travail plus artistique à la Galerie 208 à Paris. Il présente des photographies qui semblent tremper dans une douleur amniotique. Et un film aquatique mis en musique par Mirwais… Pour ces œuvres qu’il a choisi de présenter pour la première fois, il a puisé dans ses émotions, ses douleurs et ses pulsions.
Je m’attends à un speedé, mais ce trentenaire aux cheveux d’argent et aux airs extra-terrestres est au contraire d’un calme olympien. Zen, sain, serein… c’est ce qu’il dégage.
Et pendant que l’interview se met en place et se poursuit avec fluidité sur une grande table peuplée d’écrans d’ordinateurs et entourée de dessins d’enfant… à côté, une petite déesse de 7 ans au regard bleu et aux traits fins nommée Sahteen regarde sagement un DVD dans sa chambre. Et elle ne trahit rien de ses origines, c’est bien la petite fille du photographe et de l’ex-mannequin Laëtitia Casta. Son portrait miniature. C’en est frappant !
Aussitôt cette parenthèse de calme avec cette interview terminée, je file m’enfermer sur la planète Software pour la retranscrire d’urgence tout ce qui vient de se dire en huis clos. Mes mains courent le clavier. Bouclage oblige !
18h30, je suis à Radio Nova pour ma chronique radio… et cette fois, je compte bien parler d’une expo qui n’est pas terminée depuis 2 jours comme la dernière fois. Est-ce que je rêve où Jean Rouzaud essaie de me doubler ? On passe tous les deux à l’antenne à 19h ? Vraiment ? Blague ou pas, ça ne me dérange pas. Je suis prête à tenter l’expérience. Un duel en direct ou bien une messe pour le temps présent pleine d’harmonie. D’autant que sa chronique parallèle à la mienne portera sur Alain Robbe-Grillet qui vient de trépasser dans la nuit-même. Il s’agit de lui rendre un bel hommage, je ne sais pas si je serai à la hauteur mais je peux me débrouiller… mais bon, c’est une blague !
Alors j’avale un bonbon au goût d’illusion sans même en proposer alentour… et je me concentre sur cet objet que j’adore qui amplifie ma voix et la fait voler en mille éclats à travers les ondes : le micro !
19h30, je me suis déjà envolée pour d’autres aventures, j’ai RDV Rue Bleue, à la Maison de la Culture Arménienne, avec Varouj qui veut me présenter des amateurs d’art éclairés…
A peine le temps de leur parler et d’avaler une pita que je suis déjà en train de convenir d’un nouveau RDV à deux pas de là, au MK2 Quai de Seine avec mon cousin Greg qui a travaillé sur le film et m’invite à une pré-première.
Quel film ? Mystère. C’est le dernier Assayas. Le nom : j’ai pas même le temps de le noter… Un quart d’heure plus tard, légèrement en retard, je retrouve mon cousin et on descend salle 2. On est les derniers, et en plus je suis directement épinglée par l’un des maîtres des lieux…
Derrière la porte que je viens de tirer avec conviction, je trouve Nathanaël Karmitz. Je me suis retrouvée nez à nez avec Nathanaël, on a loupé le générique, la salle est pleine… Plus une place ! Alors, autant y aller encore plus fort et descendre tout en bas, passer devant tout le monde dans la pénombre.
Passer devant Assayas lui-même, et aussi Elisabeth Quint, et Elli Medeiros toute en nattes et en lunettes… puis devant les acteurs du film, tous les acteurs du film, et devant tous les producteurs, les techniciens, les régisseurs, les électriciens… et surtout passer devant l’écran pour se camper finalement dedans, DANS l’écran… enfin, au premier rang ! La cape qu’ils voient passer devant l’écran n’est pas celle de Zorro ou du Comte Dracula… n’est pas les ailes d’un oiseau de nuit… n’est pas l’envol d’un chauve-souris… mais bien ma cape à moi.
Première séquence du film : une vue de salon, une réunion de famille autour d’une femme agée. Tiens, est-ce bien Alice de Lencquesaing que je vois à l’écran. Mais oui, c’est elle. Je ne savais pas que la fille de Louis-Do avait joué dans le film. Je le cherche Lui et Aurélia des yeux dans la salle. Ils sont sûrement là… mais je culpabilise tellement pour mon retard que l’idée même de me retourner pour regarder les spectateurs me fait peur. Je suis au premier rang, je n’ai pas le droit de me retourner. Je vais avoir le sentiment que tous ces spectateurs au regard avide ont les yeux braqués sur moi. Regarder la salle et les spectateurs qui braquent l’écran, c’est mon sport favori habituellement… Mais là, il me semble que je suis repérée et que tous mes gestes s’impriment dans les mémoires et dans l’atmosphère. Ils impriment une invisible pellicule.
Du coup, je me concentre vraiment et sérieusement sur le film. J’oublie que je ne suis pas seule et j’entre dans le film. Petit à petit, il me semble que ces lieux, le cadre du récit, me sont plus que familiers. Cette verdure… je jurerai que je la connais. Une atmosphère qui ne m’est pas étrangère. Une sérénité très spéciale qui ressemble à celle de la forêt d’où je viens. Est-ce que le film a été tourné dans MA forêt ? Je questionne mon voisin de cousin… dont c’est aussi la forêt.
Ça a été tourné à Valmondois… et je ne l’ai pas entendu dire « Avale mon doigt ! » ! Ça c’est pour les débutants qui débarquent dans le Val d’Oise ! Ouin, Valmondois ! Juste à côté de mon lycée. La ville qui touche mon lycée. A deux pas d’Auvers-sur-Oise. Et chaque matin, à Valmondois, je passais ½ heure à attendre ma correspondance pour L’Isle-Adam ! Et, au milieu de l’après-midi, si on terminait plus tôt, il n’y avait tout simplement pas de train avant 17h pour rentrer chez moi. Et on trouvait ça normal. C’était du temps où le temps, c’était pas de l’argent, c’était pas précieux, c’était pas important. Du temps où on allait s’oublier des journées entières dans des pelouses, près des lacs à fumailler des trucs bizarres.
Bon… je reviens sur le film !
Un contexte familier, des visages que je connais, mon cousin Greg dans la partie régie, des œuvres d’art comme sujet principal d’un film qui parle de mort et d’héritage familial… tout est fait pour que j’aime ce film dont je ne connais même pas le titre!
Une maison de lointaine banlieue pleine de trésors XIXème et début XXè: des Redon, des Corot… mais aussi un mobilier Arts Déco très précieux. Une mamie pleine d’histoires fabuleuses à raconter. Puis 3 enfants, très rapidement orphelins de leur maman qui doivent s’occuper de la succession… qui finissent par mettre en vente cette splendide baraque et tous les trésors qu’elle contient.
Les trésors ne finissent évidemment pas n’importe où… mais à Orsay !
Et à la fin du film, je m’aperçois que je me suis surtout ennuyée.
Du sentimentalisme, des problèmes très bourgeois d’attachement matériel… c’est touchant mais pas bouleversant. J’ai pas le sentiment d’avoir vécu quelque chose à travers ce film. Est-ce un Chabrol auquel il manquerait le piquant, l’intrigue, l’étrange, le crime. Non, c’est un Assayas en pantoufles et en patins… pour ne surtout pas rayer le parquet et le cirer au passage ! ça aurait pu avoir un petit quelque chose à voir avec l’easy-listening : sa version visuelle, verdoyante, forestière… mais non !
C’est ronronnant et sans surprise. Mais où est passé l’auteur d’Irma Vep ? On a perdu sa trace dans la grande encyclopédie du cinéma des années 90 on dirait. Enervant, ce film avait tout pour me plaire et j’ai le sentiment d’avoir été trompée sur la marchandise. Drôle de karma… monsieur Karmitz!
Epuisée par ma journée et pas même requinquée par cette séance ciné… je rentre à la maison ! Je laisse tout ce petit monde à son cocktail de pré-première et je rentre dans mon chez-moi à moi dont les murs ne ressemblent pas aux cimaises d’Orsay… ce serait plutôt une énorme installation Pop post-Warholienne !
Je googlise tout de même sur le chef d’œuvre que je viens de voir… au moins connaître le titre pour ne pas retourner voir ce film par inadvertance : « L’heure d’été ».
Petit passage sur FaceBook : tiens, le « Vagabond Luni-Solaire » est de retour. Mais surtout, grande surprise… n’y tenant plus, et s’est enfin démasqué ! Il était temps ! C’est Yannick mon amour platonique de lycée. C’est avec lui que l’on passait par le cimetère pour aller boire nos cafés amers au « Bon Vivant » ! Il n’habitait pas à Valmondois mais… à Mours ! ça tombe bien, mon ex-amour Platonique du lycée habitait à Mours ! Ça ne s’invente pas !
Anaïd Demir
mercredi 29 juillet 2009
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