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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mercredi 29 juillet 2009

Episode 48

Mardi 17 Mars 2009

Métro Pyramides, avenue de l’Opéra, je viens d’échouer dans le premier café tellement je suis fatiguée. Besoin de vitamine C. Explosée par la soirée d’hier… et la journée aussi d’ailleurs !
Quoique c’est peut-être encore le jet lag ? Bien que j’ai bien l’impression d’être jet laggée de naissance moi ! Le hasard m’a fait naître à Montmorency dans le Val d’Oise mais à tous les coups, j’étais prévue pour New York ou San Francisco ou Los Angeles, Shanghaï, Tokyo, Sydney… tout sauf le fuseau horaire français, bordel !
Bon, quoiqu’il en soit, je m’envoie des comprimés de ginseng, des bouquets de persil, des descentes de lit de spiruline et je me remets au jus de gingembre frais sans tarder ! L’anti-cernes n’y suffit plus ! Pffff ! cette tronche, je n’en peux plus. Je veux retrouver mon teint d’albâtre ! Et pour mes cheveux : du citron pour les faire briller et de la levure de bière sans tarder! Je viens de m’acheter un fer parce que je compte me faire des anglaises… ou bien des crantés Années 20-30 pour aller danser le Fox-trot avec Jules-Emile… ou alors non : des accroche-cœurs Années 10 ! 1910 et 2010, même combat !
Bon, en attendant, ma conscience des jours devient floue floue floue. Je ne suis même pas sûre d’être lundi et vues les températures, on pourrait très bien être un 03 novembre et fêter mon anniversaire ! Pourquoi pas ! de toute façon, je me crois vendredi soir et j’ai du mal à me rappeler mon prénom ! Astrid ? Adélaïde ? Ah ! Non non non, c’est Anaïd Forever !
Je me crois vendredi ou jeudi ou samedi. Normal, je ne respecte pas les jours fériés, je les injurie même involontairement. Constamment. Pourquoi ? parce qu’ils sont là pour être chômés et que je ne les chôme pas justement. Je ne les chôme même jamais, ce sont justement ces jours-là que je travaille… en plus des autres jours, forcément! Et oui, critique d’art, journaliste… tout ce bordel ! des tas de gens rêvent de prendre ma place… alors que les jours fériés me haient !
Bon, et aujourd’hui qui est un jour sans patronyme donc et qu’on appelera « aujourd’hui » pour se simplifier la vie, on a passé la journée à filmer filmer filmer. Tout passer au peigne fin de la caméra. Même le cure-dent tombé de la poche du régisseur a été filmé ! On était au Grand Palais… because Warhol. Because Alain Cueff, le commissaire de l’expo. Because le glam, because la fashion, because le people, because les dollars et Marilyn Monroe, because Nico et puis Mao et surtout le pape du Pop, Warhola Andrew himself.
Et puis because le luxe, sans le calme mais avec la volupté, because la TV et la real TV, l’American Dream, l’Underground et le Velvet Underground, la sous-culture et les charnelles aventures, l’artiste-machine et la Factory, la coke ET le Coke et tout le bordel… bordel !
Alors on a filmé filmé et filmé… jusqu’à plus soif. Si Rockfeller, le Shah d’Iran et Kennedy avaient été de ce monde, ils y seraient passé eux aussi !
Le directeur de la Fondation Warhol à Pittsburgh : filmé ! La très piquante Italienne Daniela Morera ? Enregistrée! Rédac-chef du magazine « Interview », elle nous explique en français et en roulant vertgineusement les R, que si Warhol l’a portraiturée de dos et que ça me rappelle Man Ray, c’est bien parce qu’elle lui a soufflé l’idée. Et que non, Warhol n’était pas un manipulateur… etc, etc.
J’avais l’impression toute la soirée d’être à New York, au Studio 54 en plein cœur des années 80… sauf que j’avais oublié mes épaulettes et mes vestes cintrées pour le look, et mon frisbee et mon Rubik’s Cube pour les nerfs!
Ernesto Esposito ? Producteur portraituré, donc lui aussi, comme les autres : interviewé ! C’est à lui qu’appartiennent je crois les œuvres les plus prestigieuses de Warhol ! Maybe le Marilyn et l’autoportrait de l’artiste évidemment. J’ai un faible pour le portrait d’Elvis x 3 ! J’adore cette impression de mouvement et puis le fait qu’il est en pied. J’ai le sentiment qu’il prend le public à parti… Non, mieux, qu’il me regarde droit dans les yeux ! J’adore aussi le Debbie Harry. Elle devait être dans les parages d’ailleurs pendant cette inauguration ! Non ? Irving Blum a lui aussi répondu à nos questions : c’est lui qui a le premier exposé Warhol en 62, Vincent Frémont… etc, etc, etc.

Warhol Warhol Warhol ! Jusqu’à écœurement.
Les interviews, les peoples, LE people… Avant-hier, c’était la même chose mais à la Maison Rouge avec « Warhol TV » ! je me suis surprise à chanter avec Debbie Harry dans « Fifteen minutes of fame », l’émission que Warhol produisait sur le câble dans les années 80. Des interviews de peoples inconnus par des peoples plus connus et vice versa… je ne sais pas moi, ça peut donner Warhol interviewant Basquiat, ou une séquence avec une jeune femme d’une vingtaine d’années un peu gauche et qui nous parle maladroitement d’elle et de son rapport au charnel… jusqu’à ce que l’on reconnaisse Courtney Love, celle d’avant Hole et d’avant Kurt Cobain ! On peut aussi se vautrer dans les fauteuil design de l’expo pour suivre un épisode de « Love Boat », « La croisière s’ amuse » en français dans le texte… Warhol y joue son propre rôle ! Par contre si le précurseur de la Real TV qu’est Warhol a déjà a déjà mangé un hamburger Quick devant les caméras pour les besoins d’une pub et avec une platitude désarmante, s’il a aussi joué les serveurs dans le clip d’un groupe de rock et s’est mis à parler japonais dans une pub pour TDK… je me demande si le « Pope of Pop »… n’était pas plus mystique qu’on veut nous le faire croire. D’ailleurs dans la dernière salle du Grand palais, je découvre ses séries de Christ, pas loin des chaises électriques et des Vanités qui crânent à fond !
Tout le monde nous rabache sans cesse qu’il n’aimait rien d’autre que l’argent et qu’il ne faisait tout ça que pour l’argent… dans ce cas, je me dis qu’aimer l’argent et être spirituel peut aller de pair. D’ailleurs, c’est le propre des grands gourous, je crois. Warhol aurait pu être dangereux finalement. C’était juste un gourou de l’esthétique. Je m’aperçois que même Ardisson est sous son influence dans ses concepts d’émission. Mais d’ailleurs, est-ce qu’il n’a pas relancé « Interview » ? J’ai un doute, d’un coup ? il avait bien un rapport avec le mag de Warhol ! « Lunettes noires pour Nuits blanches» dans les années 80, c’était un peu son Studio 54 à lui !
Bref… on a donc enchaîné sur le Grand Palais pour le vernissage VIP et au milieu de tous ces portraits plus grands que nature, j’ai vu passer Lagerfeld au bras de Bernadette Chirac… en même temps, je me dis que n’importe qui peut se déguiser en Lagerfeld aujourd’hui ! Même Jacques Chirac ! Qui sait, Jacques a peut-être ses marottes, lui. A moins qu’Elle, Bernadette, n’ait ses exigences, l’ex-Première Dame de France : ce serait de ne jamais sortir son Jacques autrement qu’habillé en Chanel… enfin, en Lagerfeld !
Et pour en revenir aux Premières Dames… Carla devait être là aussi avec son petit mari. J’ai pas fait attention à vrai dire. Mais comme Carla a tendance à se prendre pour Jackie Kennedy, Carla aurait pu aller rivaliser de style et de non-style avec le portrait que warhol a fait de Jackie dans les sixties, ou essayer de se faire photographier juste à côté, que sais-je… quoique ça aurait été plutôt chiant !

Et puis… il y avait les Pinault, les Arnault, les Renault, les Renoux, les Relou, les Dupont et Dupond, les vraies et les fausses têtes couronnées, les vraies prises de tête et les faux-culs, les têtes pensantes et les grandes gueules, les joli-cœurs et les sans-culottes, les aristos du show-biz, les roturiers de la finance, les ceci et les cela… et moi et moi et moi. Je ne me rappelle plus exactement, c’est embrumé. De toute façon, j’étais concentrée sur les interviews mais je crois que tout le monde était là ! Mick Jagger de la même façon que Thierry Lhermitte ! Et si Amanda Lear ne jure que par Dali… pourtant, je jurerai l’avoir croisé elle aussi, ou peut-être était-ce Patrick Juvet.

Enfin, je ne veux pas name-dropper comme ça indéfiniment… mais s’il y a une personne encore à citer absolument, ce serait l’évanescente Kate Moss.
Elle, était là, belle et bien là, belle et re-belle ! Elle avait dû penser que comme c’était une soirée Warhol, il y aurait de la coke et toutes sortes de substances faîtes pour changer de planète et ouvrir les portes de la perception… comme du temps de la Factory et du Studio 54 ! En même temps, c’est surtout une muse et j’ai beaucoup d’affection pour elle. Notre brindille brit’. Un p’tit chat ! Pas une Aryenne, juste une « girl-next-door » un peu mieux que les autres ! beaucoup mieux que les autres mais pas de manière agressive. Elle a un truc à elle. Un truc que personne d’autre n’a. Et du coup, tous les artistes l’ont prise pour modèle… pas seulement les photographes de mode. Jusqu’à Marc Quinn, qui lui, l’a carrément coulée dans l’or pour la mener tout droit au British Museum. Là, cette statue en or massif qui vaut son pesant de dollars était en vitrine au milieu d’œuvres antiques et médiévales… Et le plus étrange, c’est que non seulement elle défiait en grâce et en beauté toutes les icônes et les déesses présentes, mais en plus, il m’a semblé qu’elle en éclipsait purement et simplement certaines.
C’est comme ça ! L’effet Kate Moss ! Il n’y a pas que chez Top Shop qu’elle décape… elle continue au musée !
Que ferait-on de Néfertiti aujourd’hui d’ailleurs ? Est-ce que Warhol lui aurait fait un screen-test? Est-ce qu’elle serait accrochée à l’une des cimaises du Grand Palais today ?
Quant à moi, tous ces portraits au propre comme au figuré, tous ces visages, ceux immortalisés par Warhol et les autres, à un moment donné, je ne pouvais plus les voir en peinture… tout ce que je voulais, c’était aller me coucher ! Dans un White Cube si possible… pour y projeter mes propres rêves !
Et puis, brusquement, je suis en train de me demander : qu’ai-je fait moi déjà de mes « 15 minutes of fame » ? Est-ce que je les ai déjà consumées ? Aucune idée ! D’ailleurs, je ne sais même plus comment je m’appelle, ni même où je vis ! Si ça se trouve, comme il l’a fait avec John Giorno, Warhol m’aurait filmé en train de dormir ! Quoique pour ça, il aurait fallu que je l’introduise dans ma chambre… Aucune chance ! J’aime pas les blonds !

Anaïd Demir

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