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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mercredi 29 juillet 2009

Episode 02

Mardi 15 janvier 2008

11h30. RDV Galerie Lambert avec Loris Gréaud.
J’arrive un peu en avance, j’en profite… juste le temps d’avancer dans la forêt métallique mise en scène par Jonathan Monk dans toute la galerie.
« Apples & pears, and other fruits of forest ». Une atmosphère mystérieuse dans laquelle des milliers d’yeux nous guettent. Un nu x 3 descend un escalier. Ombres cathodiques, fantomatique présence et roues de vélo. Pour un peu, on jurerait y avoire croisé le loup !
Et Monk s’adresse à tout le monde. La lecture de l’œuvre se fait à plusieurs niveaux. On peut en rester à cette odeur de rouille boisée, serpenter entre tous ces vélos accumulés, s’y perdre comme dans un labyrinthe ou bien « honnêtement » y voler un vélo ou deux…
L’œil plus averti peut aussi y retrouver l’univers Duchampien : les roues de vélo en hommage au premier ready-made de Marcel, le tabouret surmonté d’une roue de vélo. Toute une série d’yeux nous surveillent… et renvoient à « L’œil Cacodylate » et à DADA… ou « à dada » justement !
Et le fameux « Nu descendant l’escalier » de Duchamp est réétudié d’après la reprise qu’en a fait Richter.

Et de salle en salle, d’un coup, je me rappelle qu’une expo peut effectivement s’incarner dans un lieu. Là, tout en me baladant entre ces milliers et milliers de vélos accumulés par grappes, comme des buissons ardents dans la galerie, je sais que Jonathan Monk va me laisser une sensation persistante et que ça va m’habiter plusieurs jours, voire des semaines… ou plus encore.
D’ailleurs, j’ai l’impression que ces derniers temps, je n’ai pu rien pratiquer d’autre que du surf visuel… les œuvres marquent peu ma rétine, frappent peu l’esprit. Elles ne sont plus faites pour durer. Elle passent, elles se fânent très vite. Ce sont juste de beaux stickers qui se décollent aussitôt la porte de la galerie passée.

Et en parlant de non-persistance dans les mémoires, ça fait 15 ans que je croise Yvon Lambert sans chercher à marquer sa mémoire… et ça marche ! C’est devenu drôle, je me présente à chaque fois, avec la même fraîcheur, inlassablement. Anaïd Demir. Enchantée. Et j’ai chaque fois la même impression de première fois : c’est l’effet Yvon Lambert.
Il y a même eu la fois où, comme il n’y avait personne d’autre dans la galerie, je lui ai demandé un communiqué de presse. Il m’a regardé de pied en cap… et sa réplique -« C’est pourquoi faire ? »- me surprend encore 2 deux ans plus tard. Elle résonne encore comme une énorme blague !
D’ailleurs, ce dernier me présente à lui en lui rappelant bien qu’on s’est croisé il y a moins d’un mois à Miami pour une interview sur la foire. Adorable et surprenant : il fait carrément mine de se rappeler vaguement et cette fois, il va jusqu’à s’extasier sur mon prénom comme s’il l’entendait pour la première fois! J’m’amuse ! La prochaine fois, je me ferais passer pour Charlotte Gainsbourg ou Keren Ann… on verra si ça l’inspire autant ! Bref, Yvon Lambert, c’est le cinéma permanent!
Ce type est un lunaire ! Normal qu’il ait flashé sur Loris.

Et on se retrouve enfin en huis-clos avec Loris Gréaud, né en 1979 dans la même forêt que moi. Il m’expose en avant-première son vertigineux projet « Cellar Door » pour le Palais de Tokyo. Il a le Palais de Tokyo pour lui tout seul dans moins d’un mois. A moins de 30 ans ! J’en connais qui ont quasi exposé dans les chiottes du Palais de Tokyo et qui se sont quand même pris pour des princes et des princesses ! Alors tout le Palais, j’essaie d’imaginer… Wahoo !
D’ailleurs, « Cellar Door » n’est pas une exposition, c’est un organisme vivant, un univers en soi… un atelier in-process, un opéra in-progress. Ce n’est pas une porte, c’est une rampe de lancement vers le monde des possibles, une fusée qui vous envoie en orbite dans le monde des fantasmes.
Arrrgh ! Loris est très agréablement agaçant, j’ai l’impression qu’il est connecté en permanence sur mon cerveau, qu’il vient sonder le tréfond de mes rêveries la nuit, qu’il lit mes pensées et génère les formes qui vont avec…
Science-fiction et sciences occultes, cosmos et sucreries, biotechnologie et pop corn mystique… tout cela me laisse penser que Loris Gréaud est sûrement un répliquant envoyé sur notre planète sous l’identité d’un artiste pour tester la capacité humaine à imaginer d’autres mondes. En tout cas, ce surdoué prend bientôt possession du Palais de Tokyo en son entier. Au programme : un opéra, des bonbons qui prennent le goût de nos pensées, des failles spacio-temporelles, des « piss flowers » pyromaniaques, du champagne aux bulles noires, une darkside, une forêt, un terrain de paint-ball et des lieux mis en boule…
Je m’attends à une véritable attaque extra-terrestre enrobée d’art… d’autant qu’il est aussi question de poudre à canon dans tout ça!

Chez Frédéric Giroux, l’expo immaculée de Pascal Broccolichi me donne des sortes de vision. Il y a quelque chose d’oppressant dans cette blancheur éclatante, sous les néons, avec ce son et ces vues du désert…
Ce je-ne-sais-quoi va persister toute l’après-midi, même dans les studios de Mc Guff, avec Yoann et Ingrid, alors qu’on visionne tous les films tournés à Miami pendant la foire Art Basel, il y a un mois !
Et là, je retrouve l’interview d’Yvon Lambert avec plaisir… il nous décrit avec passion et sérieux l’une des œuvres du grand Lawrence Weiner sur son stand. Et quand on lui demande ce qu’on peut bien faire d’autre à Miami… à part l’art, ça ne l’empêche pas de nous suggérer des idées avec humour. Bref, 15 ans après, je reste attachée à ce type qui n’a pas la mémoire des visages mais qui a toujours le nez fin et l’œil aiguisé pour repérer les bons artistes!

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