Qui êtes-vous ?

Ma photo
******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mercredi 29 juillet 2009

EPISODE 09

Vendredi 25 janvier 2008

Il se passe des choses de plus en plus étranges en ce moment ! Ce matin, je me réveille avec un badge à l’effigie de Jean-Max Colard dans mon courrier ! Est-ce que JMX a reçu de son côté un badge se payant ma tête ce matin ? Est-ce qu’il le porterait ? Métonnerait qu’il soit au courant ! La photo ressemble à celle qu’il affiche sur son profil FaceBook, la même que sur MySpace. Ça tombe bien, j’ai RDV ce matin-même avec quelqu’un que ça va beaucoup amuser : une intime !
C’est un envoi d’Ultralab qui s’accompagne d’un autre badge sur lequel est inscrit « Ultralab sont des sales cons ». Je suis d’accord ! Sinon, ils m’auraient envoyé un badge de Dave Gahan ou de Neil Hannon ou de Melvil ou de Jarvis Cocker ou de Patrick Mc Goohan. De John Steed ou de Superman. Je ne sais pas moi, un peu d’imagination !

Mais l’enveloppe contient surtout un DVD que j’attends avec impatience : le film qu’Ultralab a réalisé à l’occasion de son exposition perso au Jeu de Paume et dans lequel j’apparais en compagnie de quelques personnes qui, comme moi, ont suivi « L’Affaire des faux cartons ».

Ultralab a fomenté une énorme blague il y a une dizaine d’années. Un canular en forme de geste artistique.

Une série de faux cartons d’invitation pour des expos complètement improbables défilaient dans nos boîtes aux lettres artistiques ! Jeff Koons chez Durand-Dessert. Une opération d’Orlan en direct de la Galerie Art :Concept. Vincent Corpet au Jeu de Paume. Matthieu Laurette chez Colette. … bref, que des délits d’initiés ! J’avais fait un trois pages dans Technikart, à l’époque où je m’occupais de la rubrique art du magazine : 3 pages sur une brise artistique, un grain de sable dans une machinerie. C’était le premier article sur le sujet, suivi longtemps après par Art Press.

Puis, des mois plus tard, ces sympatiques brigands d’Ultralab ont choisi de parler de leurs saines occupations de trublions, et de livrer quelques indices dans les colonnes d’un grand quotidien : ces faussaires très adaptés au monde contemporain ont choisi de s’exprimer dans un journal à grand tirage, et ont ainsi donné une interview à Libération. Mais à visage couvert et sans décliner leur identité… évidemment !

Et quelques 8 années plus tard, ces agitateurs se sont démasqués d’eux-mêmes. Et lorsqu’ils m’ont contacté cet été, j’ai remonté avec eux tout le fil de l’enquête que j’avais établi il y a de cela presque une décennie. J’ai réuni mes pièces à conviction, mes maigres indices, mes coups de fil aux témoins, aux suspects, aux victimes… et les rapports établis, les liens possibles… que de souvenirs mais aucune preuve ! Tout ça pour aboutir à une affaire classée ! Columbo lui-même se serait ramassé sur cette affaire !

Je visionnerai le DVD plus tard.
Pour l’heure, je suis invitée à l’Espace Toyota!
Ça doit être ma semaine gastronomique… j’enchaîne à nouveau sur la cuisine japonaise haute-définition. Cette fois, je suis sur les Champs pour goûter les meilleurs bentos de Paris. Les « Kaiseki bento ». Ces précieuses petites boîtes carrés dans lesquels les Japonais déposent leurs repas depuis des temps illustres. Je retrouve Yan Ceh, Jérôme Sans fraîchement débarqué de New York, et le directeur du centre d’art de Kiev. Mais tout ce petit monde a déjà déjeuné. Alessandra et moi sommes les dernières… et nos assiettes sont si belles que l’on se délecte longuement du regard (Est-ce qu’on ne salive pas, même ? …tant ce plaisir des yeux courtise nos papilles !), pendant que le chef nous raconte par le menu, comment cette œuvre d’art hautement comestible est arrivée jusqu’à nous.
Et quand je dis LE Chef, je veux dire le grand Hisayuki Takeuchi… et il n’a rien d’un simple chef. C’est un metteur-en-scène du goût, un symphoniste des saveurs, un artiste expérimental au service de nos papilles gustatives, un révélateur, un avant-gardiste. Il joue avec les couleurs, les textures, confronte les saveurs, réinvente le miso, le tofu, le maccha, le sucré et le salé, le wasabi et le fleuri. Il rééduque nos palais, aiguise nos sens, nous fait oublier le jap du coin et son sushi-maki-sashimi stéréotypé ! Bon, est-ce que j’en fais trop ? Même pas ! Je suis juste. Et tous ces rituels culinaires vont se jouer en direct des Champs-Elysées, dans l’Espace Toyota re-désigné par Ora-Ïto… Mais malheureusement, je n’y reviendrai sans doute pas. Car ce ne sera ni dans mes moyens, ni dans mon quartier de prédilection. Je ne suis qu’une passeuse. Une goûteuse. Mais quelle veine d’y avoir gôuté ! Ça ne m’empêche pas d’oublier mes madeleines au thé vert offertes par la maison… preuve qu’inconsciemment je n’ai qu’une envie, c’est revenir sur les lieux.

Tout-à-fait réenergisée, très exaltée… je repars sur les chemins torsadés de l’art.

Dans la soirée, deux vernissages m’attendent Rue Charlot.
Incroyable ce quartier ! Au bout de 20 mn, à force de tournoyer et tournoyer encore comme un vautour, je finis par trouver un poteau libre où garer mon vélo !
Et pleine de fougue et d’allant, je me jette sur mon antivol… quand ma clé, au moment de tourner dans la serrure, décide de céder et se casse en deux dans l’antivol !
C’est un signe : il faut rentrer chez soi, rentrer chez soi, rentrer chez soi… sans même passer par la case expositions !
Au revoir Passage de Retz ! Bye bye Chantal Crousel ! Adieu concert. It’s time to call it a day. Abandonner l’idée de se rendre à la fête de Blast, oublier le Social Club, le nouveau lieu où traîner ses oreilles… et tout le reste ! Retour à la case départ et si possible à la case plumard… car je commence à manquer de sommeil à force d’écrire nuit et jour !
Une soirée sans art ne peut pas nuire à ma santé et encore moins à celle de mon entourage ! Quand d’un coup, je réalise que j’ai un U oublié, récalcitrant et tout rouillé coincé sous ma selle depuis deux ans. Je tente ma chance. Je lance les dés. Dans la serrure, je tourne délicatement la clé … sans y croire une seconde. Et là, miracle ! Eureka ! Abracadabra: je tire la chevillette et la serrure… se met à cherrer! Je suis liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiibre d’enchaîner sur ma soirée comme il me plait !

On ne peut pas en dire autant de tout le monde ! Un peu plus loin, face à l’Eglise Arménienne Catho (hé ! oui, ça existe !), un homme ne semble pas partager mon exaltation. A cheval sur son scooter, il reste pensif, légèrement désabusé… Je savais bien que la CIA artistique était à mes trousses. J’en tiens un : un galeriste de la rue ! Frédéric Giroux. Il est en panne et c’est pas un tour de clé dans une serrure rouillé qui va le tirer d’affaire ! Son engin ne démarre pas, il attend je-ne-sais-quoi et je poursuis mon chemin.

Je cours au Passage de Retz où est exposé un photographe Russe : Mark Vinogradov. Sur le thème « Terre et âme », on découvre une Russie nature, hors du bling bling qu’on lui connaît depuis quelques temps, hors des enseignes géantes de grandes marques qui recouvrent des façades d’immeubles entières, hors de sa fashion-folie après des décennies d’uniformes gris… bref hors de tout ce qu’on a l’habitude de voir, on découvre la campagne et les paysages. C’est Olga Sviblova, l’incontournable commissaire d’expo Russe, qui a mis en place l’expo.

Puis après la Russie, on voyage vers le Liban et le monde Arabe en général. Vernissage à la Galerie Crousel. A peine suis-je entrée dans l’expo perso de Mona Hatoum que, devant les organes de verre déposés sur un brancard, j’ai le sentiment que certains galeristes ont le don d’ubiquité. C’est à nouveau Frédéric Giroux, toujours aussi absorbé. Il attend un taxi et j’adore sa salle d’attente !
Et pour en revenir à Mona Hatoum… j’ai le sentiment de rédécouvrir ce travail que Chantal n’a pas exposé depuis longtemps. « 13 ans !» me confie-t-elle.
Pourtant, je pourrais jurer que j’y étais là la dernière fois. C’est une blague ! 13 ans ? Intime, privé et public, féminité et politique se télescopent sur fond d’Orient et de monde Arabe. Madame Hatoum, née à Beyrouth en 52 mais partie s’exprimer ailleurs. En Europe. En transit involontaire. Elle est à Londres, par hasard, quand la guerre se déclenche et l’empêche de renter chez elle : elle y reste. Londres. Paris. Berlin. Elle avait une telle avance sur son temps il y a déjà de cela 13 ans, peut-être même 20 ans, quand elle mettait en scène, avec des bouts de cheveux et du grillage, les femmes à qui l’on ne laisse pas la parole. Les femmes muselées d’Orient. Les « ni putes ni soumises » de toujours. Un tapis persan, un keffieh… sont, entre autres éléments symboliques, sérieusement détournés. Et ce qu’à l’entrée je prenais pour des organes de verre sur une table d’opération ne sont ni plus ni moins que des grenades de cristal. Pas le fruit, non, l’explosif ! Et dans des papiers de soie fragile, des scènes de guerre et des soldats sont découpés. Des murs de sac germés… tout nous ramène à l’instable, à la guerre.

Et à la sortie, Frédéric Giroux, encore lui, piétine Rue Charlot, il tourne en rond comme une abeille… et prétend tou-jours attendre un taxi ! Il soutient encore cette thèse alors que le temps s’écoule. Je n’y crois plus une seconde ! On ne peut pas attendre un taxi pendant deux heures ! Même à Paris.
D’évidence, il fait une enquête sur moi, il me suit !!! C’est une technique de passer devant les personnes que l’on prend en filature ! C’est plus discret ! De toute façon, aucune chance pour qu’il me ratrappe sur mon vélo hollandais fendant l’air ! Je le mets au défi !

L’air de rien, je prend mon temps et je relis le texto de MaNo:
« je vais voir Joseph Léon ainsi qu’une certaine Lippie, au Café de Paris à 20h30 vendredi 25/01. 158 rue Oberkampf. Please join me. » 24/01/08. 22 :22 :15

Avec plaisir ! J’enfourche mon vélo direction la Rue Oberkampf pour ce concert-équation à deux inconnus dans l’arrière-salle d’un café, dans un quartier où je ne fous plus les pieds depuis que GlassBox ne présente plus d’expos, au 113, juste au-dessous de la Poste… c'est-à-dire depuis au moins un siècle ou deux.
On est une bande de cinq filles au rire facile et au sens critique TRÈS développé. On a très faim et on est face à un anti-héros, assis sur un tabouret trop haut, au milieu d’une scène trop éclairée. Et pendant qu’il chante du bout de la langue des chansons tristes, caché derrière ses Ray Ban noires trop grandes, je me commande illico un steak tartare pour que l’hémoglobine m’empêche de sombrer dans le spleen. Car le blues de Jo est touchant mais ultra bluesant… et ça pourrait devenir contagieux si je n’avais pas un peu d’humour et du sang qui pulse à 200 dans mes veines. Et un grand pouvoir d’abstraction.

Entracte. Lippie entre en scène et une telle présence nous a déjà fait oublier la première partie du concert. Aussi charmante que ronchon, elle n’arrête pas de bouger, de recommencer. Comme si le micro n’était pas à la bonne température. Reprendre. Changer de place. Injurier poliment l’éclairage. Ça dure et ça dure encore. Dans la salle, beaucoup l’encouragent alors qu’elle est sans cesse au bord de l’abandon. On a l’impression d’avoir appuyé sur « pause » puis « fast rewind »… retour en arrière puis onward again. Mais Lippie n’a toujours pas trouvé la bonne position. Parce que ce n’est pas une scène qui lui correspond et apparemment, elle n’est pas tout-terrain tous les jours. On pourrait la trouver insupportable, l’imaginer capricieuse mais on la devine juste exigeante. Parce que les trois extraits qu’elle fredonne ou chante entre deux bougonnades, ça reste du haut-niveau. C’est entrelardé de « on s’fait chier… moi j’me fais chier, y a des fils partout… ». Elle nous saôule mais curieusement ça passe. Un vrai numéro. Elle chante 3 secondes, puis s’arrête… et insère un « Mais vous êtes qui d’abord ? qu’est-ce que je peux vous donner… j’sais pas… qu’est-ce que vous me donnez, vous ? ». Y a tout ça mais Lippie la chipie n’arrive pas à se faire détester. Elle fait passer tellement de trucs dans sa voix post-industrielle, post-informatique… et c’est vrai que la lumière gène et que cette scène est mal fouttu. Raison de plus pour faire rimer « wall street » avec « bull shit ». Toutes les 10 minutes, on sent qu’elle va tout arrêter, laisser tomber. Elle nous tient en haleine et nous agace joliement. Exprès. Un peu punkette un peu hip hop un peu Camille un peu Björk… en fait non, rien de tout ça ! Elle est elle-même. Une sale gamine râleuse de 25 ans… à tout casser. Belle et rebelle. Très garçon manqué. Complètement décomplexée. Brillante et fluide. Une vraie voix. Chaude et chaleureuse. Des échos. Des boucles. Des soupirs qui en disent long, et un caractère bien trempé ! Une enfant gâtée car trop de talent ? Elle réinvente le jazz en version punk-hip-hop. Et voilà qu’elle appelle un pote sur sa scène trop éclairée… L’ami Pascal improvise un truc chanmé. Puis un autre vient l’escorter : Marcus, encore mieux. Un autre style. Puis un autre… ça devient un bœuf. Une impro totale. A moins que ce ne soit un show ? Et quand elle finit par s’arrêter, on n’y croit toujours pas ! On est persuadés qu’elle va revenir dans 10 minutes… après sa pause… nous agacer encore un peu avec sa voix hallucinante et son tempérament de chieuse… et pourtant… elle est partie !
Et nous, on est là, face à la scène, toujours scotchés ! Comme des cons ! Exaltès !

Une autre soirée après ça ? Difficile !
Blast ? Pas Blast ? Allez, c’est un pari avec moi-même : j’y vais quand même. Retrouver ma tribu initiale au Social Club! Soutenir les mag dans lesquels j’écris de temps en temps. Il le faut. J’y vais. Même longtemps après leur Happy Hour de crevards. Et même si j’ai la flemme, je fais un aller-retour quand même. Une entrée-sortie. 5 minutes top chrono. J’ai même pas eu le temps de voir Dahan, Combres, Sylvain et toute la clique. Même pas Micky Green, ni Philippe Katerine. Non ! car je suis tombée sur Thomas Lélu et là, j’ai dû confondre… parce qu’au lieu de revoir Manu Barron, tout nouveau programmateur de l’ex-Triptyque devenu l’actuel Social Club… Manu Barron donc, avec qui j’ai entre autres partagé l’enfer de la Villette en 2000 pour Global Tekno… au lieu de pavoiser avec Manu Barron je me laisse entraîner au « Baron »… sans réelle raison ! Une erreur de Bar(r)onnade ! Sûrement juste parce que je suis de l’éther! Et chaque fois que j’essaie de me détourner de ce lieu, quelque chose ou quelqu’un m’y ramène inlassablement. Back to the beginning. Comme dans une mauvaise partie d’échecs. Et c’est encore les mêmes que je retrouve à chaque fois… Benjamin, Sam, Greg, Lio évidemment… et aussi Sinclair, Gad, machin, Truc, Childéric M.… tous sauf XXXX et YYY et ZZZ surtout !
Et 20 minutes plus tard, je suis déjà sur mon vélo, direction maison. Traverser Paris dans l’autre sens et dormir. Dormir. Dormir. Mais qui a trafiqué mes vitesses ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire