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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mercredi 29 juillet 2009

Episode 10

Samedi 26 janvier 2008

C’est l’inlassable spirale des vernissages. Tout le monde vernit tout le temps et surtout le samedi.
Vernissages dans le 13è… je me rends dans le Marais!
Parce que c’est comme ça, je suis à contre-courant. J’essaie de garder un max de bonnes énergies… et trop de vernissages nuisent à la santé mentale ! Ça finit par rendre schyzo et j’en ai vu quelques-uns comme ça, sombrer dans la névrose !
Karine m’accompagne chez Perrotin : Elmgreen et Dragset enfin ! J’ouvre les yeux… Déception ! Est-ce à force d’en avoir trop rêvé ?
Les collaborations arrangent tout le monde, surtout avec la tribu de la mode… Du coup, on peut name-dropper : Sonia Rykiel, Gaspard Yurkievich, Vanessa Bruno, Alberta Ferretti et Henrik Vibskov. Que des gens qu’on adore mais je ne me collerai pas spécialement au premier rang de ce défilé dont le vernissage a eu lieu en pleine fashion week… la semaine dernière !
En fait visuellement, qu’est-ce que ça donne ? Au Pire, des Botero Minimalistes. Au mieux, des sculptures néo-Brancusistes qui réinventent la difformité physique et punissent quelques stylistes censés les habiller le moins gravement possible. Même Walt Disney rejetterait ces choses s’il y avait un casting !
L’expo va-t-elle repousser les frontières entre l’art et la mode ? Je ne suis pas sûre ! Mais les photos de l’expo sont censées paraître dans différents magazine de mode. C’est bien joué de ce côté-là.
Plus romantique et romanesque, Klara Kristalova nous conte en 3D ses « Short stories » dans le second espace de la galerie : de la céramique, du noir et blanc. La trace des doigts pour le côté fragile et délicat. Un papillon s’envole sur le lac de nos pensées endormies. On est en plein conte de fées, on dérive légèrement sur la Dark Side. L’onirique. Le songe. La psychanalyse. J’adorais ça il y quelques années. Tout ce qui me semblait issu d’un roman d’Edgar Allan Poe, de Lovecraft et tout cette litterature que j’adore m’attirait. Mais là, je préfère y regarder à deux fois. Depuis le succès de Halloween en Europe, depuis le Gothique de supermarché et les rituels à la Buffy-couche-avec-un-vampire… j’ai raccourci ma cape, j’écoute Cure en sourdine, je mange mes citrouilles en cachette et je planque mon crucifix !
Vade Retro Market-Ass !
Et dans ce registre goth, rien ne vaut un bon Dame Darcy ou bien Jean-Luc Verna… et quelques autres.

Bon, allez… who’s next ?
Juste en face, Eva Hober justement est très férue de blanc et de noir. Elle présente un de ses favoris : Jérôme Zonder… et là, étrangement, on est en suspension dans la Dark Side, mais on entre dans le récit, on flotte dans l’organique, on broie le noir et on remâche le blanc, on sent que ces circonvolutions graphiques ont quelque chose de psychotique, et on suit les bulles de cette drôle de BD.

BD encore chez Anne Barrault avec une pointure du genre : David B qui fait partie des fondateurs des Editions « L’Association », ceux-là même qui ont édité Marjane Satrapi… ce qui n’est pas rien ! Là aussi psychologie et graphisme se mèlent avec talent. Il y est question d’épilepsie et de souffrance sublimée.
Passage chez Baumet-Sultana… même si les questions de custom et de tuning m’intéressent, je ne suis pas emballée par Gavin Perry. Mais derrière, dans les coulisses, dans les bureaux : je redécouvre Vincent Leroy, qui fait de l’Op’Art des années 000 avec presque rien et fait vibrer ma rétine avec un lyrisme fluo.

Et le samedi, dans le Marais, on a du mal à sortir de la Rue Saint-Claude… à peine l’ai-je quitté que j’y retourne : j’ai croisé Antoinette Ohannessian, une artiste de la Galerie Alain Gutharc, prof depuis peu aux Beaux-Arts de Grenoble. On prend donc un café au coin de la rue. Pleine de projets, Antoinette aime bien prendre son temps mais j’espère que ces haïkus visuels et autres œuvres délicates et pleine de sens seront enfin exposées avant fin 2008.
Elle part rejoindre son galeriste, et moi, j’arrive enfin à quitter Saint-Claude pour me jeter dans les bras de Saint-Gilles, un peu plus loin, Chez Valentin. Une expo de groupe. J’aime bien le travail présenté par Sophie Dubosc, je ne sais pas exactement pourquoi. Son rapport à l’humain, au corps, à la féminité, aux canons de la beauté ? Tout ça j’ai l’impression. Elle se détache de l’expo, aussitôt suivi par Gitte Schäfer qui donne plutôt dans l’Abstraction Géométrique. Les deux s’accordent… et dans la réserve de la galerie, j’ai une pensée spéciale pour une œuvre de David Renggli que j’ai déjà vu il y a un mois à la foire de Miami : un cygne tout mazouté, histoire de nous rappeler dans quel monde on vit !

Je me demande toujours à quel point nos noms respectifs jouent sur notre comportement : chez Martine Aboucaya, Julien Discrit joue sur la rêverie, le songe, le visible et l’invisible, la transparence, le fantomatique et l’éthéré… une forme de « Discrition » peut-être ? Au mur, un texte ne révèle son jus que si on l’approche : « What is not visible is not invisible » nous donne justement le ton !
C’est là que je retrouve l’artiste la plus rêveuse et éthérée que je connaisse : Martine Aballéa. Alors qu’on était peut-être censées s’appeler pour peut-être se voir dans le 13è pour les vernissages, voilà qu’on se retrouve à la même seconde dans la même galerie du Marais. Pas de hasard, on n’a pas besoin de rendez-vous, elle et moi, on est apparemment connectées.

Je l’entraîne chez Dominique Fiat pour une expo de groupe, « Œuvres en papier » à laquelle participe Gilles Balmet… justement un de ses anciens élèves, du temps où elle enseignait aux Beaux-Arts de Grenoble. L’ancien prof peut juger sur pièce de l’évolution de son élève : il présente des œuvres en carton blanc aux allures organico-végétales, et elle est plutôt emballée. Tania Mouraud y présente des dessins inédits datant des années 70 : les plans de chambres de méditation jamais réalisées.
Et je voudrais ne pas parler de Thomas Lélu aujourd’hui, mais je n’y peux rien, ce garçon brillant et hyperactif, est encore sur mon chemin… quand ce n’est pas physiquement, c’est autrement ! Il ne doit pas y avoir de hasard. Et d’ailleurs, je suis « par hasard » dans la galerie qui le représente, dans une expo de groupe à laquelle il participe! Que faire ? Juste évoquer qu’il ne s’est pas foulé, comme d’habitude, pour nous pondre une œuvre qui fontionne parfaitement ! Et puisqu’à part artiste et écrivain et metteur en scène et cascadeur, il est aussi le DA de PlayBoy : il a donc chopé de vieilles photos des années 70 dans les archives du magazine et pudibond qu’il est, il a rhabillé toutes ces dames à sa manière ! Bref un effeuillage qui tourne court ou plutôt un bel hommage aux courbes fémines !
Et en parlant de féminité, un collage de Carolyn Castano nous inspire. Dominique, Martine et moi. Toutes les 3. Carolyn ouvre le débat d’un simple dessin à paillettes, strass, volutes, plumes et miroir aux alouettes… une femme condamnée à consommer pour exister, et qui semble dériver sur quelque chose qui se rapproche beaucoup plus de la poule de luxe que de la femme dans son essence. Que devient la féminité dans un monde qui régresse dans ces rapports homme-femme et nous laisse croire que l’on est une femme seulement si on a des allures de drag-queen. C'est-à-dire si l’on croit que la féminité est dans les accessoires dits féminins et pas ailleurs… et puis certains, même aujourd’hui, se plaisent même à nous faire croire que les féministes ne sont que d’insupportables grues, alors que beaucoup de grues déguisées en femmes courent les rues ces derniers temps, sans même se demander à quoi leur sert le droit de vote puisqu’elles n’ont pas grand chose à exprimer. Normal, elles apprennent les noms des marques de l’industrie du luxe avant même de savoir marcher. Elles ont encore la Pampers pleine qu’elles réclament une guêpière Gucci. Bon, je m’énerve… mais mettons que toute la population n’est heureusement pas touchée par le phénomène. Je ne suis pas féministe, juste féminine. Quant à la jeune Carolyn Castano, je la recommande. Elle délie les langues, ouvre le débat de la féminité des années 2000 et force le respect.

Et d’ailleurs, l’expression féminine est un thème qui travaille les consciences artistiques en ce moment : chez Martine et Thibaut de La Châtre, alors que la nuit tombe sur le Marais, on est accueilli par le bleu éclatant des faïences mauresques. Mais en version paillettes ! Tout ce qui brille n’est pas or… mais bon, les paillettes sont d’actualité au pays des alouettes ! En tout cas, dans cette galerie transformée en patio, c’est le bleu des moucharabieh qui inonde les lieux de sa scintillante lumière. Des motifs à la fois abstraits et lourds de sens peints par Samta Benyahia, artiste et femme, née en Algérie. Qu’est-ce que le moucharabieh sinon cette paroi joliement dentellée derrrière lesquelles les femmes de la maison devaient se cacher dans la tradition Arabe. C’est curieux de se retrouver là, toujours « par hasard », après la discussion qu’on a eu avec Dominique Fiat un quart d’heure plus tôt !

Dois-je annoncer le dress-code de ma soirée ? Noir ? Doré ? Pailleté ? Etoilé ? Tout ce qui brille n’est pas forcément aussi bling bling qu’inutile. Et ce qui pétille peut verser dans le subtil. Pour leur anniversaire, Florence Derieux et Philippe Terrier-Hermann avaient réclamé en chœur du noir. Et quand une commissaire d’expo et un artiste exigent une couleur… Du black-tie, de la nuit d’encre, de la nuit noire, à la limite une nuit étoilée et méditerranéenne. Les ténèbres, quelque chose d’aussi noir que la robe qu’une veuve corsico-sicilienne aurait dérobé à une veuve gréco-arménienne. Du noir pour enterrer leurs plus jeunes années et passer à la trentaine. Cachemire, satin, soie, velours, cuir… tout ce qu’on veut mais noir, noir, noir.
Sauf que je ne parle plus le corbeau depuis quelques temps. En plus, à cause d’un rdv secret entre 7 et 9, je n’ai pas eu le temps de passer chez Morticia Addam’s me changer.
Du coup, j’étais dans mon dress code perso : robe gris perle très perlée, et Repetto taillées dans un cuir velouté discrètement mordoré. Le tout servi sur un bleu gonflé de cyanure et de TNT. Celui de mes collants turquoise. D’un bleu qui n’en pouvait plus de revendiquer sa non-filiation au bleu du ciel et au bleu de la nuit. Bref, un bleu libre et indépendant, très punk sur les bords !
Et dans l’appart de Miss Marion où l’anniversaire de Philippe et Flo se déroulait, un autre code couleur s’était dressé. Un groupuscule au dress code dissident s’était formé dans l’ombre : il détournait les invités du code couleur initial et infiltrait peu à peu de l’or et de l’argent parmi tous ces obscurs vêtements. Et le glam renaissait de ses cendres.
En tête du groupe dissident, la fabuleuse Marion au regard plumetis, que je découvre : artiste, performeuse, pin-up et muse, elle ravive le pep’s des années 50 et joue avec la nudité sans tomber dans le vulgaire. Elle brillait plus encore de tous ses feux pour la soirée. Quant à moi, entre black code et paillettes, je n’entrais dans aucune case, comme d’habitude ! Ma robe pouvait à la limite passer pour argent… mais pour le reste, je n’avais plus qu’à gober des coupes de Champagne en espérant en adopter, au bout d’un moment, la pétillante couleur !
Jusqu’à ce que la maîtresse de maison, la très glam Miss Marion, ne me cueille et me convoque dans son dressing pour me relooker, ou plutôt m’étamer, illico. Je craque sur une paire de leggings bronze… et le tour est joué. Je passe soudainement de l’autre côté: je suis toute d’or, d’argent et de bronze vêtue pour cette fête en appartement comme on n’en faisait plus !
Pourquoi ? Parce que les fêtes en appart’ avaient été englouties par les fêtes sponsorisées par les marques d’alcool. Mais depuis les open-bar de rat et les crevards qui s’y accrochent… on n’a plus soif, on préfère les fêtes privées ! Et on est nombreux à défiler dans cette fête d’un genre chaleureux avec possibilité de stagner à la cuisine pour s’entendre parler, ou se déhancher sur le parquet du salon, ou encore piquer un roupillon bien accompagné dans les vestons de la chambre à coucher. Les noms défilent au générique, de plus en plus nombreux. Boris Achour, Andy Gillet, Frédéric Bugada, Sophie Toulouse, Judicaël Lavrador, Marie Bonnet, Juliette, Lorenzo, Jessie, Défonce Blonde, FX, Youri… et aussi des Laurent, des Stéphane, des Philippe, des Claire, des Antoine, Delphine, David, Mathieu, Alexandra, Cyril… et peut-être même tout le calendrier.

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