Samedi 17 octobre 2009
Je me suis trompée de bar… faut croire !
J’étais dans les rues du « Swinging London » des seventies… et d’un coup, je me retrouve coincée dans un bar total look Rockabilly, qui ne donne même pas sur la rue. Tous stores fermés, il ne laisse pas passer un rai de lumière !
A l’américaine, en tout point. Pas ma vibration ! Trop tard pour prendre la sortie. Je suis trop crevée.
En tout cas, je me demande toujours quel genre de pays peut vendre des fringues si bon marché et une nourriture si chère. Idem pour les transports d’ailleurs ! Est-ce qu’ils n’aiment ni manger ni se déplacer ? Est-ce qu’ils font juste pousser des choses dans leur jardin ?
Peut-être que s’habiller est le cadet de leurs soucis. Ou bien le contraire ?
J’en sais rien mais ça ne les a jamais empêché d’avoir du style.
Et c’est comme ça qu’il y a moins d’une heure, j’étais face à un ensemble robe + veste de Louis Féraud : 2 pièces magnifiques ! Fin fifties.
J’ai regardé le prix juste pour me faire mal, et là… j’ai cru m’évanouir. Est-ce qu’il ne manquait pas un zéro ?
Non non non! 38 livres ou plutôt trente-huit livres sterling soit l’équivalent grotesque de soixante euros à peine. So cheap, me dis-je !
C’était pour moi et ça m’allait à ravir. Robe chasuble bicolore rose et bleue… mais loin d’être mièvre ! Une veste parfaitement coupée. Un travail de couture hors-pair. A l’extérieur comme à l’intérieur.
Je suis née dans les tissus, les boutons, les coupons multicolores, les fils et les bobines… on ne me la fait pas et une belle pièce est de plus en plus rare !
C’était fait pour moi sauf que je n’ai pas écouté le message.
C’était pour moi sauf que je me suis ruinée en vestes de l’armée britannique. J’ai déjà craqué sur un million de trucs juste avant et cramé pas mal d’euros! C’est un peu le même effet qu’après avoir respiré trop de parfum, on ne sent plus rien, ou on ne comprend plus rien.
J’ai craqué sur la énième veste militaire de ma collection et de ma vie… à se demander si je ne vais pas finir par mettre une armée sur pied juste pour les voir défiler et me rappeler ce que j’ai dans mes placards.
Est-ce que je m’achète une veste militaire tous les 6 mois ? Armée de l’air, de terre, mer… France, Grande Bretagne, Soviét… j’ai même une veste militaire de l’Armée Azérie… et Dieu sait qu’une Arménienne comme moi aura du mal à la porter ! C’est un Russe qui me l’a vendue… personne n’en serait étonné !! On ne refait pas l’Histoire.
Et voilà la pièce que je cherche depuis un moment : une véritable capeline de marine, une marinière amovible avec velcro à positionner sur sa vareuse selon ses humeurs.
J’ai aussi craqué sur… des lunettes qui font voir la vie en grand et en rose.
Deux pulls seconde peau ultra chauds qui ont des airs de panty.
Et puis une veste de velours rayure tennis. Genre : j’ai rétréci celle de mon boy friend. Ou bien du style: c’est celle de mon boy friend du lycée quand il rêvait de travailler à la City.
Sans parler d’hier où j’ai craqué sur un nouveau sac surmonté d’un Union Jack… à paillettes. C’était celui-là ou celui de TopShop en motif tartan. Qui sait si je ne retournerai pas le chercher avant mon départ ?
Et en ce moment, j’ai un problème : je m’achète un nouveau mini-sac par jour. Sauf que je ne me balade jamais qu’avec d’immenses sacs pouvant contenir mon MacBook, mes cahiers, mes stylos et mes bouquins ! A quand le caddie franchement ?
Quoiqu’il en soit, 2h à Portobello comme aujourd’hui et je me fais 30 looks sans hésiter. Un toutes les deux secondes. Le temps de cligner de l’œil.
Except… le problème de budget. Mais j’ai décidé de ne plus en avoir grand chose à cirer. Du moins pendant 5 jours au cœur de Londres.
Tout-à-l’heure, j’irai chez Harrod’s chercher un Christmas Teddy Bear pour l’offrir à Patricia. Et puis, je ferai tout pour ne pas me laisser piéger par le rayon papeterie.
Loin de la foule de Frieze, loin de l’art contemporain, immergée dans London, je n’ai aucun doute sur mon identité… je suis british. Le nez dans les pickles et les vieilles dentelles, j’ai parfois le melon. J’aime les parcs que l’on traverse en pleine ville avec l’impression d’être en forêt.
Il n’y a que les écureuils pour nous rappeler qu’on est en pleine ville tant ils sont snobs.
Dès ce matin, avec Laurence et son fils Archigan, on est allés de Kensington à Portobello… en passant par Holland Park.
Débat vivant avec les écureuils du quartier. Du live, cette fois.
J’ai chaque fois le sentiment en les voyant qu’ils viennent ponctuer les parcs qu’ils traversent. C’est comme des virgules qui traversent la verdure en ondulant.
J’ai regardé ce matin une de ces virgules droit dans les yeux pour essayer de le réduire à un point. Inutile d’espérer. La créature m’a gentiement défiée d’un regard qui signifiait : « no nuts, no doubt, you suck ! »
Et puisque c’était un fin gourmet, mon écureuil a fait volte-face et s’est cassé, la queue en panache… selon l’expression consacrée !
L’esthétique du rongeur… encore et encore. Ça continue !
On est passées avec Laurence devant d’incroyables résidences au cœur du triangle d’or. Des maisons victoriennes dignes d’un Agatha Christie : l’une d’entre elles avait même déjà accueilli une Miss Marple cinématographique. Quant à la maison voisine, c’était celle du producteur de James Bond.
D’ailleurs comment éviter le people à London… et surtout à Portobello ?
Les boutiques vintage de Portobello en regorgent et sur les talons de Laurence, on rencontre souvent des légendes sans que ça ne fasse la moindre vague.
Alors que l’on faisait une séance d’essayage de lunettes, on rencontre Ana Maria, une amie de Laurence. Et de quoi discutent donc ces deux Londoniennes d’élection ? D’une ancienne amie commune, bien sûr : Annie Lennox pour vous servir. Et la dernière fois que la capiteuse Ana Maria a vu Laurence, c’était pour la photographier, le ventre rond, à Portobello.
Bon, quant à moi, j’ai passé au moins trois quarts d’heure avec John.
Et si j’ai eu beaucoup de mal à quitter, ce n’est pas parce qu’il était le sosie Brit de Pierre Richard ou qu’il avait l’air d’un énième chanteur de rock mais parce qu’il vendait les plus belles vestes militaires de Portobello en french avec l’accent Brit le plus sexy et le plus châtié de tout Portobello.
Vestes à galons, à épaulettes, festons et passementeries… écussons… j’ai tout essayé… puis j’ai opté pour la plus simple, la moins colorée, la plus passe-partout, mais la plus stylée.
Et alors que je ressors avec l’impression de quitter un vrai pote qui m’a fait en plus une pure ristourne… je retrouve Laurence avec un beau gosse trois enseignes plus loin, dans une boutique à l’ancienne et pleine d’incroyables rouleaux de tissu.
Je discute avec lui de la photo qui est au mur et qui représente son clone à l’ouverture de la boutique : c’est tout simplement son père. On est dans l’entreprise familiale. Un splendide vieux beau. Je trouve ce quinqua ultra sympathique et rayonnant mais on n’a pas le temps de taper la converse… on doit y aller.
Et en sortant, Laurence m’apprend que je viens de parler à une légende vivante : j’étais en compagnie d’un des guitaristes de T.Rex !
No comment.
This is Portobello !
Pr contre, il y a toujours un revers à la médaille. Ça me fait toujours mal de me dire que ce quartier où j’ai vécu pendant 15 jours il y au moins 15 ans s’est transformé à ce point, jusqu’à se dénaturer, se caricaturer et se remplir d’un tas de gens qui parcourent les rues sur les traces d’une preuve filmique !
Et surtout, on ne peut plus causer tranquille !
On ne peut même plus insulter tranquillement et gentiement quelqu’un en français… sans que la personne ne se retourne pour vous dire que vous n’êtes pas sympa de la traiter de connasse alors qu’elle marche tranquillement dans le troupeau de français qui se baladent quotidiennement à Portobello ! En français dans le texte !
Bon, ça ne m’est pas arrivé… mais c’était à deux doigts et finalement, c’est arrivé à ma copine !
Et dans la file d’attente de la cash machine, idem : impossible de faire des confidences sur son lover du moment sans que le mec qui se trouve juste devant vous ne vous lance des regards complices… du style : je te comprends, les mecs sont devenus assez insupportables à Paris, c’est pourquoi je me suis exporté.
Portobello est devenu le Montmartre British. On est tout proche de la tarte postale avec les échoppes à souvenirs bidons. Impossible de s’y sentir dépaysé tant la première langue du quartier est celle du touriste Français.
Il ne manquerait plus qu’on y colle une Joconde… où que le Da Vinci Code passe quelque part par là pour que le tableau ne soit aussi complété par une armée de Japonais venus mitrailler la rue de photos ou qu’un car de Pékinois ne débarque démonter la ville pavé par pavé et la remonter en miniature à Pékin.
Quoiqu’en parlant de Joconde… j’ai croisé le regard de Sophie Calle ici-même en début d’après-midi. Etait-ce près des « Couilles du chien », la légendaire boutique de Portobello ou près d’un Salon de thé, aucune idée. Peut-être était-elle sur les traces de Jack l’Eventreur vue le regard enflammé qu’elle m’a lancé. On était si sidérées de se croiser d’un jour sur l’autre qu’on a préféré se défier du regard… alors qu’on s’adore. Enfin, autant que cette femme, artiste pourtant respectée et même vénérée pour son œuvre, puisse aimer une autre femme. Pourquoi jouer les vieilles acariâtres quand on a autant de talent ?
De toute façon, c’était une journée artistiquement off. Je la dois à ma fulgurante Laurence et son adorable Archigan.
Il me faut vite sortir de ce bar aux allures américaines pour vite les rejoindre. Et avant, je dois me rendre à Knightsbridge où m’attendent les chevaliers de Hyde park.
mercredi 28 octobre 2009
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