Vendredi 02 octobre 2009
Est-ce que je garde mes ballerines ? Est-ce que j’opte pour des bottes, une bonne paire de chaussettes et des leggings bien chauds ?
Froid de canard dans Paris.
Je fonce au Marly retrouver Jennifer Flay pour une interview FIAC. On se retrouve souvent dans ces lieux en octobre elle et moi, au moment où les températures baissent. Généralement en matinée, parfois avec Martin et toujours avec mon Ipod et son micro intégré.
La Fiac 2009 ? Elle est évidemment mieux que la 2008… et le pire, c’est que ce n’est pas une blague. Depuis que la pétulante Jennifer y a mis son grain de sel Néo-Zélandais, la Fiac a réussi son internationalisation. Et quand Martin est arrivé, c’est devenu un duo chic et choc, du glam et de l’intelligence à revendre de part et d’autre.
Tendance 2009 : le retour au Minimal répéré sur les deux Fiac précédentes s’accentue. L’anti-bling l’emporte… ouf !
Moins de spectaculaire, plus de sens, moins de gadget et de paillettes. Plus de planches de bois brut posées contre le mur ? Plus de clous qui pointent à même le mur ? Encore plus de dessins et de peinture aussi, c’est sûr.
Mais on utilisera sans doute davantage d’encre de Chine que de jus de caviar !
Heureusement ! C’est agréable de sentir que, malgré tout, la crise efface ou atténue souvent le mauvais goût ! C’est comme un garde-fou.
Mais j’avoue, le focus sur Berlin ne me rassure pas tant que ça.
Sauf que cela annonce aussi la présence d’artistes que j’aime comme Marcel Dzama.
Un certain sens du théâtre, de la théâtralité, un côté années 30 peut-être. Et puis des peaux de bêtes, des animaux empaillés verseront dans le retour à la nature j’imagine.
Pour ce qui est de la nouveauté, on aura surtout une partie « Art Moderne »… et ça, on a beau nous dire que la crise est peut-être déjà résorbée en Europe, je n’y crois qu’à moitié. Les valeurs sûres sortent d’autant plus des placards : les Picasso, les Mondrian et les Brancusi, les Bacon et les Leger vont venir respirer l’air de la FIAC cette année.
Autre visage de la crise : les stands se partagent entre galeries qui ont des artistes communs.
Il reste les performances, pour le côté festif.
Et en premier lieu, le feu d’artifice de Giraud et Siboni qui méritera tous les détours. Ça risque de détonner : on a prévenu les riverains pour qu’ils ne soient pas surpris par l’unique explosion qui viendra déchirer le ciel l’espace d’une seconde et pourrait alors alarmer tout le monde, même les plus lunaires et les moins craintifs.
La tête pleine d’étincelles et les pieds refroidis par les premiers frimas d’automne, je file à pied vers les Chanzel.
Je traverse les Tuileries, je salue d’emblée les Rondinone qu’on a installé autour du bassin.
Je regarde tous ces touristes qui se font photographier aux côtés de ces sortes de patates argentées, rigolotes, grimaçantes, régressives à souhait. Je me demande quel est leur intérêt à eux ? De se dire qu’ils y étaient si jamais un jour Ugo Rondinone atteint une côte voisine de celle de Picasso. C’est quoi pour eux ces œuvres ? Is art an entertainement ? Est-ce que ça n’a pas exactement le même intérêt que de se faire photographier près de la femme à barbe ou de l’homme de l’Atlantide… que sais-je ?
Bon, je cours vers d’autres phénomènes : sur les Champs-Elysées, le street Art gagne ses lettres de noblesse et tient le haut du pavé !!!
Alors que l’habituelle « Nuit Blanche » se prépare, de curieux personnages munis d’une bombe aérosol dessinent des formes sur les emplacements habituellement réservés à la publicité sans que les autorités n’y trouvent à redire.
A côté, une paire de baskets fluo multicolores attend devant un box comme si son propriétaire était entré dans l’affiche pour mieux percer l’esprit enchanteur de l’univers Disney.
Il ne s’agit pas de Mickey, Donald, Dumbo… mais de Régis R et du Collectif 1980, tous invités à une carte blanche orchestrée par Disney sur le thème de Halloween.
Seul mot d’ordre aux artistes, le même que pour Halloween dans le Parc Disney de Marne-la-Vallée: « C’est délicieux d’être méchant ».
Régis R. profite de cette vitrine publicitaire pour remettre en question la société de consommation avec une installation réalisée à travers des rebuts de plastique qu’il a glanés au cours de ces promenades dans la ville. Le street art, ce n’est pas juste laisser sa trace sur un mur… c’est vivre dans la ville, en extérieur, l’adopter, s’y adapter. Y survivre donc.
De l’autre côté, le Collectif 1980 donne « 1980 raisons d’être méchant » sur 3 panneaux publicitaires : ils détournent et diabolisent l’univers Disney.
Derrière tout ça, accompagnant Martina, l’une des fées de la comm Disney, en Monsieur Loyal du Street Art, il y a Emmanuel de Brantes.
Son regard pétille en me rappelant que les Chanzel vivent autant le jour que la nuit et que, par conséquent, les œuvres auront une seconde vie une fois la nuit tombée… sans doute cette seconde vie ne sera pas aussi sage qu’il n’y paraît.
Et en parlant d’être méchants voir féroces, on a tous les crocs, une dévorante faim de loup nous entraîne en bande, dans un de ces restaus qui ne doutent de rien question malbouffe à prix d’or. Tout cela est camouflé sous des grands airs… de quoi attraper le touriste !
On est rejoint là par Tristan Dequatremarre. J’adore son nom. Est-ce son vrai nom ? Un conte à lui tout seul, c’est sûrement pour ça qu’il s’est mis à la musique et a mis de l’énergie pure sur les matins de mon enfance dans les eighties : « Je suis de bonne bonne bonne humeur ce matin, y a des matins comme ça… Paris est plein plein plein plein de parisiens, pas assez de parisiennes et trop de parisiens…»
Des airs qui persistent à travers les années. C’est la magie des tubes.
Et de ce tube, il ne faut surtout pas oublier sa très célèbre supplique :« Je prie à mort le Dieu des fesses… pour qu’il ne me laisse pas sans gonzesse».
La chanson du queutard romantique, du dragueur compulsif, du serial lover ou du simple jouisseur ?
30 ans après, je ne sais pas encore où il en est au niveau des gonzesses mais il a toujours l’air de penser Q : toujours « de bonne bonne bonne humeur » le matin, en cemoment, il se balade avec des badges surmontés de la lettre Q. Des badges à messages cryptés. Des rébus.
Celui-là additionne l’image d’un phoque auquel s’ajoute la lettre Q. quant à celui que je récolte, c’est un visage lui aussi suivi d’un Q: je ne reconnais pas le personnage. On m’apprend que c’est Lech Valesa ! Bah oui, evidemment !
Plus chanteur des 80’s mais artiste, Tristan fait aussi de la peinture. Il me tend un carton d’invite pour son vernissage le samedi 10 octobre Rue de Thorigny… sauf que ce jour-là, je suis à Bordeaux pour Evento ou à Grenoble pour l’expo perso d’Olivier Mosset.
Je repars de là pleine d’énergie… tout ça pour me retrouver chez Ricard pour « L’image cabrée », l’expo de Judic que j’adore… mais on sent l’expo faîte avec très très peu de moyens… comme s’il avait été pris au piège de quelque chose en tant que curator. Mais il y a des artistes qui sortent du lot et qui s’en sortent comme Karina Bisch et son paravent, ou bien Sophie Bueno-Boutellier et ses « tableaux de fils tirés » comme on les appelait dans le passé.
Je suis en train de me demander si je ne suis pas surtout alléchée par des esthétiques années 30-40 en ce moment.
Mais là où je sens davantage la crise, c’est dans l’attitude des gens… la courtoisie, le sens des civilités se perd et dans les quartiers les plus friqués et les plus vulgaires comme le 8e et comme dans une grande partie de la Rue Saint-Honoré, ça se ressent à 2000%.
Chez Ricard, le badaud est toujours un demi-mondain parce qu’il l’a décidé. Il estime que tout lui est dû. Du coup, il prend la liberté de s’immiscer dans une discussion entre une experte en art contemporain en plein exercice de ses fonctions -moi !- et la personne qui est censée s’occuper de la presse et qu’on prend vulgairement pour un guide !
Aïe aïe aïe… et personne ne réagit, à part moi… qui me casse.
Il y a des jours, on n’a pas la force de prendre son bâton de pèlerin.
J’ai sans cesse le sentiment d’être à contre-courant ! Je pars. De toute façon, non, vraiment, je n’ai pas envie de rester. Je ne supporte pas cette nouvelle façon de traiter les gens.
Je ne supporte plus les gens qui se croient tout permis, qui coupent la parole de deux personnes dans une conversation importante pour des conneries.
Je ne supporte pas les incrustes, et encore moins ceux qui leur accorde du pouvoir en ne leur faisant pas même remarquer à quel point ils sont mal élevés.
Aujourd’hui, on vous bouscule pour prendre votre place puis on vous dit pardon pour faire passer la pilule.
Il faudrait que toutes ces pouffes males et femelles arrêtent de sécher leurs cours de maintien chez Nadine de Rothschild pour venir errer dans des expositions auxquels ils ne comprendront jamais rien.
Parce que comprendre l’art, c’est aussi comprendre le monde, une société en marche, avoir du recul… on ne peut pas faire semblant, bordel ! Quoiqu’il y en a quelques-uns qui font encore illusion dans le monde de l’art. Mais combien de temps encore ?
D’ailleurs, ça ne rate pas, les mauvaises vibes m’accompagnent jusqu’à la fin de la Rue Saint-Honoré qui n’en finit pas de puer la bêtise. Arghh… que d’abrutis qui pensent qu’une montre, une bague ou une robe hors-de-prix va les sauver de leur médiocrité. Ça ne fait que les renvoyer à leur vide.
Heureusement, je croise Florence Doléac, quelqu’un de fin, sensible, cultivé. Qui n’a pas besoin d’une grosse bagouze ou des échasses dorées pour se sentir exister. Juste quelqu’un qui invente des formes et des modes de vie qui vont avec pour que le monde vive mieux. Pour simplifier nos rapports aux objets, au mobilier et aux choses qui nous entourent en général.
Une designeuse de talent avec qui je prends un café pendant un quart d’heure. Et toutes les deux, perdues par hasard dans l’une des rues les plus malodorantes de Paris, on n’en revient pas de toute cette affligeante vulgarité et assise en terrasse, on mate les passants de cette basse-cour. Le regard vide, ils n’en finissent pas de se donner l’impression de faire l’opinion !
Et on ajoute à cela la fashion week… et là, d’un coup, oui, le taux d’écervelés qui font les paons dans les rues est en hausse. Ça ne respire pas l’intelligence. Cervelets en option, plumes, sauterelles, crevettes… j’ai des nausées. Et j’adore la mode mais pas l’attitude de toute cette volaille qui donne à la mode des airs de connerie, d’emballage vide, d’emphase. Non, pas en 2009 en tout cas. Peut-être à Versailles au 17è, mais aujourd’hui… bof !
je file chez JCDC faire le plein de popeterie pour me remonter le moral et refaire le monde à mes couleurs. J’hésite pendant des heures… et finalement, je suis prise en flag d’achat compulsif par le maître des lieux. Moi qui pensait qu’il serait tout occupé à l’un de ses spectaculaires défilés où je rêve d’aller.
Passage rapide Rue du Mail pour le lancement d’une nouvelle revue -encore une… comme si celle-ci plus qu’une autre allait tirer son épingle du jeu !
Pfffffff ! ça s’appelle « Sang Bleu » en plus… raison de plus pour les flinguer. Effusion de sang.
J’ai l’impression d’avoir quatre ans et de feuilleter un livre d’images ! Oh… c’est bô, oh oui, c’est boooo !
Pas besoin de textes, plus personne ne lit de toute manière !
« Sang Bleu » : c’est une raison de plus pour faire la révolution à ce genre de presse sous perfusée et contre toute cette société de poseurs et de népotistes.
Du champagne ? Mais je n’y tremperai même pas les lèvres. Aucun intérêt tout ça. Vacuité. Et tous ces morts-vivants autour, qui tournent en rond glauquement, à faire semblant de s’intéresser à cette revue aussi vaine que les autres, qui disparaîtra aussi vite que les autres. Déprime !
Bon allez, allez… il est temps de prendre mes jambes à mon cou.
Je n’ai pas assez dormi, ça me met d’une humeur massacrante. Ça va mal finir. J’ai déjà une liste de noms de gens présents que j’ai envie de massacrer sur le champ sur l’autel de leur bêtise. D’anciens amis.
Mais je pars avant qu’un meurtre n’ait lieu et que du vrai rouge sang ne se mette à couler ! Grrrrrrrr !
Dimanche 04 octobre 09
On ne se quitte plus avec Tristan ! On se fixe même des RDV télépathiques. Moi je viens avec mes bagages et une copine et lui avec ses parents !
C’est juste une drôle de coïncidence, dans ce café-restau de Charonne où j’ai brunché avec Léonor… et lui avec ses parents.
Je lui ressors même son badge pour briser l’amnésie.
Des Chanzel à Charonne, « Paris est plein plein plein de Parisiens »… et je tombe deux fois sur le même en 3 jours et dans un quartier diamétralement opposés.
Le 12è a du bon. Ce n’est pas un multiple de 8, Dieu merci !
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;) i like you anaïd and your art travellings
RépondreSupprimercheers, sharlot stoned
épisode "69" pas très "69"… ou alors quand l'art et la mode… mais pour le pire - non ?… Chez Ricard : tous des Ricards ! je te comprends = FUCK !
RépondreSupprimerMarcel Dzama : pourquoi est-ce si bien ? sans doute parce que c'est simple et silencieux / le contraire de PNL…une raison d'aller à la Fiac ? sans doute…mais quel jour ? trop de question aujourd'hui… comme toi. Anaïd, bises !
"Il faudrait que toutes ces pouffes males et femelles arrêtent de sécher leurs cours de maintien chez Nadine de Rothschild pour venir errer dans des expositions auxquels ils ne comprendront jamais rien."
RépondreSupprimerA.D
"La seule chose que j'ai comprise est que je ne sais rien"
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