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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mardi 20 octobre 2009

Episode 70

Samedi 10 octobre 2009



De gare en gare, de train en train, toujours mes sacs et mon ordi à portée de main… je suis en transit. En ce moment, j’habite là où je me trouve.
J’habite surtout dans mon ordinateur, dans mon journal et dans mes écrits. Quand le réel m’ennuie, j’habite dans le vert prairie de cette encre ou encore ce violet… j’habite de l’autre côté de l’écran, quelque part dans une architecture dont je monte et démonte moi-même les murs. De jour en jour.
En parlant d’écran, mon ordi et mon téléphone sont chacun épuisés.
Du coup, je me mets au papier et à l’encre vert pomme. J’écris comme je respire en ce moment. J’ai envie de faire 1000 choses à la fois mais l’écriture prend le dessus à chaque fois, elle me ronge, me consume et me constitue. Je commence à me demander si ce n’est pas une maladie, si ce n’est pas dangereux pour ma santé.
J’aligne les mots et ils ont quelque chose de plus en plus liquide à mes yeux. Ils filent comme une eau de source, m’échappent même parfois. C’est une eau vive, fluide, pétillante. Et ça court en moi. Si je devais me définir, je dirai que je suis une eau pétillante avec de petites bulles très vives, le tout ponctué d’un fond de citron pour la touche acidulée. Et j’espère être rafraîchissante.

Mais il s’en faudrait de peu pour que je me mette à geler ici, tout près des montagnes.
Je suis à Grenoble. Mais je suis dans le mouvement, ce qui me permet de maintenir les températures.
Sud-Nord-Est-Ouest… Hier, j’étais à Bordeaux pour Evento. J’adore le TGV. Je voudrais qu’il ne s’arrête jamais. Je passe d’un événement l’autre.
La bande d’Olivier Mosset est réunie dans une expo du Magasin qui sent la gazoline comme on aime : « Portrait de l’artiste en motocycliste » regroupe une cinquantaine d’artistes. Ils font le portrait de cet artiste sans doute recherché par toutes les polices dans les sixties. Pourquoi : parce qu’à trop chevaucher des Harley et des Vincent dans les 60’s, il a fini par être le meneur des grosses cylindrées du tout-Paris.
J’ai rien à me mettre. Hors de question que je mette mes Carolina et mon perf. J’ai pas envie d’avoir l’air de failloter avec mon look de motarde bien étudiée. je suis obligée de me transformer en jeune fille de bonne famille. Les bad boys préfèrent les girls grils girls. Je ne résiste pas à la touche wild : je craque sur un bourse en daim clouté couleur sable Arizonesque… De quoi me mettre dans l’ambiance avant de rejoindre la bande de notre easy rider de l’art favori.
Pas vraiment un bad boy, ni vraiment un angel. C’est surtout un ex Hell’s, exilé à Tucson en Arizona. Camouflé derrière sa barbe de druide, il pourrait aussi se faire passer pour le chanteur ou le guitariste de ZZ Top.
Pour l’heure, je suis dans mon bain. On m’a collé une chambre « handicapée » à l’hôtel et ça ne m’est pas du tout adapté. Je repense à ce couple que j’ai croisé dans les couloirs de l’hôtel, mon MacBook dans les bras à la recherche d’une connexion. J’ai failli douter de l’identité du mec, on aurait dit Carl Barat, mais j’imagine que le guitarriste des Libertines n’aurait jamais choisi cet hôtel. Carl Barat en plus figé, plus conventionnel… plus arty en somme. Elle et lui, ensemble, ils avaient l’air de sortir d’un vernissage… ou d’y aller. Et je pouvais voir en eux les yeux fermés. Un joli cliché.
Elle : une jolie minette. Brunette à frange. 27 ans à tout casser. Jolie frimousse, bouche pulpeuse, maquillage discret. Moulée dans une robe courbe, légèrement assymétrique. Perchée sur 12 cm de talon pour ralentir le pas entre l’hôtel et le Magasin. Pas du genre à la ramener trop dans une conversation.
Lui : proche de la quarantaine. Regard translucide. Joli mais faussement sûr de lui. Peu habité. Pas grand. Pas gros. Pas laid mais pas beau beau beau. Presque un jeune homme de bonne famille mais avec ce côté Hugh Grant qui agace dans le mauvais sens du terme. Du genre à peut-être faire des coups malins sous ses airs d’ange. Le genre à toujours respecter les poids et les mesures.
Elle et lui. Deux. Un artiste qui a l’air de sortir accompagné de son accessoire vivant. Avec l’air de proclamer à tous les autres mâles de l’assemblée: « Regardez ce que je suis capable de ramener ! » Elle qui se sent valorisée par son statut à lui, alors que lui se sent valorisé par sa fraîcheur et sa beauté à elle.
Pourquoi ai-je eu le sentiment de les connaître à ce point. Me suis-je trompée ?

Bon, il faut que je me magne… il s’agit de mettre le turbo. Lait pour le corps. Mes ballerines, mon sac clouté, mon leggings violet. Une chanson m’obsède : « Comme un garçon, j’ai les cheveux longs… Comme un garçon je porte un blouson, un médaillon, un gros ceinturon… Comme un garçon.
Comme un garçon, moi je suis têtue et bien souvent moi je distribue des corrections comme un garçon faut faire attention…
Comme un garçon, moi j’ai ma moto, Comme un garçon je fais du rodéo, c’est la terreur à 200 à l’heure, comme un garçon !
Comme un garçon, je n’ai peur de rien, Comme un garçon, moi j’ai des copains et c’est moi qui commande… Comme un garçon. Pourtant je ne suis qu’une fille… et gnagna gnagnagna gnagna… »


Dimanche 11 octobre


« Art is a word » nous rappelle Ben d’entrée. J’aurais jamais imaginé la présence de celui-là mais comme à chaque fois, quand il s’agit d’asséner une vérité, il est là, de toute évidence et c’est bien lancé.
Et non, Ben ne dit pas que des conneries, il n’est pas le plus autocentré de tous les artistes autocentrés et il n’est pas seulement le mec qui écrit des trucs partout sur les cahiers des Monoprix et les bérets… Au Magasin, un tableau de Ben nous rappelle que l’artiste est encore présent dans les temples de l’art et pas seulement ceux de la conso… même si ce centre d’art-là s’appelle « Le Magasin » !

Une affiche de Stella, un « Once there was… » de Louise Lawler. Et puis des drapeaux : ceux de Rockenschaub en couleurs fluo. Ou un American Flag qui ne parvient jamais à lever ses couleurs. Dressé sur son pic, il est à peine réanimé par un ventilo fatigué.
La bannière de Raymond Hains, est en photo, mais bien ventilé: des cercles blancs sur fond rouge rappellent le motif de prédilection d’OM, Olivier Mosset, du temps où il faisait partie de BMPT avec Buren, Parmentier et Toroni. Autre cercle noir, celui du circuit plus que circulaire, un véritable circuit pour momes, de Blair Thurman : l’artiste que je veux absolument rencontrer.
Et puis des cibles, des cercles concentriques, des genres de donuts de toutes sortes, de tous diamètres et de tous calibres. Ceux de Neil Campbell, en wall draw, dans un coin de salle nous font presque loucher, noir sur blanc. Le pneu au sol d’Allen Kaprow.
Hommage au monochrome avec des Steven Parrino très rock et enervés. Des œuvres historiques : un Klein, une « merde d’artiste » de Manzoni, un « Puppy » de Jeff Koons, un mini Carl André qui me ferait presque penser à un Space Invaders repeint en blanc… et même des gravures très amusantes et lègèrement mysogines -carrément même- du 18è !

Et puis un coin Suisse paisible et chaleureux, à la suisse, avec une install d’un galeriste, Gavin Brown, composée d’un confortable fauteuil entouré de romans de gare. On voudrait juste avoir tout ce temps à tuer pour s’y jeter ou de se mettre à plat ventre pour bouquiner sur le tapis étoile de ma copine Elena Montesinos.

Un pas de plus et nous voilà dans la véritable salle des portraits, dans le genre figuratif et même réaliste cette fois: OM sous toutes ses coutures, à tous les âges et tous les temps, imberbe ou velu… et en install avec des « shoppings bags » réunis sous le nom d’un parfum, « Egoïste », par Sylvie Fleury.
Une bien sûr, une salle « Abstraction Géométrique » Néo-Géo à la Suisse… Armleder & co. Dans « la rue », le grand hall du Magasin, sous la verrière, c’est le festival des wall draw avec les monochromes aux formats écrasants de Christian Robert-Tissot d’un côté, et de l’autre le wall draw très seventies et très réussi de Lang & Bauman.
Impossible de résumer cette expo dans laquelle on pourrait passer des heures… avant de finir à la cafète en très bonne compagnie : une Harley côtoie une véritable Vincent des sixties, la moto de Steve Mc Queen dans la « La Grande Evasion» tout simplement. Collection particulière de l’artiste, je suppose. Sur les murs des photos de l’artiste et d’Alain Dister en noir et blanc nous rappellent que l’art peut commencer dans un garage.

Quant à mon petit couple d’hier… J’étais sûre que je les retrouverai « en Magasin » une heure plus tard pour vérifier tous mes pronostics. Et ce fut le cas.
L’artiste se tenait près de son œuvre en cette fin de vernissage. Il parlait art à son entourage. Elle souriait.
C’était John Tremblay, un peintre dont on a pas mal parlé dans les années 90 et qui crée des tableaux avec des motifs ovoïdes. Comme des gestations multiples et multicolores.

On a fini à « La Madelon » avec toute la troupe des amoureux de l’art helvétiques et leurs sympathisants. Dispersés à différentes tables.
En compagnie de la plus Wild de mes amies Suisses, Elena Montesinos. Ça me donnerait presque des envies de prendre un aller direct pour Genève. J’y entraînerai aussi Jérôme que j’ai croisé plusieurs fois à Grenoble avant de faire réellement sa connaissance hier soir. Un artiste Grenoblois à la fois lunaire et réaliste. Un directeur de label. Un mélomane mystique qui écrit en métaphores et parle comme il écrit. Une sorte de poète déguisé en cheminot ou en majordome, ça dépend des jours apparemment !

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