Jeudi 01 octobre 2009
Hier, c’était déjà une journée comme je les adore. Une journée où je ne pose pas le pied à terre. En mouvement. Attendue ici et là, je vole d’un lieu à l’autre. Suspendue à mon téléphone. Inspirée. Légèrement en retard.
Je commence par un passage éclair chez Technikart où j’ai fait mes premières armes et où je revois mes collaborateurs des débuts.
Puis pour continuer sur ce revival Technikartien, je rends visite à Thomas Gizolme, l’ex-DA du mag, à mon époque.
Il vient de sortir un livre chez Steidl avec son amoureuse Aline Diépois, elle aussi photographe : c’est un journal en photos et en textes de leur périple sur la Côte Ouest des Etats-Unis, en Airzona, puis à Tucson.
« Histoire de régler mes comptes avec une culture US qui m’inspire et me fascine », me confie Thomas qui a vécu dans la carte postale à l’âge de 20 ans. C’est un « Dust book », un livre qui a mordu la poussière de la Côte Ouest, s’est frotté à ses cactus, a plongé dans ses perspectives illimitées, y a prélevé son actif bifidus à travers des notes, des impressions diverses glanées au jour le jour. Des photos et des textes qui, sur un mode intimiste, rendent hommage à la nature et aux pionniers de la photographie Américaine dont des pointures comme Egglestone. Le duo Thomas-Aline expose d’ailleurs bientôt une série de clichés à la Galerie Acte 2 à Paris début décembre.
Et à part ça, dans cette maison pleine d’enfants, de chat et de chiens, dans cet appartement qui semble loin du tumulte Parisien et qui est parcouru par une belle énergie, un projet en chassant un autre, ils me parlent aussi de « Doolitle », la revue pour enfants qu’ils lancent en kiosque avant la fin de l’année.
L’American Way of Life, cet appart lumineux plein d’enfants et de confitures, d’aventures US, d’édition, de photographie et de presse fait tout doucement rêver… et assise sur ma chaise, je tape mon adresse mail sur le clavier de Thomas. C’est le moment de checker mes mails.
Mais arrivée sur la page d’accueil, je réalise que la dernière personne à s’être installée sur cette chaise, c’est… Melvil, l’un des meilleurs amis de Thomas. Celui dont je rêvais par épisodes, à une époque. Et de rêve en rêve, notre relation plus ou moins amicale s’améliorait.
Mais dans le réel, c’est un leitmotiv… on s’est encore ratés ! Je me dis qu’à part au vernissage de Philippe Parreno au Couvent des Cordeliers, sous le néon de la salle du dîner, on se rate tout le temps d’une semelle ou presque. Ça ne peut plus durer !
Et pour en revenir aux USA, le lendemain-même, je me retrouve dans une nouvelle ambiance Américaine… moins proche de la nature au sens végétal. Mais plus proche de la nature au sens humain.
C’est une Amérique plus eighties et plus éclairée par les lumières artificielles des scènes de concert et des clubs.
Ça sent le gros son à tendance romantique avec David West : un Américain plongé dans un paysage à l’anglaise, celui du jardin de l’Hôtel Particulier.
La petite chanson très « Swinging London » à la française de Gainsbourg me passe par la tête pendant que je m’installe sur la terrasse automnale des lieux.
Arrive David West. Je le reconnais à un détail : sa bague.
Et dans le réel, elle est surmontée d’une turquoise, assortie au jean’s et aux yeux de ce monsieur qui doit avoir aux alentours de 55 ans.
Je la voyais cette bague se balader sur l’écran, en ombre Chinoise, il y a moins d’une semaine. Elle dansait sur le grand écran du Centre Pompidou, pendant le concert d’Adam Green et de Carl Barat. Elle était à la main gauche, de ce dessinateur-performer-live, il la portait à l’auriculaire de sa main la plus adroite des deux : celle qui dessine et qui se remarque. Celle qui retranscrivait l’excitation scénique et les contours mentalo-psychiques des musiciens sur scène.
C’est un romantique festif aux cheveux métalliques qui a gardé en lui l’esprit pop des 80’s. passionné de musique, amoureux de la scène, ami des musiciens, sans doute lui-même musicien dans une autre vie, cet Américain à Paris est aussi un alchimiste du cocktail. Il joue avec les textures, les couleurs, les gôuts, il monte même tout bonnement des architectures gustatives, des sculptures liquides… et c’est dans ce lieu hors-temps qu’est l’Hôtel Particulier, en plein été indien, qu’il crée ou résuscite des cocktails oubliés comme d’autres vous ressortiraient de vieilles photos au coin du feu. Leurs doux noms vintage et leur merveilleuses robes tombées en désuétude sont enfermées dans la transparence des verres. Tous ces gôuts sont comme la « Madeleine de Proust » censés rappeler des lieux, des atmosphères, des ambiances, des années millésimées.
Le « Baldhead » à base d’absinthe, de gin et de vermouth a le goût classique de l’interdit dans lequel on est prêt à se noyer début XIXè. Le «Train Bleu » a une note bleue citronnée qui rappelle les années où l’on se laissait aller à un Fox-Trot. Moulin Rouge nous rappelle à la chaleur suintante d’un Toulouse-Lautrec.
« Panama » nous ramène à la chaleur estivale des Iles d’Outre-Mer, « Brooklyn » à la Prohibition, à Al Capone et sa bande et la glaçante « Kretchma » nous plonge en pleine Guerre Froide… bref, pas de quoi s’ennuyer, comme toujours !
Mais tous ses cocktails, il faura que j’attende 2010 pour les siroter un soir en terrasse de l’Hôtel Particulier. Car déjà le soleil se couche de plus en plus tôt, on commence à sentir le froid s’immiscer entre les mailles de nos fringues, et dans nos ballerines, le pied nu commence à ne plus être aussi sûr de lui… de l’été Indien, c’est je crois la fin.
lundi 12 octobre 2009
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