Samedi 24 octobre
Comment capter l’attention d’un acteur ? Il suffit de braquer sur lui une caméra !
J’ai essayé sur Nader Boussandel dans la soirée hier, ça marche à fond !
Il fait partie de la bande d’Edouard Baer et vient entre autres de finir un film intitulé « Les Barons ». C’est un proche de Nova. Du Djamel Comedy Club… etc, etc. Bref, un personnage à suivre, pétillant d’humour mais pas lourd !
Après ma chronique dans l’émission de Juan, je suis allée boire un verre avec Fadia dans son QG et elle m’a soufflé ce secret de polichinelle : le coup de la caméra !
Nader était déjà là. Bizarrement, pas encore pendu au téléphone… et puis ça n’a pas tardé : au bout de 10 minutes, son objet transitionnel avait sonné et il sortait avec !
Du coup, je n’ai pas résisté : je l’ai suivi dehors, le long des trottoirs qu’on allait arpenter ensemble pendant vingt bonnes minutes. Je ne l’ai pas lâché. Moi matant ces faits et gestes à travers l’écran. Lui la main à l’oreille, tournant sur lui-même, revenant sur ses pas et repartant, indéfiniement.
J’ai adoré.
Ma HD a tout enregistré. Au début, il ne capte pas ma présence. Il ne me voit pas. Puis soudain il m’aperçoit, détourne le regard puis carrément m’ignore. Au bout de 3 minutes, il se demande quand même si mon petit jeu va durer longtemps. Un léger froncement de sourcil en guise de point d’interrogation, il commence à paranoïer 20 secondes durant : « Est-ce qu’elle entend ce que je dis ? Est-ce qu’elle compte l’utiliser contre moi ? C’est quoi ? Une caméra cachée ? Un piège ? Est-ce que je dis des trucs compromettants ? ».
On peut d’un coup voir toutes ces interrogations partir en fumée dans l’atmosphère. N’ayant rien à se reprocher, il continue sa conversation tranquillement.
J’ai gardé une distance raisonnable tout le long de l’expérience. Installée sur le capot d’une Clio, j’ai vécu comme un tour de manège au cœur d’une personnalité à gagner.
A la limite, la caméra n’aurait pas été branchée, c’était pareil.
Mais c’est pour « FIAC ME, I’M FAMOUS »… forcément.
Même si on n’etait pas dans un cadre artistique, c’est une œuvre en soi. Pas uniquement une recherche sur le comportement humain.
Là où ça commence à devenir une sorte de recherche scientifique, c’est quand je la caméra se dirige sur une sorte d’extra-terrestre en plein Bal Jaune : Grichka Bogdanoff !
Et il est très mal entouré car le type à ses côtés qu’il prend sans doute pour son ami ose me dire qu’il loue Grichka 10 euros du quart d’heure !
Même en blague, je ne trouve pas ça rigolo. Faut vraiment avor une morale de maquereau pour sortir ça en plein Bal Jaune à une simple journaliste gonzo totalement désintéressée ! Seuls les crétins pensent que dés qu’une caméra déboule, c’est TF1 !!
J’ignore donc ce personnage véreux que Grichka se traîne et pose directement quelques questions au principal intéressé. Impossible de me concentrer sur les réponses pourtant. J’ai l’impression, sans cesse, que la caméra est trop près. Je n’arrive pas à faire les réglages et pourtant, j’ai la main désormais. Plusieurs jours de pratique à mon actif.
Mais il y a un vrai problème. Je ne parviens jamais à cadrer entièrement Grichka. Une fois c’est le front qui n’entre pas dans le cadre, l’autre fois c’est le menton… et quand j’arrive par miracle à avoir les deux joues en même temps, je ne vois plus les yeux.
J’en suis à me demander si je ne suis pas en train de filmer un alien… A force d’avoir parlé de sciences, de SF et de phénomènes paranormaux, je suis en train de me demander si les vrais frères Bogdnaoff n’ont pas été enlevés par des Extra-terrestres et remplacés par des êtres aux mœurs étranges qui leur ressemblent mais ont le menton et les joues qui poussent…
Enfin… en tout cas, je l’interviewe mais sur « Souvenirs from Earth», c’est comme sur la Lune, dans un « Temps X » (du nom de l’émission des vrais Frères Bogdnaoff dans les années 80) : il n’y a pas de langage décodable par les Terriens sur cette chaîne, c’est une sorte de galimatias universel qui est d’usage. Du babylonien sonore. Le visuel parle pour le reste.
Du coup, en mettant mes interviews au ralenti, j’arrive à un langage quasi lunaire. Quelque chose de réellement suspendu dans le temps. Dans les conditions du Bal Jaune, ça tombe bien.
Mais passé le cas du langage, le mystère Bogdanoff reste entier.
Il doit y avoir des forums de discussion entiers concernant ces jumeaux du PAF sur le Net !
Dans mon entourage immédiat, certains disent qu’ils ont tous les deux la maladie d’Elephant Man (Non Lynch n’a pas inventé l’histoire !) et qu’ils ont tous les deux des excroissances et que bizarrement, localisées uniquement sur le visage, ces excroissances évoluent symétriquement chez l’un comme l’autre. Ce qui paraît impossible à d’autres car, par leur nature même, les excroissances ne peuvent pousser symétriquement !
D’autres encore prétendent qu’ils ont contracté la maladie qu’on atrappe dans le show bizz et qui fait qu’au moindre bouton et à la moindre angoisse, on a un chirurgien à portée de civière.
Cette pathologie est aussi appelée communément « syndrôme de Jackson », en hommage à notre défunt Michael.
Orlan, quant à elle, elle ne tergiverse pas. Elle assume et même davantage, elle soutient. Elle a deux excroissances sur les tempes. Deux bosses. Sûrement des implants de silicone qui la rendent post-humaine depuis belle lurette. C’est la Renaissance transposée au temps du High-Tech.
Et quand elle voit une caméra, elle joue le jeu, elle se laisse capturer et personne ne réclame 10 euros du quart d’heure dans son dos pour avoir le privilège de lui poser 3 questions !
Et des trucs à dire, elle en a. Elle se prête avec plaisir aux interviews. Et ce matin, elle a longuement discuté avec un officiel du Ministère. Ça m’a fait de très belles images. Je commence à avoir des réflexes télé !
C’était juste après la remise du Prix Marcel Duchamp !
Et parenthèse : c’est bien Saad qui l’a obtenu ! Quand vais-je me décider à devenir bookmaker ?
Oui, donc… Orlan : ses tempes, sa coupe de cheveux bicolore, ses tenues assorties… il y a toujours de l’harmonie.
Et quand on lui parle de son visage, elle n’a pas peur d’aborder les questions de chirurgie, de beauté et de canon de beauté… elle a été précurseur dans les années 70 face à toutes ces questions.
Et sur la table d’opération, elle n’a pas plus peur des caméras que des coups de scalpel et bistouri -sous anesthésie tout de même !
Son travail est généralement bien moins superficiel que la plupart des gens veulent bien le croire. Elle va loin finalement dans la mise en danger de sa personne, elle met son corps, son physique au service d’une idée… ce qui n’est pas rien aujourd’hui, dans un monde où le paraître à une telle importance.
Elle a le nez de telle Vénus, la bouche de tel Adonis… elle est un patchwork des canons de beauté de toute l’histoire de l’art à elle seule.
Il faut croire que toute la société actuelle est sur ses traces. Car la plupart des gens, en cherchant à s’embellir, prennent en fait un forfait pour la monstruosité. Et le plus étrange, c’est que tous ces êtres passés entre les mains des mêmes Frankenstein ont tous l’air clonés.
Au moins, en passant sans cesse sur le billard et par des gestes radicaux, Orlan a remué les consciences.
Et si elle a eu recours à la chirurgie, ce n’est pas pour ressembler à une bête curieuse -même si parfois on peut se l’imaginer- mais pour nous interroger sur ce qu’est le physique, l’apparence… et braver les limites du corps.
D’ailleurs, elle a une expo perso en ce moment-même que je n’ai toujours pas vu à l’Abbaye de Maubuisson.
Et comme c’était la journée des corps, du physique, de la morphologie et même de l’anthropomorphisme hier, avec Fadia, on a enchaîné sur l’expo de Huang Yong Ping chez Kamel.
Nader et Vito devaient nous y retrouver mais ils se sont directement retrouvés -je ne sais par quel raccourci- dans le buffet des Beaux-Arts sans même passer par l’expo dans la chapelle !
D’impressionnants animaux empaillés dans la galerie d’abord… le périple se poursuit dans la chapelle des Beaux-Arts où l’artiste a mis en scène une impressionnante Arche de Noé calcinée… entre feu et déluge, qui l’emportera ?
Où en est l’humanité ?
On peut aller loin dans les métaphores : pendant que la France d’en haut flambe, celle d’en bas prend l’eau et ne sait pas toujours nager. La réflexion s’est donc étonnamment poursuivi au Bal Jaune, où habillée à peu de chose près comme hier et avant-hier, je me suis perdue en pleine science-fiction !
mercredi 18 novembre 2009
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