Samedi 24 octobre
Comment capter l’attention d’un acteur ? Il suffit de braquer sur lui une caméra !
J’ai essayé sur Nader Boussandel dans la soirée hier, ça marche à fond !
Il fait partie de la bande d’Edouard Baer et vient entre autres de finir un film intitulé « Les Barons ». C’est un proche de Nova. Du Djamel Comedy Club… etc, etc. Bref, un personnage à suivre, pétillant d’humour mais pas lourd !
Après ma chronique dans l’émission de Juan, je suis allée boire un verre avec Fadia dans son QG et elle m’a soufflé ce secret de polichinelle : le coup de la caméra !
Nader était déjà là. Bizarrement, pas encore pendu au téléphone… et puis ça n’a pas tardé : au bout de 10 minutes, son objet transitionnel avait sonné et il sortait avec !
Du coup, je n’ai pas résisté : je l’ai suivi dehors, le long des trottoirs qu’on allait arpenter ensemble pendant vingt bonnes minutes. Je ne l’ai pas lâché. Moi matant ces faits et gestes à travers l’écran. Lui la main à l’oreille, tournant sur lui-même, revenant sur ses pas et repartant, indéfiniement.
J’ai adoré.
Ma HD a tout enregistré. Au début, il ne capte pas ma présence. Il ne me voit pas. Puis soudain il m’aperçoit, détourne le regard puis carrément m’ignore. Au bout de 3 minutes, il se demande quand même si mon petit jeu va durer longtemps. Un léger froncement de sourcil en guise de point d’interrogation, il commence à paranoïer 20 secondes durant : « Est-ce qu’elle entend ce que je dis ? Est-ce qu’elle compte l’utiliser contre moi ? C’est quoi ? Une caméra cachée ? Un piège ? Est-ce que je dis des trucs compromettants ? ».
On peut d’un coup voir toutes ces interrogations partir en fumée dans l’atmosphère. N’ayant rien à se reprocher, il continue sa conversation tranquillement.
J’ai gardé une distance raisonnable tout le long de l’expérience. Installée sur le capot d’une Clio, j’ai vécu comme un tour de manège au cœur d’une personnalité à gagner.
A la limite, la caméra n’aurait pas été branchée, c’était pareil.
Mais c’est pour « FIAC ME, I’M FAMOUS »… forcément.
Même si on n’etait pas dans un cadre artistique, c’est une œuvre en soi. Pas uniquement une recherche sur le comportement humain.
Là où ça commence à devenir une sorte de recherche scientifique, c’est quand je la caméra se dirige sur une sorte d’extra-terrestre en plein Bal Jaune : Grichka Bogdanoff !
Et il est très mal entouré car le type à ses côtés qu’il prend sans doute pour son ami ose me dire qu’il loue Grichka 10 euros du quart d’heure !
Même en blague, je ne trouve pas ça rigolo. Faut vraiment avor une morale de maquereau pour sortir ça en plein Bal Jaune à une simple journaliste gonzo totalement désintéressée ! Seuls les crétins pensent que dés qu’une caméra déboule, c’est TF1 !!
J’ignore donc ce personnage véreux que Grichka se traîne et pose directement quelques questions au principal intéressé. Impossible de me concentrer sur les réponses pourtant. J’ai l’impression, sans cesse, que la caméra est trop près. Je n’arrive pas à faire les réglages et pourtant, j’ai la main désormais. Plusieurs jours de pratique à mon actif.
Mais il y a un vrai problème. Je ne parviens jamais à cadrer entièrement Grichka. Une fois c’est le front qui n’entre pas dans le cadre, l’autre fois c’est le menton… et quand j’arrive par miracle à avoir les deux joues en même temps, je ne vois plus les yeux.
J’en suis à me demander si je ne suis pas en train de filmer un alien… A force d’avoir parlé de sciences, de SF et de phénomènes paranormaux, je suis en train de me demander si les vrais frères Bogdnaoff n’ont pas été enlevés par des Extra-terrestres et remplacés par des êtres aux mœurs étranges qui leur ressemblent mais ont le menton et les joues qui poussent…
Enfin… en tout cas, je l’interviewe mais sur « Souvenirs from Earth», c’est comme sur la Lune, dans un « Temps X » (du nom de l’émission des vrais Frères Bogdnaoff dans les années 80) : il n’y a pas de langage décodable par les Terriens sur cette chaîne, c’est une sorte de galimatias universel qui est d’usage. Du babylonien sonore. Le visuel parle pour le reste.
Du coup, en mettant mes interviews au ralenti, j’arrive à un langage quasi lunaire. Quelque chose de réellement suspendu dans le temps. Dans les conditions du Bal Jaune, ça tombe bien.
Mais passé le cas du langage, le mystère Bogdanoff reste entier.
Il doit y avoir des forums de discussion entiers concernant ces jumeaux du PAF sur le Net !
Dans mon entourage immédiat, certains disent qu’ils ont tous les deux la maladie d’Elephant Man (Non Lynch n’a pas inventé l’histoire !) et qu’ils ont tous les deux des excroissances et que bizarrement, localisées uniquement sur le visage, ces excroissances évoluent symétriquement chez l’un comme l’autre. Ce qui paraît impossible à d’autres car, par leur nature même, les excroissances ne peuvent pousser symétriquement !
D’autres encore prétendent qu’ils ont contracté la maladie qu’on atrappe dans le show bizz et qui fait qu’au moindre bouton et à la moindre angoisse, on a un chirurgien à portée de civière.
Cette pathologie est aussi appelée communément « syndrôme de Jackson », en hommage à notre défunt Michael.
Orlan, quant à elle, elle ne tergiverse pas. Elle assume et même davantage, elle soutient. Elle a deux excroissances sur les tempes. Deux bosses. Sûrement des implants de silicone qui la rendent post-humaine depuis belle lurette. C’est la Renaissance transposée au temps du High-Tech.
Et quand elle voit une caméra, elle joue le jeu, elle se laisse capturer et personne ne réclame 10 euros du quart d’heure dans son dos pour avoir le privilège de lui poser 3 questions !
Et des trucs à dire, elle en a. Elle se prête avec plaisir aux interviews. Et ce matin, elle a longuement discuté avec un officiel du Ministère. Ça m’a fait de très belles images. Je commence à avoir des réflexes télé !
C’était juste après la remise du Prix Marcel Duchamp !
Et parenthèse : c’est bien Saad qui l’a obtenu ! Quand vais-je me décider à devenir bookmaker ?
Oui, donc… Orlan : ses tempes, sa coupe de cheveux bicolore, ses tenues assorties… il y a toujours de l’harmonie.
Et quand on lui parle de son visage, elle n’a pas peur d’aborder les questions de chirurgie, de beauté et de canon de beauté… elle a été précurseur dans les années 70 face à toutes ces questions.
Et sur la table d’opération, elle n’a pas plus peur des caméras que des coups de scalpel et bistouri -sous anesthésie tout de même !
Son travail est généralement bien moins superficiel que la plupart des gens veulent bien le croire. Elle va loin finalement dans la mise en danger de sa personne, elle met son corps, son physique au service d’une idée… ce qui n’est pas rien aujourd’hui, dans un monde où le paraître à une telle importance.
Elle a le nez de telle Vénus, la bouche de tel Adonis… elle est un patchwork des canons de beauté de toute l’histoire de l’art à elle seule.
Il faut croire que toute la société actuelle est sur ses traces. Car la plupart des gens, en cherchant à s’embellir, prennent en fait un forfait pour la monstruosité. Et le plus étrange, c’est que tous ces êtres passés entre les mains des mêmes Frankenstein ont tous l’air clonés.
Au moins, en passant sans cesse sur le billard et par des gestes radicaux, Orlan a remué les consciences.
Et si elle a eu recours à la chirurgie, ce n’est pas pour ressembler à une bête curieuse -même si parfois on peut se l’imaginer- mais pour nous interroger sur ce qu’est le physique, l’apparence… et braver les limites du corps.
D’ailleurs, elle a une expo perso en ce moment-même que je n’ai toujours pas vu à l’Abbaye de Maubuisson.
Et comme c’était la journée des corps, du physique, de la morphologie et même de l’anthropomorphisme hier, avec Fadia, on a enchaîné sur l’expo de Huang Yong Ping chez Kamel.
Nader et Vito devaient nous y retrouver mais ils se sont directement retrouvés -je ne sais par quel raccourci- dans le buffet des Beaux-Arts sans même passer par l’expo dans la chapelle !
D’impressionnants animaux empaillés dans la galerie d’abord… le périple se poursuit dans la chapelle des Beaux-Arts où l’artiste a mis en scène une impressionnante Arche de Noé calcinée… entre feu et déluge, qui l’emportera ?
Où en est l’humanité ?
On peut aller loin dans les métaphores : pendant que la France d’en haut flambe, celle d’en bas prend l’eau et ne sait pas toujours nager. La réflexion s’est donc étonnamment poursuivi au Bal Jaune, où habillée à peu de chose près comme hier et avant-hier, je me suis perdue en pleine science-fiction !
mercredi 18 novembre 2009
vendredi 13 novembre 2009
Episode 75 : FIAC ME AGAIN
Vendredi 23 octobre
Lever de plus en plus difficile. Je sais à peine quel jour on est et comment je m’appelle.
Je sais juste que je me suis achetée un tas de fringues que j’adore à London et que je me retrouve à porter mes hardes des années 80 (ou presque) depuis 3 jours. Obligée d’aller m’acheter des leggings, des chaussettes et des petites culottes dans des boutiques à la gomme alors que je suis à découvert et que j’ai déjà tout ce qu’il me faut en high-figh à la maison !!!!
Pour les shoes, je m’en suis occupée dès le deuxième soir avec Myrtille, sur les Chanzel, en sortant du bureau de « Souvenirs », sous une pluie battante. Remplacées. Il y avait urgence.
C’était juste après ce moment génial où Marcus a fait sauter tout le système d’envoi des mails de tout le bureau parce qu’il avait spammé à donf’ l’info « Fiac me… » à tous ses contacts!
Du coup, même la prod’ de Cerrone qui nous héberge amicalement, ne pouvait plus envoyer le moindre mail… tout le monde était subitement en « vacances » Internet et il n’était que 15h30 ! Marcus était tellement mal qu’il s’est cassé discrètement sans crier gare ! On a juste entendu une grosse moto démarrer en trombe dans le triangle d’or parisien !
Au même moment, au même endroit, Bernard regardait un pot de Nutella lui faire les yeux doux. Succomber ? Ne pas succomber ? Négocier avec le désir ?
Au même moment, dans la cuisine des mêmes bureaux, je prenais une bonne cuillère de miel des champs… sentant déjà la grippe me gagner.
Puis avec Myrtille, je sortais de là, chaussée de mes Repetto qui n’en pouvaient plus de la pluie et je partais en quête de shoes taillées dans un coupon de cuir neuf avant le premier vernissage de la FIAC 2009.
Depuis ce moment, j’ai l’impression qu’il s’est passé un siècle ou deux!
D’ailleurs je confonds les jours. Je ne suis même pas sûre d’être vendredi. Je me sens comme un samedi.
Mais ça ne peut pas être samedi. Samedi, c’est le jour du « Bal Jaune »… C’est demain ! Et je compte bien faire un passage-éclair à la maison pour récupérer une tenue! En plus avec tous mes changements d’adresse cette année, mon invite s’est perdue ! Je n’ai pas eu le fameux morceau de moquette en forme de carton d’invite et je ne saurais dire de quelle couleur il a été prévu pour moi!
Si donc on est bien vendredi, demain matin, on devrait savoir qui a remporté le Prix Marcel Duchamp… on verra si j’ai parié sur le bon cheval en pensant à Saad et si Saad m’a fait penser au Prix. Et le soir-même, on se rendra au Bal Jaune et comme ça créera des courts-circuits dans nos têtes entre Bal Jaune et donc le Prix Ricard et le Prix Duchamp, on se demandera toute la journée et aussi le lendemain, qui est le gagnant… qui est le gagnant… qui est le gagnant… Duchamp-Ricard : une partie d’échecs se jouera dans nos têtes comme chaque année. Ces deux-là, Duchamp et Ricard, s’ils avaient été contemporains, s’ils s’étaient connus, se seraient-ils entendus ? Qui sait !
En tout cas, pendant la Fiac, c’est chaque année échecs et mat, c’est comme ça. J’ai quand même du mal à superposer l’échiquier et le bob Ricard. Mais je suis fair-play : je me dis « pourquoi pas? ».
Et en parlant de Duchamp, j’étais donc hier jeudi, dans le Marais. Chez Michel Rein, là où se déroulait une performance de Saad Afif liée à « Vice de forme », l’œuvre présentée pour le Prix… Ricard ? Mais non, non et non, bordel, c’est le Prix Duchamp ! Marcel Duchamp !
Bon, en tout cas, un pianiste jouait des morceaux au piano, des compositions qui pouvaient accompagner les paroles des chansons écrites par diverses personnes à Berlin pour Saad.
Puis j’ai repris ma caméra dont je m’étais trop longuement séparée pour rejoindre Héloïse, Grégoire, Audrey, Jérôme et quelques autres chez Emmanuel Perrotin. C’était pour le vernissage de Jean-Michel Othoniel et Farad Moshiri. Un livre fantastique tout en pop-up -de la 3 D qui nous renvoie en enfance- paru chez Dilecta, accompagnait l’exposition de Jean-Michel. je lui ai demandé de tourner les pages du livre pour les besoins de mon film. J’en ai quasi ignoré José Lévy, le designer qui fait lui aussi partie de la galerie. Je me suis ratrappée avec Thomas qui a improvisé une perf autour d’une œuvre de Jean-Michel rien que pour ma caméra. Une ronde autour d’une œuvre tout en courbes et en rondeurs.
Quant à la star de l’art contemporain Iranien, Farad Moshiri, il présentait des grands formats abstraits ou figuratifs dans lesquels la matière et la sensualité l’emportent sur le tout.
Le dîner, dans le show-room d’Emmanuel, m’a rappelé les dîners de vernissage des années 90… A ceci près qu’on était toujours entre amoureux de l’art contemporain à l’époque et qu’on était rares, donc peu nombreux.
A cette époque-là, il n’y avait pas le moindre chanteur ou le moindre fashion designer… ou alors ils n’étaient pas au top de leur carrière, seulement en devenir. Là, il y avait Stéphane Eicher et je me suis demandée s’il m’avait reconnue. J’avais essayé de l’interviewer l’année dernière lors de Paris Photo dans la Pyramide du Louvre. J’avais insisté, je lui avais offert un magazine, fait de très larges sourires, expliqué mon travail…
Cette fois, c’est lui qui m’a rendu de larges sourires alors que je cherchais une table pour m’installer. Mais il était à côté d’un personnage qui sentait le souffre et le plomb, et il n’avait pas l’air de s’amuser. Alors j’ai évité. Mauvaises vibes, et pourtant, il n’en bougeait pas. Il restait là, à côté de Sophie Calle, comme prisonnier.
Il y avait une super ambiance et je présentais Héloïse à Grégoire. Héloïse travaille avec Emmanuel depuis peu et est surtout une de mes amies de fac, en histoire de l’art. Quant à Grégoire, c’est le fondateur des éditions Dilecta.
Ces deux-là s’étaient croisés plusieurs fois sans savoir qu’ils partageaient ensemble mais aussi avec moi, un être qui nous a été chèr avant de disparaître subitement de nos vies en 2002 à l’âge de 33 ans: Alain-Guillaume Poirier.
C’était le cousin de Grégoire, c’était mon ami et celui d’Héloïse dès nos premières années de fac. On l’a évoqué ce soir-là, il était palpable dans ce vernissage j’imagine. Et puis on a évoqué ce lien et ça nous a ramené à la vie.
J’avais la bougeotte, j’allais et venais entre le dance-floor au rez-de-chaussée de Piotr Uklanski et le premier étage… puis je rencontre Géraldine qui a elle aussi la bougeotte. Malgré la pluie, on décide d’explorer la nuit et d’aller dans cette soirée de vernissage de *La Bank* au Hustler !
Est-ce le repère de Hugh Heffner ? Non, le créateur de Playboy est plus raffiné que ça. Les Bunnies n’ont rien à voir avec toutes ces putes disséminées dans l’espace de ce club. J’ai jamais vu un endroit aussi pourrie. Autant de nanas laides mais à poil prête à faire un tour aux toilettes avec le premier lourdeau qu’elles croisent. Brrr, drôle d’atmosphère. On dirait les pages d’un fanzine échangiste, un fascicule fait maison avec des photocopies pourries et de la chair mal emballée! Qu’est-ce qu’on fout là ? Seul l’adorable Greg, en bas, le mec qui vend les bonbons et autres indispensables de soirées, m’est agréable. Il m’offre une sucette et on tape la converse… ça doit pas lui arriver souvent de parler ici. Je prends mes jambes à mon cou et je me caaaaaaaaassssssssse de là ! C’est même pas drôle. J’aurais dû aller au Montana. La soirée gothique du « Baron » ? Pas question… et d’ailleurs, j’étais en costume de marin… faut-il le rappeler ?
Ça c’était hier -donc jeudi ! Un jour où je n’ai pas fouttu les pieds à la FIAC. Je ne pouvais pas. J’avais un texte de catalogue à écrire un en urgence.
Et là, on est donc vendredi… vendredi donc… et la journée est bien pleine. Je continue à cultiver mon de don de triquité et faire plusieurs trucs à la fois.
Je crois que je vais à nouveau faire abstraction de la Fiac toute l’après-midi pour m’intéresser au « Nouveau Festival » aujourd’hui, un événement qui met la performance, le spectacle, la chorégraphie -bref tout ce qui est in vivo- au centre du Centre (Pompidou) de Paris.
Et à 18h30, c'est-à-dire dans une heure, je retrouverai Juan à l’antenne de Nova pour lui parler de tout ça.
J’ai commencé par un rendez-vous avec Albane, une Claudinette (les hôtesses de l’art de chez Claudine Colin Communications !), à la Conciergerie pour « Le sort probable de l’homme qui avait avalé un fantôme ». Sujet, verbe, complément : c’est le titre de l’expo…
Pour ceux qui n’auraient pas encore pigé, c’est fini le temps du titre d’expo en moins de 10 caractères et qui ne veut pas dire grand chose. Aujourd’hui, ça doit occuper l’espace d’un sms et faire dans les 800 caractères ! Sinon, ça ne sert à rien. Désormais, le titre d’expo fait donc dans la phrase à rallonges, dans la citation, dans l’essence poétique, bref dans le sens pour éveiller LES sens… puis dans le rythme et dans le mouvement !
Ça ne pouvait pas échapper à un danseur et chorégraphe de talent promu commissaire d’expo à cette occasion : Christian Rizzo.
« Le sort probable de l’homme qui avait avalé un fantôme » se tient dans la salle des gens d’armes de la Conciergerie, et le titre tout en rondeurs vient adoucir la vocation de ces lieux attenant au Palais de Justice.
Au fond, à gauche, une armée de fantômes semble se diriger vers nous : un Olaf Breuning qui, entre Halloween commercial et épouvante, nous met tout de suite au parfum.
On serait donc à nouveau transposé dans un mystérieux château bien évidemment hanté comme beaucoup d’expos en ce moment… La partie de Cluedo est avancé. Où est l’objet du crime ? Qui sera la victime ?
On est directement entraîné au pied d’un catwalk et dans cette magnifique architecture du Gothique Flamboyant, entre voûtes en ogives, colonnes et rosaces, on a le sentiment d’être convié à un défilé. Mais en lieu et place des mannequins présumés, il y a des œuvres autour desquelles le spectateur défile.
Des œuvres figées dans leur mouvement, liées au corps, à la danse. Sensuelles.
Les époques se croisent comme dans cette sculpture de Folkert de Jong inspirée par la célèbre « Danseuse » de Degas : on croirait presque à une copie, sauf qu’il suffit de s’approcher pour se rendre compte que la grâce n’appartient pas qu’aux femmes dans l’univers de la danse classique. Voici un homme qui porte parfaitement bien le tutu !
En T-shirt et baskets, on a une sculpture de « Cédric » ! Tomoaki Suzuki réalise lui des scuptures hyperréalistes mais en format réduit : c’est une sorte de Duane Hanson Japonais de moins de 35 ans. Et puis dans un trop plein de consommation qui va jusqu’à l’écœurement ou du moins l’effet surplus, on a un mannequin de Daniel Firman dont on ne sait s’il croule sous ses vêtements ou s’il en renaît. Un mouvement quotidien est répété ici à l’infini. C’est la superposition des jours.
Et peu à peu, la grâce dérive vers quelque chose de plus animal : la créature de MarnieWeber issue de la Planète des Singes a quelque chose de si humain. Elle prend la pose dans ses vêtements fashion, presque hautaine. Les statuettes fluides, aux poses simples et aux silhouettes racées de Don Brown. Un Xavier Veilhan.
Côté fétichiste, on retrouve les sculptures de verre de Jean-Luc Verna. Puis les pièces animales et précieuses de Bruno Pelassy dans lesquelles le vison croise par exemple le python. Et aussi les incroyables shoes de Benoît Méléard, faîtes pour la scène plus que pour la marche et qui ont le don de métamorphoser la silhouette et réinventer la démarche. Escarpins vertigineux mais sans talons, carrés, ronds… on ne sait pas par quel bout les prendre ni où se camoufle le pied dans tout ça. Des œuvres en soi.
La mode, la grâce, l’harmonie, le mouvement, le corps… c’est tout cela que l’on retient de cette expo.
La danse est encore plus présente avec la vidéo d’un ballet de Merce Cunnigham mis en costume par Rei Kawabuko… Comme des Garçons !
Mais moi, j’ai envie de scotcher sur un de mes artistes préférés. Un de ceux qui sortent du lot dans l’expo : le perfectionniste James Lee Byars qui fait son grand retour en ce moment dans la mémoire des gens. C’est comme si on redécouvrait ce grand perfectionniste, un peu mystique, plutôt perché des seventies. Il fait aussi partie d’une expo au musée d’art moderne, « Deadline », qui fait la part belle à tous ceux qui ont été amenés à se dépasser parce qu’ils ont eu une vraie « dead line » dans leur vie, au sens propre du terme. De ces dead lines qui lorsqu’elles vous pendent au nez vous poussent à sortir vos tripes, dans l’urgence, avant de disparaître à tout jamais. Un art au bord du précipice donc.
Et pourtant léger, spirituellement engagé, matériellement ancré. A se demander comment cet artiste a pu naître à Detroit alors qu’il est autant empreint d’Orient, de philosophie. D’ailleurs, il a longuement vécu au Japon. Et à mon avis, ce n’était pour assister à des combats de Sumo !
En tout cas, sa dead line a été franchie en 97 au Caire. Avant cela, la feuille d’or était l’un de ses materiaux préférés et la performance, l’un de ses modes d’expression les plus chèrs. Ici, on retrouve ce qu’on appelle un « bonnet rouge », une traîne de soie qui a été l’objet d’une performance que l’on imagine proche du bouddhisme. C’est un rouge festif et léger.
Une traîne rouge que je gonfle mentalement d’hélium, pour monter dessus et foncer vers Beaubourg où m’attend Serge Laurent (qui s’occupe du « Spectacle Vivant » du Centre) pour une présentation express du « Nouveau Festival ».
On était synchro. 16h pile. Le tour des lieux. Un centre qui renoue avec ses origines, l’esprit des seventies. La performance. L’ouverture sur toutes les disciplines, la gratuité. La surprise. L’accident heureux.
Et c’est tout ce qu’il vient de me raconter que je dois résumer tout-à-l’heure à l’antenne de Nova. Le « Beaubourg-la-Reine », l’installation de Sophie Perez et Xavier Boussiron où sont conviées des artistes, des performers, des musiciens, des comédiens… pour un grand bœuf généralisé tout un mois durant. Philippe Katerine, Eric Duyckaerts… et bien d’autres choses. Des écrans qui se croisent, des scène qui se montent, des espaces à explorer, des danseurs qui repètent, des éclats de voix… de quoi s’émerveiller pendant un mois et sans doute toiser la « Crise » !
Lever de plus en plus difficile. Je sais à peine quel jour on est et comment je m’appelle.
Je sais juste que je me suis achetée un tas de fringues que j’adore à London et que je me retrouve à porter mes hardes des années 80 (ou presque) depuis 3 jours. Obligée d’aller m’acheter des leggings, des chaussettes et des petites culottes dans des boutiques à la gomme alors que je suis à découvert et que j’ai déjà tout ce qu’il me faut en high-figh à la maison !!!!
Pour les shoes, je m’en suis occupée dès le deuxième soir avec Myrtille, sur les Chanzel, en sortant du bureau de « Souvenirs », sous une pluie battante. Remplacées. Il y avait urgence.
C’était juste après ce moment génial où Marcus a fait sauter tout le système d’envoi des mails de tout le bureau parce qu’il avait spammé à donf’ l’info « Fiac me… » à tous ses contacts!
Du coup, même la prod’ de Cerrone qui nous héberge amicalement, ne pouvait plus envoyer le moindre mail… tout le monde était subitement en « vacances » Internet et il n’était que 15h30 ! Marcus était tellement mal qu’il s’est cassé discrètement sans crier gare ! On a juste entendu une grosse moto démarrer en trombe dans le triangle d’or parisien !
Au même moment, au même endroit, Bernard regardait un pot de Nutella lui faire les yeux doux. Succomber ? Ne pas succomber ? Négocier avec le désir ?
Au même moment, dans la cuisine des mêmes bureaux, je prenais une bonne cuillère de miel des champs… sentant déjà la grippe me gagner.
Puis avec Myrtille, je sortais de là, chaussée de mes Repetto qui n’en pouvaient plus de la pluie et je partais en quête de shoes taillées dans un coupon de cuir neuf avant le premier vernissage de la FIAC 2009.
Depuis ce moment, j’ai l’impression qu’il s’est passé un siècle ou deux!
D’ailleurs je confonds les jours. Je ne suis même pas sûre d’être vendredi. Je me sens comme un samedi.
Mais ça ne peut pas être samedi. Samedi, c’est le jour du « Bal Jaune »… C’est demain ! Et je compte bien faire un passage-éclair à la maison pour récupérer une tenue! En plus avec tous mes changements d’adresse cette année, mon invite s’est perdue ! Je n’ai pas eu le fameux morceau de moquette en forme de carton d’invite et je ne saurais dire de quelle couleur il a été prévu pour moi!
Si donc on est bien vendredi, demain matin, on devrait savoir qui a remporté le Prix Marcel Duchamp… on verra si j’ai parié sur le bon cheval en pensant à Saad et si Saad m’a fait penser au Prix. Et le soir-même, on se rendra au Bal Jaune et comme ça créera des courts-circuits dans nos têtes entre Bal Jaune et donc le Prix Ricard et le Prix Duchamp, on se demandera toute la journée et aussi le lendemain, qui est le gagnant… qui est le gagnant… qui est le gagnant… Duchamp-Ricard : une partie d’échecs se jouera dans nos têtes comme chaque année. Ces deux-là, Duchamp et Ricard, s’ils avaient été contemporains, s’ils s’étaient connus, se seraient-ils entendus ? Qui sait !
En tout cas, pendant la Fiac, c’est chaque année échecs et mat, c’est comme ça. J’ai quand même du mal à superposer l’échiquier et le bob Ricard. Mais je suis fair-play : je me dis « pourquoi pas? ».
Et en parlant de Duchamp, j’étais donc hier jeudi, dans le Marais. Chez Michel Rein, là où se déroulait une performance de Saad Afif liée à « Vice de forme », l’œuvre présentée pour le Prix… Ricard ? Mais non, non et non, bordel, c’est le Prix Duchamp ! Marcel Duchamp !
Bon, en tout cas, un pianiste jouait des morceaux au piano, des compositions qui pouvaient accompagner les paroles des chansons écrites par diverses personnes à Berlin pour Saad.
Puis j’ai repris ma caméra dont je m’étais trop longuement séparée pour rejoindre Héloïse, Grégoire, Audrey, Jérôme et quelques autres chez Emmanuel Perrotin. C’était pour le vernissage de Jean-Michel Othoniel et Farad Moshiri. Un livre fantastique tout en pop-up -de la 3 D qui nous renvoie en enfance- paru chez Dilecta, accompagnait l’exposition de Jean-Michel. je lui ai demandé de tourner les pages du livre pour les besoins de mon film. J’en ai quasi ignoré José Lévy, le designer qui fait lui aussi partie de la galerie. Je me suis ratrappée avec Thomas qui a improvisé une perf autour d’une œuvre de Jean-Michel rien que pour ma caméra. Une ronde autour d’une œuvre tout en courbes et en rondeurs.
Quant à la star de l’art contemporain Iranien, Farad Moshiri, il présentait des grands formats abstraits ou figuratifs dans lesquels la matière et la sensualité l’emportent sur le tout.
Le dîner, dans le show-room d’Emmanuel, m’a rappelé les dîners de vernissage des années 90… A ceci près qu’on était toujours entre amoureux de l’art contemporain à l’époque et qu’on était rares, donc peu nombreux.
A cette époque-là, il n’y avait pas le moindre chanteur ou le moindre fashion designer… ou alors ils n’étaient pas au top de leur carrière, seulement en devenir. Là, il y avait Stéphane Eicher et je me suis demandée s’il m’avait reconnue. J’avais essayé de l’interviewer l’année dernière lors de Paris Photo dans la Pyramide du Louvre. J’avais insisté, je lui avais offert un magazine, fait de très larges sourires, expliqué mon travail…
Cette fois, c’est lui qui m’a rendu de larges sourires alors que je cherchais une table pour m’installer. Mais il était à côté d’un personnage qui sentait le souffre et le plomb, et il n’avait pas l’air de s’amuser. Alors j’ai évité. Mauvaises vibes, et pourtant, il n’en bougeait pas. Il restait là, à côté de Sophie Calle, comme prisonnier.
Il y avait une super ambiance et je présentais Héloïse à Grégoire. Héloïse travaille avec Emmanuel depuis peu et est surtout une de mes amies de fac, en histoire de l’art. Quant à Grégoire, c’est le fondateur des éditions Dilecta.
Ces deux-là s’étaient croisés plusieurs fois sans savoir qu’ils partageaient ensemble mais aussi avec moi, un être qui nous a été chèr avant de disparaître subitement de nos vies en 2002 à l’âge de 33 ans: Alain-Guillaume Poirier.
C’était le cousin de Grégoire, c’était mon ami et celui d’Héloïse dès nos premières années de fac. On l’a évoqué ce soir-là, il était palpable dans ce vernissage j’imagine. Et puis on a évoqué ce lien et ça nous a ramené à la vie.
J’avais la bougeotte, j’allais et venais entre le dance-floor au rez-de-chaussée de Piotr Uklanski et le premier étage… puis je rencontre Géraldine qui a elle aussi la bougeotte. Malgré la pluie, on décide d’explorer la nuit et d’aller dans cette soirée de vernissage de *La Bank* au Hustler !
Est-ce le repère de Hugh Heffner ? Non, le créateur de Playboy est plus raffiné que ça. Les Bunnies n’ont rien à voir avec toutes ces putes disséminées dans l’espace de ce club. J’ai jamais vu un endroit aussi pourrie. Autant de nanas laides mais à poil prête à faire un tour aux toilettes avec le premier lourdeau qu’elles croisent. Brrr, drôle d’atmosphère. On dirait les pages d’un fanzine échangiste, un fascicule fait maison avec des photocopies pourries et de la chair mal emballée! Qu’est-ce qu’on fout là ? Seul l’adorable Greg, en bas, le mec qui vend les bonbons et autres indispensables de soirées, m’est agréable. Il m’offre une sucette et on tape la converse… ça doit pas lui arriver souvent de parler ici. Je prends mes jambes à mon cou et je me caaaaaaaaassssssssse de là ! C’est même pas drôle. J’aurais dû aller au Montana. La soirée gothique du « Baron » ? Pas question… et d’ailleurs, j’étais en costume de marin… faut-il le rappeler ?
Ça c’était hier -donc jeudi ! Un jour où je n’ai pas fouttu les pieds à la FIAC. Je ne pouvais pas. J’avais un texte de catalogue à écrire un en urgence.
Et là, on est donc vendredi… vendredi donc… et la journée est bien pleine. Je continue à cultiver mon de don de triquité et faire plusieurs trucs à la fois.
Je crois que je vais à nouveau faire abstraction de la Fiac toute l’après-midi pour m’intéresser au « Nouveau Festival » aujourd’hui, un événement qui met la performance, le spectacle, la chorégraphie -bref tout ce qui est in vivo- au centre du Centre (Pompidou) de Paris.
Et à 18h30, c'est-à-dire dans une heure, je retrouverai Juan à l’antenne de Nova pour lui parler de tout ça.
J’ai commencé par un rendez-vous avec Albane, une Claudinette (les hôtesses de l’art de chez Claudine Colin Communications !), à la Conciergerie pour « Le sort probable de l’homme qui avait avalé un fantôme ». Sujet, verbe, complément : c’est le titre de l’expo…
Pour ceux qui n’auraient pas encore pigé, c’est fini le temps du titre d’expo en moins de 10 caractères et qui ne veut pas dire grand chose. Aujourd’hui, ça doit occuper l’espace d’un sms et faire dans les 800 caractères ! Sinon, ça ne sert à rien. Désormais, le titre d’expo fait donc dans la phrase à rallonges, dans la citation, dans l’essence poétique, bref dans le sens pour éveiller LES sens… puis dans le rythme et dans le mouvement !
Ça ne pouvait pas échapper à un danseur et chorégraphe de talent promu commissaire d’expo à cette occasion : Christian Rizzo.
« Le sort probable de l’homme qui avait avalé un fantôme » se tient dans la salle des gens d’armes de la Conciergerie, et le titre tout en rondeurs vient adoucir la vocation de ces lieux attenant au Palais de Justice.
Au fond, à gauche, une armée de fantômes semble se diriger vers nous : un Olaf Breuning qui, entre Halloween commercial et épouvante, nous met tout de suite au parfum.
On serait donc à nouveau transposé dans un mystérieux château bien évidemment hanté comme beaucoup d’expos en ce moment… La partie de Cluedo est avancé. Où est l’objet du crime ? Qui sera la victime ?
On est directement entraîné au pied d’un catwalk et dans cette magnifique architecture du Gothique Flamboyant, entre voûtes en ogives, colonnes et rosaces, on a le sentiment d’être convié à un défilé. Mais en lieu et place des mannequins présumés, il y a des œuvres autour desquelles le spectateur défile.
Des œuvres figées dans leur mouvement, liées au corps, à la danse. Sensuelles.
Les époques se croisent comme dans cette sculpture de Folkert de Jong inspirée par la célèbre « Danseuse » de Degas : on croirait presque à une copie, sauf qu’il suffit de s’approcher pour se rendre compte que la grâce n’appartient pas qu’aux femmes dans l’univers de la danse classique. Voici un homme qui porte parfaitement bien le tutu !
En T-shirt et baskets, on a une sculpture de « Cédric » ! Tomoaki Suzuki réalise lui des scuptures hyperréalistes mais en format réduit : c’est une sorte de Duane Hanson Japonais de moins de 35 ans. Et puis dans un trop plein de consommation qui va jusqu’à l’écœurement ou du moins l’effet surplus, on a un mannequin de Daniel Firman dont on ne sait s’il croule sous ses vêtements ou s’il en renaît. Un mouvement quotidien est répété ici à l’infini. C’est la superposition des jours.
Et peu à peu, la grâce dérive vers quelque chose de plus animal : la créature de MarnieWeber issue de la Planète des Singes a quelque chose de si humain. Elle prend la pose dans ses vêtements fashion, presque hautaine. Les statuettes fluides, aux poses simples et aux silhouettes racées de Don Brown. Un Xavier Veilhan.
Côté fétichiste, on retrouve les sculptures de verre de Jean-Luc Verna. Puis les pièces animales et précieuses de Bruno Pelassy dans lesquelles le vison croise par exemple le python. Et aussi les incroyables shoes de Benoît Méléard, faîtes pour la scène plus que pour la marche et qui ont le don de métamorphoser la silhouette et réinventer la démarche. Escarpins vertigineux mais sans talons, carrés, ronds… on ne sait pas par quel bout les prendre ni où se camoufle le pied dans tout ça. Des œuvres en soi.
La mode, la grâce, l’harmonie, le mouvement, le corps… c’est tout cela que l’on retient de cette expo.
La danse est encore plus présente avec la vidéo d’un ballet de Merce Cunnigham mis en costume par Rei Kawabuko… Comme des Garçons !
Mais moi, j’ai envie de scotcher sur un de mes artistes préférés. Un de ceux qui sortent du lot dans l’expo : le perfectionniste James Lee Byars qui fait son grand retour en ce moment dans la mémoire des gens. C’est comme si on redécouvrait ce grand perfectionniste, un peu mystique, plutôt perché des seventies. Il fait aussi partie d’une expo au musée d’art moderne, « Deadline », qui fait la part belle à tous ceux qui ont été amenés à se dépasser parce qu’ils ont eu une vraie « dead line » dans leur vie, au sens propre du terme. De ces dead lines qui lorsqu’elles vous pendent au nez vous poussent à sortir vos tripes, dans l’urgence, avant de disparaître à tout jamais. Un art au bord du précipice donc.
Et pourtant léger, spirituellement engagé, matériellement ancré. A se demander comment cet artiste a pu naître à Detroit alors qu’il est autant empreint d’Orient, de philosophie. D’ailleurs, il a longuement vécu au Japon. Et à mon avis, ce n’était pour assister à des combats de Sumo !
En tout cas, sa dead line a été franchie en 97 au Caire. Avant cela, la feuille d’or était l’un de ses materiaux préférés et la performance, l’un de ses modes d’expression les plus chèrs. Ici, on retrouve ce qu’on appelle un « bonnet rouge », une traîne de soie qui a été l’objet d’une performance que l’on imagine proche du bouddhisme. C’est un rouge festif et léger.
Une traîne rouge que je gonfle mentalement d’hélium, pour monter dessus et foncer vers Beaubourg où m’attend Serge Laurent (qui s’occupe du « Spectacle Vivant » du Centre) pour une présentation express du « Nouveau Festival ».
On était synchro. 16h pile. Le tour des lieux. Un centre qui renoue avec ses origines, l’esprit des seventies. La performance. L’ouverture sur toutes les disciplines, la gratuité. La surprise. L’accident heureux.
Et c’est tout ce qu’il vient de me raconter que je dois résumer tout-à-l’heure à l’antenne de Nova. Le « Beaubourg-la-Reine », l’installation de Sophie Perez et Xavier Boussiron où sont conviées des artistes, des performers, des musiciens, des comédiens… pour un grand bœuf généralisé tout un mois durant. Philippe Katerine, Eric Duyckaerts… et bien d’autres choses. Des écrans qui se croisent, des scène qui se montent, des espaces à explorer, des danseurs qui repètent, des éclats de voix… de quoi s’émerveiller pendant un mois et sans doute toiser la « Crise » !
lundi 9 novembre 2009
Episode 74
Jeudi 22 octobre 2009
Ça sent un peu les vacances de l’art cette année la FIAC pour moi.
Je suis libre de regarder les œuvres comme je veux… et si j’ai envie de les ignorer, je peux !
Ma mission: me concentrer sur les gens. Un vrai régal ! Les looks, les sensations, les couleurs, le who’s who, les interactions relationnelles… Psychologie, sociologie, philosophie… tout est permis. Même passer toute la Fiac dans le VIP lounge du Grand Palais si je veux. Et d’ailleurs, je veux.
Pour le vernissage, hier soir, dans le VIP, j’ai collé Xavier Veilhan et Julie Rouart installés dans un canapé à l’abri des regards.
Le problème, quand on connaît les gens qu’on filme, c’est qu’ils vous offrent une coupe de champ’ et vous intègrent à la conversation. Que vous ayez une vraie caméra pointée sur eux ou un joujou Fischerprice, voire une brosse à dents… c’est pareil.
Euh ? je viens de dire que c’était un problème ?… pfff, n’importe quoi, j’adore ça ! Pas le Champ’, la connexion, la relation établie.
Est-ce que ça s’appelle « coller » d’ailleurs ? J’ai fait ça des tas de fois : m’asseoir et discuter avec des gens que j’aime.
J’ai d’ailleurs continué avec Wim Delvoye… mais l’ai-je filmé ? Pas sûr ! En plus, la conversation était trop perso.
Pas sûr non plus que j’aie filmé Melvil… pour d’autres d’autres raisons encore.
Il faut dire que c’est lui qui est venu me voir spontanément. Parce qu’on se connaît un peu et qu’on s’aime bien.
Evidemment, je ne lui ai jamais dit que j’avais passé plusieurs années à rêver de lui par épisode comme une midinette, et que d’épisode en épisode et de nuit en nuit, on s’entendait toujours mieux.
En tout cas, on a déjà passé un dîner de vernissage à papoter et on a pas mal d’amis communs… mais non, je ne l’ai pas filmé. C’était un instant qui m’appartenait. Un moment perso. Un temps suspendu. Presque intime. A quoi bon filmer ça.
De toute façon, j’étais incapable de mettre la caméra en marche sur le moment. J’étais sur une autre planète où je lui parlais de Hotmail. Parce qu’il y a moins d’un mois, je me suis retrouvée chez un de nos amis communs et qu’en me connectant à Hotmail, je suis tombée sur son adresse… preuve qu’il avait consulté ses mails juste avant moi, au même endroit. Est-ce que j’ai maté? Pas du tout ! Quelle horreur ! Je préfère les confidences.
Et puis par contre, j’ai laissé Marcus filmer ma discussion avec Jean-Charles de Castelbajac dont j’admire le travail mais aussi le personnage… un vrai passionné d’art à mon avis. J’ai adoré son exposition au Musée Galliera il y a quelques années. En plus de mettre en scène ces créations dans ce château reconstitué ou plutôt suggéré, avec pont-levis, murs tapissés et armures habitées, il avait convié des artistes qu’il suit de près. Et c’était franchement pointu. Digne de quelqu’un qui est connecté à son époque.
Il a un véritable univers. Ce n’est pas quelqu’un qui pose. Je m’en suis rendue d’ailleurs rendu compte il y a deux ou trois ans lorsque j’ai fait partie avec lui d’un jury, celui du Prix Campari qui récompensait un artiste. Alors que certains envoyaient leurs choix par procuration, lui se délectait d’étudier les dossiers de près, avec sérieux, de peser le pour et le contre et de défendre son choix tel qu’il est. C’est un véritable intérêt. Pas de l’opportunisme. Quelque chose de rare donc.
Et d’ailleurs, il m’a appris hier qu’il faisait désormais partie des artistes de « *La Bank* ». C’est top ! Si j’avais eu une galerie, j’aurais fait comme Céline et Marie-Céline, nos deux shérifs de l’art en talons aiguille : je l’aurais invité à rejoindre *La Bank* !
En tout cas, c’est très bizarre cet exercice consistant à filmer alors que vous voulez d’abord vivre le moment et ensuite, accessoirement, vous en souvenir comme si c’était hier. Finalement, dans cette histoire, il est impossible de ne pas se sentir comme un touriste japonais au bout d’un moment.
On adore mater les images après. Mais pendant, on a aussi envie de les vivre, et les vivre à travers un écran, un objectif, un viseur… c’est les vivre à travers un filtre. Ce n’est donc pas être tout-à-fait dans le réel… ni tout-à-fait dans le virtuel d’ailleurs. C’est vouloir fixer des images pour plus tard, des souvenirs, mais ce n’est pas toujours les vivre à 100%. Du moins, les vivre derrière une caméra change le point de vue sur les choses, change aussi le rapport aux gens et aux choses.
Exactement comme dans la real TV.
Sans parler du fait que le réel dépasse constamment la fiction. Le réel est vraiment plus intéressant que la fiction.
C’est une interaction, un truc qui brouille les questions spatio-temporelles, et qui est aussi capable de créer de belles situations.
Quitte à coller les gens que j’aime, j’ai suivi Bruno Peinado à la trace dans la cafète pas VIP du Grand Palais. C’était des retrouvailles, comme avec Saad la veille. Je ne vais pas tous les jours à Berlin, mais je vais encore moins à Douarnenez, cette ville Bretonne où Bruno s’est retiré avec sa moitié, Virginie Barré, et leurs deux filles. Du coup, une coupe dans une main et un balai dans l’autre, il m’a fait un ballet rien que pour la caméra. C’était extra !
Bref, au cours de la soirée, je me suis très vite prise au jeu de la caméra, j’ai surmonté cette histoire de filtre, d’intime… etc, et j’en redemande en fait ! Ça met l’adrénaline en feu !
Pour finir, j’étais tellement explosée de fatigue, qu’on a fait un dîner technique entre collègues de la chaîne au Palais de Tok… et même si Philippe Valentin fêtait son anniv en direct, j’avais plus la force de faire la fête ! Juste la force de lui faire une bise avant de filer et rêver me jeter dans mon lit toute habillée… ou alors faire un saut au Montana ! Mais privée de mon vélo, il me manquait un attribut essentiel : l’autonomie. J’ai juste chevauché la moto de Marcus pour passer une nouvelle nuit riche en rêves et en couleurs, dans le Marais, en costume de marin… ou presque!
Ça sent un peu les vacances de l’art cette année la FIAC pour moi.
Je suis libre de regarder les œuvres comme je veux… et si j’ai envie de les ignorer, je peux !
Ma mission: me concentrer sur les gens. Un vrai régal ! Les looks, les sensations, les couleurs, le who’s who, les interactions relationnelles… Psychologie, sociologie, philosophie… tout est permis. Même passer toute la Fiac dans le VIP lounge du Grand Palais si je veux. Et d’ailleurs, je veux.
Pour le vernissage, hier soir, dans le VIP, j’ai collé Xavier Veilhan et Julie Rouart installés dans un canapé à l’abri des regards.
Le problème, quand on connaît les gens qu’on filme, c’est qu’ils vous offrent une coupe de champ’ et vous intègrent à la conversation. Que vous ayez une vraie caméra pointée sur eux ou un joujou Fischerprice, voire une brosse à dents… c’est pareil.
Euh ? je viens de dire que c’était un problème ?… pfff, n’importe quoi, j’adore ça ! Pas le Champ’, la connexion, la relation établie.
Est-ce que ça s’appelle « coller » d’ailleurs ? J’ai fait ça des tas de fois : m’asseoir et discuter avec des gens que j’aime.
J’ai d’ailleurs continué avec Wim Delvoye… mais l’ai-je filmé ? Pas sûr ! En plus, la conversation était trop perso.
Pas sûr non plus que j’aie filmé Melvil… pour d’autres d’autres raisons encore.
Il faut dire que c’est lui qui est venu me voir spontanément. Parce qu’on se connaît un peu et qu’on s’aime bien.
Evidemment, je ne lui ai jamais dit que j’avais passé plusieurs années à rêver de lui par épisode comme une midinette, et que d’épisode en épisode et de nuit en nuit, on s’entendait toujours mieux.
En tout cas, on a déjà passé un dîner de vernissage à papoter et on a pas mal d’amis communs… mais non, je ne l’ai pas filmé. C’était un instant qui m’appartenait. Un moment perso. Un temps suspendu. Presque intime. A quoi bon filmer ça.
De toute façon, j’étais incapable de mettre la caméra en marche sur le moment. J’étais sur une autre planète où je lui parlais de Hotmail. Parce qu’il y a moins d’un mois, je me suis retrouvée chez un de nos amis communs et qu’en me connectant à Hotmail, je suis tombée sur son adresse… preuve qu’il avait consulté ses mails juste avant moi, au même endroit. Est-ce que j’ai maté? Pas du tout ! Quelle horreur ! Je préfère les confidences.
Et puis par contre, j’ai laissé Marcus filmer ma discussion avec Jean-Charles de Castelbajac dont j’admire le travail mais aussi le personnage… un vrai passionné d’art à mon avis. J’ai adoré son exposition au Musée Galliera il y a quelques années. En plus de mettre en scène ces créations dans ce château reconstitué ou plutôt suggéré, avec pont-levis, murs tapissés et armures habitées, il avait convié des artistes qu’il suit de près. Et c’était franchement pointu. Digne de quelqu’un qui est connecté à son époque.
Il a un véritable univers. Ce n’est pas quelqu’un qui pose. Je m’en suis rendue d’ailleurs rendu compte il y a deux ou trois ans lorsque j’ai fait partie avec lui d’un jury, celui du Prix Campari qui récompensait un artiste. Alors que certains envoyaient leurs choix par procuration, lui se délectait d’étudier les dossiers de près, avec sérieux, de peser le pour et le contre et de défendre son choix tel qu’il est. C’est un véritable intérêt. Pas de l’opportunisme. Quelque chose de rare donc.
Et d’ailleurs, il m’a appris hier qu’il faisait désormais partie des artistes de « *La Bank* ». C’est top ! Si j’avais eu une galerie, j’aurais fait comme Céline et Marie-Céline, nos deux shérifs de l’art en talons aiguille : je l’aurais invité à rejoindre *La Bank* !
En tout cas, c’est très bizarre cet exercice consistant à filmer alors que vous voulez d’abord vivre le moment et ensuite, accessoirement, vous en souvenir comme si c’était hier. Finalement, dans cette histoire, il est impossible de ne pas se sentir comme un touriste japonais au bout d’un moment.
On adore mater les images après. Mais pendant, on a aussi envie de les vivre, et les vivre à travers un écran, un objectif, un viseur… c’est les vivre à travers un filtre. Ce n’est donc pas être tout-à-fait dans le réel… ni tout-à-fait dans le virtuel d’ailleurs. C’est vouloir fixer des images pour plus tard, des souvenirs, mais ce n’est pas toujours les vivre à 100%. Du moins, les vivre derrière une caméra change le point de vue sur les choses, change aussi le rapport aux gens et aux choses.
Exactement comme dans la real TV.
Sans parler du fait que le réel dépasse constamment la fiction. Le réel est vraiment plus intéressant que la fiction.
C’est une interaction, un truc qui brouille les questions spatio-temporelles, et qui est aussi capable de créer de belles situations.
Quitte à coller les gens que j’aime, j’ai suivi Bruno Peinado à la trace dans la cafète pas VIP du Grand Palais. C’était des retrouvailles, comme avec Saad la veille. Je ne vais pas tous les jours à Berlin, mais je vais encore moins à Douarnenez, cette ville Bretonne où Bruno s’est retiré avec sa moitié, Virginie Barré, et leurs deux filles. Du coup, une coupe dans une main et un balai dans l’autre, il m’a fait un ballet rien que pour la caméra. C’était extra !
Bref, au cours de la soirée, je me suis très vite prise au jeu de la caméra, j’ai surmonté cette histoire de filtre, d’intime… etc, et j’en redemande en fait ! Ça met l’adrénaline en feu !
Pour finir, j’étais tellement explosée de fatigue, qu’on a fait un dîner technique entre collègues de la chaîne au Palais de Tok… et même si Philippe Valentin fêtait son anniv en direct, j’avais plus la force de faire la fête ! Juste la force de lui faire une bise avant de filer et rêver me jeter dans mon lit toute habillée… ou alors faire un saut au Montana ! Mais privée de mon vélo, il me manquait un attribut essentiel : l’autonomie. J’ai juste chevauché la moto de Marcus pour passer une nouvelle nuit riche en rêves et en couleurs, dans le Marais, en costume de marin… ou presque!
dimanche 8 novembre 2009
Episode 73 bis
XXXXXXX
Mercredi 21 octobre (bis)
Hier, au petit matin, j’ai eu des envies années 20-30 avant de sortir de chez moi. C’était le moment de porter ma marinière avec sa large collerette carrée, presque une capeline, et une robe de dentelle violette.
Je ne me doutais pas encore que j’allais devenir « matelot », « matelotte », « marin », « marine », « gars de la marine »… ma marinière a beaucoup plu et surtout, elle m’a permis de déclarer que j’essayais effectivement de surnager dans l’océan artistique.
Vu tous les requins qui baignent dans le même liquide que moi, délicat poisson-chat, je commence à me demander si je ne suis pas en train de muter. Je suis dotée d’une paire d’ailes -ou d’ailerons- qui me permet de papillonner.
Mais surtout, je ne pensais pas que j’allais porter les mêmes fringues pour le vernissage d’hier, à la Cour Carrée du Louvre… et le vernissage d’aujourd’hui, au Grand Palais. Impossible de rentrer chez moi, dans ma forêt chérie, entre hier et aujourd’hui… et ce soir, rejoindre mon home sweet home ? Je ne garantis rien !
Etendue dans le VIP lounge du Grand Palais, caméra au poing -une HD qui tient dans la main- j’essaie d’ailleurs de me rappeler tout ce que j’ai fait depuis hier. Cette caméra est devenue une extension de ma main.
La main droite, celle qui écrit, s’est mise il y a quelques jours à pointer sur des séquences réelles de ma vie et à les enregistrer. C’est un exercice marrant. Par contre, ma main qui écrit est toujours en mouvement et a naturellement tendance à bouger… un peu trop pour la caméra. Du coup, dans un premier temps, les spectateurs de mes images auront le mal de mer… ce qui donne une légitimité supplémentaire à ma marinière.
Hier, j’ai fait mes premiers pas dans la vidéo in vivo au petit matin dans un hôtel du Trocadéro, « La Réserve », où j’étais conviée à un « petit déjeuner japonais » autour d’une expo. On devait venir me chercher en Motocab mais le conducteur en question a eu un accident. Rien ne vaut le vélo !
Est-ce le retour de la grande mode des expositions en appartement, de l’art in-situ qui pousse tranquillement dans nos habitats et nos chambres d’hôtel. Peut-être bien. Enfin, c’est aussi la mode des hôtels qui se mettent à l’art contemporain, et c’est vraiment pas du luxe… il était temps. Enfin, là, c’est la troisième édition de « Chambres à part », et on passe d’une pièce à l’autre. Je suis en compagnie de mon pote Nicolas Ledoux qui a participé à l’exposition. Quand il ne fait pas travailler la machine à faux-cartons d’invitation, il fait des dessins plein d’humour qui détournent le milieu de l’art contemporain dans lequel il baigne lui-même. Et sinon, je retrouve une série d’artistes que j’aime tout particulièrement comme Yi Zhou, Dominique Blais, Jeppe Hein, Iris Van Dongen, Terence Koh, Aaron Young… et beaucoup d’autres.
Mais bon, c’est la FIAC qui occupe tous nos esprits, on passe par les Tuileries pour vite se rendre à la Cour Carrée… et on peut admirer au passage les sculptures qui ne s’animent pas sur notre passage.
A part peut-être le cœur géant surmonté d’un perroquet de Jim Dine ou les personnages informes d’Ugo Rondinone à côté desquels tous les touristes posent. Ils ont ce côté ouvert à tous, sympathiques, un rien Walt Disney… le touriste se les approprie facilement pour une photo. Le bonhomme de neige de Pierre Ardouvin a lui aussi ce côté amical et spectral… à quelques jours d’Halloween, ces deux œuvres ont un côté amicalement grinçant qu’on apprécie quand les nuits s’allongent, que le froid s’installe peu à peu sur la ville…
Bon, et puis même si je n’ai jamais été fan de Barry Flanagan et de ses grands lièvres de bronze et de facture très classique, je ne peux m’empêcher de relever sa présence alle aussi fantomatique dans le Jardin des Tuileries à travers une œuvre dont je ne comprends que le titre - « Large Presidential Election »- mais pas vraiment les formes informes taillées dans le bronze… juste de quoi se rappeler qu’il nous a quitté cet été et que sa présence n’a rien à voir avec sa disparition…juste un clin d’œil.
Est-ce pour cela que les Giraud et Siboni ont eu envie de tout faire péter le soir-même et d’une seule fois ? Une détonation du tonnerre de brest pour un feu d’artifice du mardi soir, aussi grandiose que frustrant. Un bouquet, un son qui tue… et salut ! This is the show and the show is many things (comme le titre d’une expo qui a eu lieu à Gand il y a quelques temps)… and the show must go on !
Dans la soirée, pour le vernissage de la Cour Carrée, après avoir fait mollement le tour des stands et salué tout ce qui bouge avec l’impression de retrouver la « family » pour un grand mariage d’une semaine… après avoir pris plaisir à retrouver quelques cousins, tantes et oncles, neveux et nièces, éviter quelques grand-tantes encombrantes et à la langue bien pendue et grands-oncles libidineux, après avoir pris des photos souvenirs sous des œuvres délicates…
J’ai rencontré par exemple mon chèr Saad (Afif) que je n’avais pas vu depuis longtemps parce qu’il vit la plupart du temps à Berlin. Il continue à m’appeler « Anaïd D’amour », le plus beau surnom qu’on ait pu me donner depuis toujours. Il est l’un des quatre artistes sélectionnés pour le Prix Marcel Duchamp : une œuvre dévolue au son. « Afif » signifie « léger » en arabe et Saad a toujours l’air aussi léger qu’un pinson. Mais hier tout particulièrement, il avat l’air de planer au-dessus des nuages, débordant de bonheur… encore plus que d’habitude, comme s’il avait appris la plus belle nouvelle de tous les temps. On a siroté ensemble une coupe de champ’, aucune fuite, il n’a rien laissé échappé mais mon sixième sens m’a alerté. S’il s’agit de ce que je crois, je suis ravie pour lui.
Ensuite, j’ai retrouvé Marcus, Valéry et Delphine. On s’est installés au centre de la Cour Carrée. A la cafète et pendant que les chaises commençaient à se faire rare et l’air plus dense, la caméra a commencé à se réveiller doucement d’un doux et long rêve.
Là, à quelques centimètres de nous, elle s’est mise à observer un drôle de mec avec un chapeau et des yeux globuleux : notre Fabrice Bousteau national, le rédacteur en chef de Beaux-Arts Magazine. Enregistré.
Etrange ce sentiment d’être devenue une sorte de paparazzi de l’art depuis 24h…
C’était pour « FIAC ME, I’M FAMOUS », un programme Anaïdien sur-mesure pour la chaîne de Marcus Kreiss. « Souvenirs from Earth ».
Je suis -du verbe suivre- à pas de chats et j’enregistre l’image de mes VIP à moi, les gens que j’aime qui font que l’art est «so different so appealing » comme un collage de 56 de Richard Hamilton, l’inventeur du Pop Art Anglais. Les extra-terrestres du show-bizz ne sont évidemment pas exclus de mes enregistrements, du moment qu’ils s’intéressent à l’art. Mais je crois que dès maintenant, je vais changer mon fusil d’épaule. Je n’ai pas l’âme d’une paparazzi. Je vais prévenir les gens que je filme avant même de les filmer. Faire des sortes d’interviews, même si l’on sait que le son sera zappé. Et le son sera naturellement zappé car j’ai trouvé un truc : je passe mes films au ralenti… ce qui fait que le son comme l’image nous donne l’impression d’être dans un monde à part, en appesanteur. Comme un souvenir lointain, un « Souvenir from Earth » surtout !
Et c’est tout naturellement pour « Souvenirs from Earth »… une chaîne télé qui ne s’appelle pas TF1, France 1, France 2, W6, TNT, LCI, Itélé… etc, etc, c’est « Souvenirs ».
Est-ce qu’on n’a pas le droit de mettre un peu de poésie dans le titre d’une chaîne télé ? Celle-ci a été imaginée il y a de cela des années, par un artiste -Marcus Kreiss-, pour les artistes mais aussi les amateurs et autres passionnés d’art.
L’idée : pas de langage. Pas de barrage linguistique. On se contente du visuel, au plus fort du terme et du sonore, au sens le plus sensuel.
C’est l’image est les sensations qu’elle dégage, et non le langage, qui a le dessus sur « Souvenirs from Earth ». Et on contemple l’écran comme d’autres contempleraient un aquarium ou un bon feu. Avec la liberté de s’en détacher quelques instant pour mieux y revenir.
C’est la chaleur cathodique, tout simplement.
Y défilent de nombreuses vidéos d’art, mais aussi des clips arty toute la journée. C’est un peu le bébé de Marcus cette chaîne !
On en parlait déjà ensemble, il y a au moins 10 ou 15 ans, dans le Lubéron, avec Marcus, Olivier Reneau et Alain-Guillaume Poirier, alors que je passais mes vacances à Lourmarin.
Depuis, l’idée de Marcus s’est concrétisée. « Souvenirs » émet entre autres sur le canal 129 de la Free Box, et aussi sur SFR… mais bon, je ne suis pas sûre de tout comprendre sur le plan technique pour y arriver. Mais heureusement, il y a le site Internet qui fait relais.
Depuis quelques temps, la chaîne prend d’ailleurs enfin une réelle envergure. Elle avait trop d’avance sur son temps jusque-là. Marcus a été rejoint par Bernard et quelques autres personnages qui savent que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain et qui n’ont pas peur de parier sur des ovnis. Des intuitifs qui comprennent l’époque.
Et moi, ce soir, dans le VIP lounge du Grand Palais, alors que la nuit tombe sur la ville et que je suis dans cet écrin qui brille de mille feux, je sens que je ne vais pas pouvoir rentrer chez moi ce soir encore… et je sens que je vais encore me coltiner ma marinière bleue, ma robe de dentelle violette et tout le reste demain ! Rien à faire, il va falloir passer m’acheter un miminum de trucs dans une boutique… juste pour changer l’essentiel ! Je suis prise en otage… « Fiac me… I’m famous » !!!
Mercredi 21 octobre (bis)
Hier, au petit matin, j’ai eu des envies années 20-30 avant de sortir de chez moi. C’était le moment de porter ma marinière avec sa large collerette carrée, presque une capeline, et une robe de dentelle violette.
Je ne me doutais pas encore que j’allais devenir « matelot », « matelotte », « marin », « marine », « gars de la marine »… ma marinière a beaucoup plu et surtout, elle m’a permis de déclarer que j’essayais effectivement de surnager dans l’océan artistique.
Vu tous les requins qui baignent dans le même liquide que moi, délicat poisson-chat, je commence à me demander si je ne suis pas en train de muter. Je suis dotée d’une paire d’ailes -ou d’ailerons- qui me permet de papillonner.
Mais surtout, je ne pensais pas que j’allais porter les mêmes fringues pour le vernissage d’hier, à la Cour Carrée du Louvre… et le vernissage d’aujourd’hui, au Grand Palais. Impossible de rentrer chez moi, dans ma forêt chérie, entre hier et aujourd’hui… et ce soir, rejoindre mon home sweet home ? Je ne garantis rien !
Etendue dans le VIP lounge du Grand Palais, caméra au poing -une HD qui tient dans la main- j’essaie d’ailleurs de me rappeler tout ce que j’ai fait depuis hier. Cette caméra est devenue une extension de ma main.
La main droite, celle qui écrit, s’est mise il y a quelques jours à pointer sur des séquences réelles de ma vie et à les enregistrer. C’est un exercice marrant. Par contre, ma main qui écrit est toujours en mouvement et a naturellement tendance à bouger… un peu trop pour la caméra. Du coup, dans un premier temps, les spectateurs de mes images auront le mal de mer… ce qui donne une légitimité supplémentaire à ma marinière.
Hier, j’ai fait mes premiers pas dans la vidéo in vivo au petit matin dans un hôtel du Trocadéro, « La Réserve », où j’étais conviée à un « petit déjeuner japonais » autour d’une expo. On devait venir me chercher en Motocab mais le conducteur en question a eu un accident. Rien ne vaut le vélo !
Est-ce le retour de la grande mode des expositions en appartement, de l’art in-situ qui pousse tranquillement dans nos habitats et nos chambres d’hôtel. Peut-être bien. Enfin, c’est aussi la mode des hôtels qui se mettent à l’art contemporain, et c’est vraiment pas du luxe… il était temps. Enfin, là, c’est la troisième édition de « Chambres à part », et on passe d’une pièce à l’autre. Je suis en compagnie de mon pote Nicolas Ledoux qui a participé à l’exposition. Quand il ne fait pas travailler la machine à faux-cartons d’invitation, il fait des dessins plein d’humour qui détournent le milieu de l’art contemporain dans lequel il baigne lui-même. Et sinon, je retrouve une série d’artistes que j’aime tout particulièrement comme Yi Zhou, Dominique Blais, Jeppe Hein, Iris Van Dongen, Terence Koh, Aaron Young… et beaucoup d’autres.
Mais bon, c’est la FIAC qui occupe tous nos esprits, on passe par les Tuileries pour vite se rendre à la Cour Carrée… et on peut admirer au passage les sculptures qui ne s’animent pas sur notre passage.
A part peut-être le cœur géant surmonté d’un perroquet de Jim Dine ou les personnages informes d’Ugo Rondinone à côté desquels tous les touristes posent. Ils ont ce côté ouvert à tous, sympathiques, un rien Walt Disney… le touriste se les approprie facilement pour une photo. Le bonhomme de neige de Pierre Ardouvin a lui aussi ce côté amical et spectral… à quelques jours d’Halloween, ces deux œuvres ont un côté amicalement grinçant qu’on apprécie quand les nuits s’allongent, que le froid s’installe peu à peu sur la ville…
Bon, et puis même si je n’ai jamais été fan de Barry Flanagan et de ses grands lièvres de bronze et de facture très classique, je ne peux m’empêcher de relever sa présence alle aussi fantomatique dans le Jardin des Tuileries à travers une œuvre dont je ne comprends que le titre - « Large Presidential Election »- mais pas vraiment les formes informes taillées dans le bronze… juste de quoi se rappeler qu’il nous a quitté cet été et que sa présence n’a rien à voir avec sa disparition…juste un clin d’œil.
Est-ce pour cela que les Giraud et Siboni ont eu envie de tout faire péter le soir-même et d’une seule fois ? Une détonation du tonnerre de brest pour un feu d’artifice du mardi soir, aussi grandiose que frustrant. Un bouquet, un son qui tue… et salut ! This is the show and the show is many things (comme le titre d’une expo qui a eu lieu à Gand il y a quelques temps)… and the show must go on !
Dans la soirée, pour le vernissage de la Cour Carrée, après avoir fait mollement le tour des stands et salué tout ce qui bouge avec l’impression de retrouver la « family » pour un grand mariage d’une semaine… après avoir pris plaisir à retrouver quelques cousins, tantes et oncles, neveux et nièces, éviter quelques grand-tantes encombrantes et à la langue bien pendue et grands-oncles libidineux, après avoir pris des photos souvenirs sous des œuvres délicates…
J’ai rencontré par exemple mon chèr Saad (Afif) que je n’avais pas vu depuis longtemps parce qu’il vit la plupart du temps à Berlin. Il continue à m’appeler « Anaïd D’amour », le plus beau surnom qu’on ait pu me donner depuis toujours. Il est l’un des quatre artistes sélectionnés pour le Prix Marcel Duchamp : une œuvre dévolue au son. « Afif » signifie « léger » en arabe et Saad a toujours l’air aussi léger qu’un pinson. Mais hier tout particulièrement, il avat l’air de planer au-dessus des nuages, débordant de bonheur… encore plus que d’habitude, comme s’il avait appris la plus belle nouvelle de tous les temps. On a siroté ensemble une coupe de champ’, aucune fuite, il n’a rien laissé échappé mais mon sixième sens m’a alerté. S’il s’agit de ce que je crois, je suis ravie pour lui.
Ensuite, j’ai retrouvé Marcus, Valéry et Delphine. On s’est installés au centre de la Cour Carrée. A la cafète et pendant que les chaises commençaient à se faire rare et l’air plus dense, la caméra a commencé à se réveiller doucement d’un doux et long rêve.
Là, à quelques centimètres de nous, elle s’est mise à observer un drôle de mec avec un chapeau et des yeux globuleux : notre Fabrice Bousteau national, le rédacteur en chef de Beaux-Arts Magazine. Enregistré.
Etrange ce sentiment d’être devenue une sorte de paparazzi de l’art depuis 24h…
C’était pour « FIAC ME, I’M FAMOUS », un programme Anaïdien sur-mesure pour la chaîne de Marcus Kreiss. « Souvenirs from Earth ».
Je suis -du verbe suivre- à pas de chats et j’enregistre l’image de mes VIP à moi, les gens que j’aime qui font que l’art est «so different so appealing » comme un collage de 56 de Richard Hamilton, l’inventeur du Pop Art Anglais. Les extra-terrestres du show-bizz ne sont évidemment pas exclus de mes enregistrements, du moment qu’ils s’intéressent à l’art. Mais je crois que dès maintenant, je vais changer mon fusil d’épaule. Je n’ai pas l’âme d’une paparazzi. Je vais prévenir les gens que je filme avant même de les filmer. Faire des sortes d’interviews, même si l’on sait que le son sera zappé. Et le son sera naturellement zappé car j’ai trouvé un truc : je passe mes films au ralenti… ce qui fait que le son comme l’image nous donne l’impression d’être dans un monde à part, en appesanteur. Comme un souvenir lointain, un « Souvenir from Earth » surtout !
Et c’est tout naturellement pour « Souvenirs from Earth »… une chaîne télé qui ne s’appelle pas TF1, France 1, France 2, W6, TNT, LCI, Itélé… etc, etc, c’est « Souvenirs ».
Est-ce qu’on n’a pas le droit de mettre un peu de poésie dans le titre d’une chaîne télé ? Celle-ci a été imaginée il y a de cela des années, par un artiste -Marcus Kreiss-, pour les artistes mais aussi les amateurs et autres passionnés d’art.
L’idée : pas de langage. Pas de barrage linguistique. On se contente du visuel, au plus fort du terme et du sonore, au sens le plus sensuel.
C’est l’image est les sensations qu’elle dégage, et non le langage, qui a le dessus sur « Souvenirs from Earth ». Et on contemple l’écran comme d’autres contempleraient un aquarium ou un bon feu. Avec la liberté de s’en détacher quelques instant pour mieux y revenir.
C’est la chaleur cathodique, tout simplement.
Y défilent de nombreuses vidéos d’art, mais aussi des clips arty toute la journée. C’est un peu le bébé de Marcus cette chaîne !
On en parlait déjà ensemble, il y a au moins 10 ou 15 ans, dans le Lubéron, avec Marcus, Olivier Reneau et Alain-Guillaume Poirier, alors que je passais mes vacances à Lourmarin.
Depuis, l’idée de Marcus s’est concrétisée. « Souvenirs » émet entre autres sur le canal 129 de la Free Box, et aussi sur SFR… mais bon, je ne suis pas sûre de tout comprendre sur le plan technique pour y arriver. Mais heureusement, il y a le site Internet qui fait relais.
Depuis quelques temps, la chaîne prend d’ailleurs enfin une réelle envergure. Elle avait trop d’avance sur son temps jusque-là. Marcus a été rejoint par Bernard et quelques autres personnages qui savent que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain et qui n’ont pas peur de parier sur des ovnis. Des intuitifs qui comprennent l’époque.
Et moi, ce soir, dans le VIP lounge du Grand Palais, alors que la nuit tombe sur la ville et que je suis dans cet écrin qui brille de mille feux, je sens que je ne vais pas pouvoir rentrer chez moi ce soir encore… et je sens que je vais encore me coltiner ma marinière bleue, ma robe de dentelle violette et tout le reste demain ! Rien à faire, il va falloir passer m’acheter un miminum de trucs dans une boutique… juste pour changer l’essentiel ! Je suis prise en otage… « Fiac me… I’m famous » !!!
jeudi 5 novembre 2009
Episode 73
Mercredi 21 octobre
J’ai à peine goûté les pignons qui baignaient dans mon jus de gingembre chaud ce matin que j’étais déjà entraînée par monts et par vaux sous la pluie et en ballerines -désormais défoncées- à travers Paris et sa FIAC.
Mais au moins, je retrouve mes chèrs pignons au dèj, dans ma salade, au « Café Blanc » de Courrèges.
J’avais envie de tester les lieux, entre deux rendez-vous pendant cette incroyable course-poursuite à travers les 100 et 1 évènements « on » et « off » de la Foire Internationale d’Art Contemporain de Paris.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’entrer ici parce qu’on ne peut pas passer Rue François 1er l’estomac dans les talons et les talons dans la fashion sans lécher goulument les vitrines de Monsieur Courrèges… De là à me dire que j’allais passer de la lèche à la nutrition ! De là à me dire que j’allais trouver un coin pour y picorer une salade alors que je rêve d’un sac, d’une paire de shoes ou de bottes… il n’y avait pourtant qu’un pas.
Et côté couleurs, je me sens parfaitement intégrée.
J’ai un gilet d’un mauve très Courrèges : c'est-à-dire un mauve qui ne fait pas mémé ni pervenche mais un mauve dynamique qui vous projette directement dans un temps X, un rétrofutur ! Seul Courrèges peut jouer du mauve sans jamais tomber dans la guimauve !
Et bien que défoncées, mes Repetto argent à facettes holographiques s’intègrent elles aussi parfaitement ce cadre dans lequel je suis entrée.
Ici, les serveuses ne sont pas des serveuses mais des hôtesses rétrofuturistes tout de blanc vêtues - des créatures des années 70 projetées dans un futur rêvé dans les années 70- et elles sont censées onduler l’air impassible dans l’espace, vers les pauvres nous - des convives publiquement affamés- comme dans un film de Kubrick. T.shirt, baskets, jean’s… tout est blanc chez elles. Un blanc extra-terrestre.
Je suis assise sur l’un de ces sièges de skaï, face à une plaque de néon qui passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Je me laisse absorber. Je crois que ça m’apaise, m’exalte, soulage ma fatigue. 2 jours que je n’ai pas avalé mes comprimés de ginseng. Mais sous le néon circulaire qui donne une atmosphère lunaire aux lieux, j’imagine que je ne crains rien. C’est comme une aura ou mieux, une auréole.
Installée à cette table ronde, une photo fashion des seventies à ma droite, je croque ma salade tout en me sentant étrangement prise au piège.
J’adore Courrèges et le style Courrèges est tout autour de moi, et pourtant, j’ai le sentiment d’être plongée dans la version cheap d’un des créateurs de mon top 10. Et je me vois ici, grignotant une salade top-basique à 10 euros, avec le sentiment que l’on m’a vendu un demi-rêve. La restauration ne suit pas le niveau. La bouffe n’est pas au niveau de la déco qui n’est pas au niveau du talent immense du créateur. Il y a comme un essoufflement. On prend un ticket pour le rêve et finalement, on nous réveille avant la fin du film.
Quelque chose est à revoir. Il faudrait que les salades aient un truc spécial, qu’on y glisse des graines de sésame qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. Ou des algues. Ou qu’on y trouve tout un tas d’aliments blancs. Des laits végétaux de toutes sortes avec des sirops pastels intégrés, des yaourts de chèvre piqués de graines de pavot et de miel, des pétales de roses marinant dans la réglisse, de la coriandre, du gingembre-citron, infusé de jus de grenade… des salades vérolées de fruits rouges. Des algues régénérantes et de la verdure dans des packages blancs en résine… des fruits gorgés de vie et des plantes énergétiques. J’aurais voulu un fridge qui ne ressemble à aucun autre, que le contenu soit pur, et ait un goût rétrofuturiste, sain et bio.
Je sais, je rêve.
Mais ça me gène de déjeuner chez Coqueline et son mec et brusquement me dire que je suis peut-être dans la cafète du BHV.
A y réfléchir, ils auraient dû demander à Martine Aballéa de designer les aliments, d’inventer des menus monchromes ou arc-en-ciel et de leur trouver des noms qui font voyager.
On aurait sûrement eu droit à des eaux vertes, des potions violettes et des boissons rondes… Des fondants cosmiques, de la neige végétale, des « potages antiques » et autre confit végétal… je rêve de « Mousses au sirop », « Bouillon du lac », « Bonbons marines », Gâteau magnétique croustillant, Fruits nocturnes, Bouillie brillante, Sel de tempête… etc, etc, etc.
Bon, de toute façon, côté rêve, je vais me finir dans la boutique, juste à côté avant de reprendre mes aventures au cœur de la Fiac !
J’ai à peine goûté les pignons qui baignaient dans mon jus de gingembre chaud ce matin que j’étais déjà entraînée par monts et par vaux sous la pluie et en ballerines -désormais défoncées- à travers Paris et sa FIAC.
Mais au moins, je retrouve mes chèrs pignons au dèj, dans ma salade, au « Café Blanc » de Courrèges.
J’avais envie de tester les lieux, entre deux rendez-vous pendant cette incroyable course-poursuite à travers les 100 et 1 évènements « on » et « off » de la Foire Internationale d’Art Contemporain de Paris.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’entrer ici parce qu’on ne peut pas passer Rue François 1er l’estomac dans les talons et les talons dans la fashion sans lécher goulument les vitrines de Monsieur Courrèges… De là à me dire que j’allais passer de la lèche à la nutrition ! De là à me dire que j’allais trouver un coin pour y picorer une salade alors que je rêve d’un sac, d’une paire de shoes ou de bottes… il n’y avait pourtant qu’un pas.
Et côté couleurs, je me sens parfaitement intégrée.
J’ai un gilet d’un mauve très Courrèges : c'est-à-dire un mauve qui ne fait pas mémé ni pervenche mais un mauve dynamique qui vous projette directement dans un temps X, un rétrofutur ! Seul Courrèges peut jouer du mauve sans jamais tomber dans la guimauve !
Et bien que défoncées, mes Repetto argent à facettes holographiques s’intègrent elles aussi parfaitement ce cadre dans lequel je suis entrée.
Ici, les serveuses ne sont pas des serveuses mais des hôtesses rétrofuturistes tout de blanc vêtues - des créatures des années 70 projetées dans un futur rêvé dans les années 70- et elles sont censées onduler l’air impassible dans l’espace, vers les pauvres nous - des convives publiquement affamés- comme dans un film de Kubrick. T.shirt, baskets, jean’s… tout est blanc chez elles. Un blanc extra-terrestre.
Je suis assise sur l’un de ces sièges de skaï, face à une plaque de néon qui passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Je me laisse absorber. Je crois que ça m’apaise, m’exalte, soulage ma fatigue. 2 jours que je n’ai pas avalé mes comprimés de ginseng. Mais sous le néon circulaire qui donne une atmosphère lunaire aux lieux, j’imagine que je ne crains rien. C’est comme une aura ou mieux, une auréole.
Installée à cette table ronde, une photo fashion des seventies à ma droite, je croque ma salade tout en me sentant étrangement prise au piège.
J’adore Courrèges et le style Courrèges est tout autour de moi, et pourtant, j’ai le sentiment d’être plongée dans la version cheap d’un des créateurs de mon top 10. Et je me vois ici, grignotant une salade top-basique à 10 euros, avec le sentiment que l’on m’a vendu un demi-rêve. La restauration ne suit pas le niveau. La bouffe n’est pas au niveau de la déco qui n’est pas au niveau du talent immense du créateur. Il y a comme un essoufflement. On prend un ticket pour le rêve et finalement, on nous réveille avant la fin du film.
Quelque chose est à revoir. Il faudrait que les salades aient un truc spécial, qu’on y glisse des graines de sésame qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. Ou des algues. Ou qu’on y trouve tout un tas d’aliments blancs. Des laits végétaux de toutes sortes avec des sirops pastels intégrés, des yaourts de chèvre piqués de graines de pavot et de miel, des pétales de roses marinant dans la réglisse, de la coriandre, du gingembre-citron, infusé de jus de grenade… des salades vérolées de fruits rouges. Des algues régénérantes et de la verdure dans des packages blancs en résine… des fruits gorgés de vie et des plantes énergétiques. J’aurais voulu un fridge qui ne ressemble à aucun autre, que le contenu soit pur, et ait un goût rétrofuturiste, sain et bio.
Je sais, je rêve.
Mais ça me gène de déjeuner chez Coqueline et son mec et brusquement me dire que je suis peut-être dans la cafète du BHV.
A y réfléchir, ils auraient dû demander à Martine Aballéa de designer les aliments, d’inventer des menus monchromes ou arc-en-ciel et de leur trouver des noms qui font voyager.
On aurait sûrement eu droit à des eaux vertes, des potions violettes et des boissons rondes… Des fondants cosmiques, de la neige végétale, des « potages antiques » et autre confit végétal… je rêve de « Mousses au sirop », « Bouillon du lac », « Bonbons marines », Gâteau magnétique croustillant, Fruits nocturnes, Bouillie brillante, Sel de tempête… etc, etc, etc.
Bon, de toute façon, côté rêve, je vais me finir dans la boutique, juste à côté avant de reprendre mes aventures au cœur de la Fiac !
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