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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mercredi 13 janvier 2010

EPISODE 78

Lundi 26 octobre 2009

Difficile de me souvenir de tout. J’ai des flashs de fins de foire. Le livre de Jean-Michel Othoniel en pop up chez Dilecta et Jean-Michel qui tourne les pages une à une face à ma caméra. Thomas Lélu qui tourne autour d’une œuvre circulaire de Jean-Michel, toujours au même endroit.
Galerie Perrotin.
A Versailles, un borsalino et un curseur orange dans les jardins de Le Nôtre. Des architectes en 3 D. Des sculptures à facettes. Des œuvres violettes, tout droit sorties du ventre d’un ordinateur, signées Veilhan. Des arômes de mandarine se mèlent aux odeurs de cire du Château. Ça me revient par flux, des tas d’images. Des jets d’eau. Le Palais des Glaces.
Marcus qui me pilote à moto du Grand Palais à la Cour Carrée du Louvre. Myrtille et moi sur les Champs-El, entre le bureau et le Grand Palais, sous une pluie glaçante. De l’été indien aussi c’est la fin.
Bousteau fait des grands gestes à la cafète de la FIAC-Cour Carrée. Aux Tuileries, les sculptures et install retiennent à peine mon attention cette année. Une coupe de Champ’ avec Bruno Peinado mimant un généreux balayage le soir du vernissage, exclusivement pour ma caméra. Une autre coupe avec Xavier Veilhan, une autre avec Saad… pas toutes le même jour. Toutes me ramènent au moins quinze ans en arrière quand le Champ’ ne coulait pas à flot dans l’art. Mais l’art préfère les périodes de crise. Grichka est au Bal Jaune. Je sors mon Joker le lendemain-même : séance de coloriage-collage avec l’homme qui organise des expos dans son frigo. Dans ma banque d’images, il y a aussi l’homme qui tire plus vite que son ombre et que j’ai failli prendre dans mon lasso. Les cantinières au sourire chirurgical de chez Cardin habillées en blanc comme des infirmières.
Juste avant que la dernière heure de la FIAC ne retentisse, je traîne dans un sofa. Je m’alanguis, si ça se trouve, pendant deux minutes, je me prends même pour une nouvelle Olympia! On me signale des problèmes de badges qui ont été éhontément vendus à la sauvette à la sortie. 2009 : année étonnante! Le début d’un nouveau cycle probablement.
Je vois ma Géraldine préférée, celle qui a un je-ne-sais-quoi de Marlène Jobert, débarquer en mode famille nombreuse dans le VIP… et ça lui va bien.
Charlelie Couture s’arrête sur moi et me sourit comme s’il me connaissait. Comme un avion sans ailes, je chantonne dans ma tête des chansons qu’il ne chante plus. En revanche, il a repris ses pinceaux et il lui arrive de raviver autour de lui des effluves de térébenthine qui nous ramènent aux Beaux-Arts de Nancy où il a fait ses classes… 2009, il peint et fait de la photo à New York depuis plusieurs années déjà. Pendant ce temps, son demi-frère, Tom Novembre, produit une nouvelle émission d’art à Paris. Assez VIP. Puisque le VIP fait vendre en temps de crise.
Une ou deux heures avant le gong final de la FIAC 2009, je suis déchaînée. Je sors de moi-même. Mon corps gît en dessous de mon esprit, vif à souhait, prêt à harponner de savants dialogues et de charmants sourires. Je peux faire parler les tables, les verres, détamer les miroirs, faire trembler les murs… sans bouger !
Du coup, je hèle un drôle de mec tout énervé, hystérique. Très grand, très sec, très nerveux. On dirait une énorme sauterelle. Le matin-même, il était à Versailles. On aurait dit qu’il était entouré d’un essaim de guêpes prêts à le piquer. Tout agité. Il ne tenait pas en place. Excité comme s’il avait pris une triple dose de coke et qu’il allait tuer le monde entier. Il est dans le lounge maintenant, il fait de plus grands gestes encore que ce matin. Il dessine des sabres dans l’atmosphère et cherche quelques gentilles brebis à décapiter ! Une innocente tombe sous le tranchant de sa lame et il en profite pour l’engluer encore un peu plus dans sa méchanceté gratuite… à la vue d’un écorché, ce sdique cinglé s’emparerait d’un litre de vodka pour le bomber !
Et comme je me mets sur son chemin, il se met à moi aussi me villipender. ,
Il me fait rire, comme s’il s’agissait d’un personnage de cartoon. Mais dans un Tex Avery, il se serait pris une porte et aurait fini aplati comme une crêpe… là, il continue à grimacer, à maugréer, à disperser ses mauvaises vibrations dans un lounge agonisant. Pour un peu, il aurait l’air d’un nazillon… mais passons !

Je m’attarde maintenant sur un personnage beaucoup plus latin, plus épicurien, plus généreux, plus souriant, plus chaleureux… on discute on discute… jusqu’à ce que le poisson-pilote qui se trouve à mes côtés détourne l’attention de mon interlocuteur, ne vienne faire écran entre ma conversation et celle de ce monsieur qui me dit qu’il est le premier collectionneur de Basquiat en France. Il nous raconte comment il est parti de rien. Forcément. Et comment il a collectionné un artiste en qui personne ne croyait. C’est le premier collectionneur de Basquiat en France et le poisson-pilote qui se trouve à mes côtés est en train de muter, il devient poisson-suceur. C’est une métamorphose peu agréable à voir mais si fréquente dans ce genre d’évènements.

De toute façon, ce n’est pas aujourd’hui que je rétablirai l’ordre à Daisy Town. C’est sérieux finalement la FIAC. !N’allez pas trop croire que c’est du fun.
D’ailleurs, il n’y a que des discussions sérieuses ici finalement. On se donne une impression de fun, de légèreté et de glamour… mais c’est faux ! C’est pesant la FIAC, vu sous un certain angle. C’est du business à peine enrobé dans de l’artifice.

Parfois jouer au paparazzi dans ce contexte peut même donner l’impression de verser dans l’espionnage industriel ! A plusieurs reprises, j’ai cru que la police de la FIAC me tomberait dessus.
Oui, la FIAC Policy. Pourquoi pas ? N’est-on pas à l’ère Sarkozy ? Au point où on est, on est tous suspects ! Toutes ces fouilles au corps de l’ère ultra-protectionniste ! Cette parano globalisée. Je me demande si tout le monde a lu « L’Arrache-Cœur » de Vian…

Et après tout, l’année dernière, des flics en civil ont déboulé à la Fiac et ont décidé d’emmener un galeriste Russe respirer l’air d’un commissariat parisien ! Ils avaient été choqués par des œuvres d’Oleg Kulik datant des années 90… et qu’ils ont jugé de caractère zoophiles !
La zone des possibles qui est celle de la création tend à rétrécir si l’on ne reste pas vigiliant. Une hallu ! La galeriste en question a donc passé quelques heures en prison avant que Martin Bethenod, le co-directeur de la FIAC, ne vienne la délivrer !

En tout cas, il n’y a pas encore de « Fiac-policy »… croisons les doigts pour que ça dure ! Et moi, je ne suis pas une paparazzi.
D’ailleurs, quand je pointe ma caméra sur une zone peuplée, je vais voir mes interlocuteurs pour leur dire qu’il s’agit de vidéos-souvenirs, des vidéo sans son, des plans-séquences quasi-lunaires pour une chaîne complètement artistique et donc totalement en orbite dans le PAF : « Souvenirs from Earth ».

Pour la plupart, plus rien ne les étonne de ma part. Un jour, ils me voient ici pour un magazine d’art, un jour là pour un magazine féminin, un autre pour la radio (Nova), un autre pour une télé… je suis une sorte de Shiva de l’art. Plusieurs bras, plusieurs casquettes, beaucoup de facettes.
Un esprit libre. Quelque chose de rare par les temps qui courent. Libre. J’ai le sentiment d’être capable de me glisser dans n’importe quelle situation avec souplesse. Passer du grand sérieux au grand délire sans jamais sacrifier la qualité de mes données.
Je rêverais de me fixer dans une position, dans un rôle, une fonction… mais sans occasion, pas de larron. Alors, figure imposée depuis le début, je suis en mouvement.
Ouf ! ça fait du bien de s’envoyer quelques fleurs !

Et en parlant de fleurs, pour finir en beauté cette FIAC 2009… une dernière interview: celle de Jennifer Flay, la plus « famous » de la Fiac pour « Fiac me I’m famous », bien sûr.! Aux manettes de l’aventure FIAC avec Martin Bethenod. A eux deux, ils forment un duo de chic, de choc et de charme qui rend la Fiac chaque année un peu plus effervescente, plus glamour, plus intéressante!

Quant à moi, je suis HS mais j’ai hâte de tout recommencer. Hâte d’être en octobre 2010 et que ça recommence tout ce bordel. Vivre une nouvelle FIAC à fond. Etre à nouveau partout en même temps ou bien le faire croire si possible. Et d’une année sur l’autre, je ne vis jamais la même chose. Je n’ai toujours pas l’impression d’avoir fait le tour de cette manifestation artistique tentaculaire.

La Fiac se termine au Grand Palais. J’ai l’impression, depuis quelques minutes, que tout ce petit monde a lâché prise, n’est plus sous tension. Certains stands sablent le champ’, la boisson officielle de la Fiac… d’autres sont plus discrets, plus groggys, peut-être moins satisfaits.

Overdose de fêtes, de têtes, de pipoles, de sensations… et d’art ? Non, c’est jamais l’OD. C’est jamais assez. On est des addicts. On en redemande, même quand on se plaint. J’ai une incroyable collection d’images dont j’ai volontairement perdu les titres et les noms. Je me balade une dernière fois entre les stands. Je me laisse aspirer par cette spirale d’images sans plus essayer de comprendre. Juste se laisser glisser. Tout faire pour ne pas foirer mon trajet vers mon lit !

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