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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

samedi 26 septembre 2009

Episode 62

Samedi 12 septembre 2009

Carte postale.
Instants béats sur une table ronde de café. Place du théâtre à Toulon. Un Perrier. Un café. Mon Ipod. Un feutre stabilo rouge rayé de blanc, comme du dentifrice. Des tas de stylos de toutes les couleurs et de toutes les plumes. Et notamment un collector, la réédition pastelle du Bic-4-couleurs. Un mini carnet signé Anna Sui. Un cahier géant:mon Castelbajac préféré surmonté d’un énorme Union Jack Mondrianesque.
J’hésite entre la lecture du dernier Jalouse et le « Book of Snobs » de William Makepeace Thackeray (1811-1863) : l’auteur de « Vanity Fair » et des « Mémoires de Barry Lindon" qui inspira Kubrick.
Je le prends en main, je le savoure à l’avance. J’en tourne les pages, j’en déguste quelques passages. Il ne perd rien pour attendre, le moment venu je le dévorerai, je le surlignerai, le stabilobosserai, en recopierai des passages.
Qu’est-ce que le SNOBisme ? « un acronyme du mot ‘’Sine NOBilitas’’ ».
Et sinon ? « Un calque du mot anglais ‘’snob’’, cordonnier, désignant dans l’argot de la très huppée université de Cambridge une personne n’appartenant pas à ce monde, puis par extension une personne de ‘’basse condition’’, qui cherchait à se conformer, sans goût ni sens critique, à toute mode hors de sa classe ».

Comme ça, ça a l’air assez inhumain, j’avoue… mais en fait, ça n’a rien à voir. C’est tout sauf quelque chose de méprisant. S’il est question de lutte de classes, Thackeray s’en moque avec bonheur. Ce n’est rien de plus qu’une tranche d’humour à l’anglaise écrite au XIXè. C’est même, de la part de Thackeray, une critique très affectueuse de la société de son temps, et pas seulement de la classe privilégiée à laquelle il appartenait. Car s’il y a une chose à relever dès le début de la lecture du « Livre des SNOBS », c’est qu’il est écrit « par l’un d’entre eux » comme nous le rappelle son sous-titre. Et ces 45 courts textes sont parus sous forme d’amusantes chroniques dans la grande revue british de l’époque Victorienne « PUNCH ». Un joli coup de poing dans les idées reçues.
On y découvre comment certains mangent leurs petits pois au couteau ou encore comment un SNOB a fait fuir un moins SNOB que lui en se curant les dents avec une fourchette deux jours de suite à l’heure du déjeuner dans le très prestigieux Hotel Impérial de Bagnigge Wells. Comment chasser un opportun à coups de fourchettes… donc !
Et si l’on méprise les Snobs et que l’on est convaincu de ne pas en être, Thackeray nous calme un peu : « Le Snobisme, c’est comme la Mort dans une citation d’Horace que vous n’avez, je l’espère, jamais entendue : la mort qui ‘’frappe d’un pied indifférent les masures des pauvres et les palais des rois’’. » dit-il. Et il ajoute que « c’est une grave erreur de juger les Snobs à la légère et de penser qu’ils n’existent que parmi les classes inférieures. Je suis d’avis qu’on les retrouve en nombre dans chaque strate de cette vie mortelle. Gardez-vous de porter sur eux un jugement hâtif ou vulgaire, car agir ainsi vous désigne aussitôt comme un des leurs. J’ai moi-même été considéré comme l’un d’entre eux. »
Fin observateur des mœurs britanniques de l’époque, Thackeray porte bien son nom : he tries to « MAKEPEACE » ! Il diffuse l’amour d’autrui autour de lui. Alors comment ne pas tomber amoureuse de tendre et incisive la plume de cet humaniste à quelques siècles d’intervalle ?
C’est une analyse claire des comportements sociaux de son temps, quelque chose que j’admire et auquel même, souvent, je m’essaie.

Je suis toujours en terrasse sur ma table ronde varoise. C’est la fin d’une époque. D’un séjour d’un mois d’écriture. Tout-à-l’heure, je prendrai une dernière fois le bâteau. Je me laisserai bercer par l’eau, cocooner par l’air marin. Ma peau essaiera de retenir au maximum toute la vitamine D emmagasinée ici pendant des semaines.
Réenergisée, la peau hâlée, légère et court vêtue… je me rends de ce pas à la gare acheter mon billet pour Lyon en passant par La Ciotat. Ensuite, je m’installerai sur une autre terrasse pour lire et réfléchir encore en compagnie de mon petit soleil littéraire du jour : Sir William Makepeace Thackeray. Again and again.

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