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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

mardi 29 septembre 2009

Episode 63

Vendredi 18 septembre 2009

Après 1 mois passée dans ma bulle à écrire un essai encore classé top secret… après 1 mois plein Sud avec vue panoramique sur la mer à la Villa Tamaris… ma rentrée démarre brutalement un lundi 14 septembre à Lyon.
Périple hors de ma bulle : bain de foule et bain d’art à la Biennale qui me met instantanément dans un « punk mood » ! Grrrrrr ! Je n’ai plus qu’un seul mot d’ordre : « Never mind the Biennals » !
J’ai raté Venise et je sais que j’ai vraiment raté une magnifique Biennale… mais je n’ai pas raté Lyon et j’aurais mieux fait de profiter de ma vue sur la Mediterranée plutôt que de dériver si vite vers le Nord.
D’emblée, j’ai la chair de poule et j’ai froid dans mon costume Croisette des 80’s, un compromis stylistique entre BB Initials et Nena. Ballerines argent, minishort de smoking, jambes bronzées et top Vichy… auraient mieux fait de rester au placard ! Non seulement je suis accueillie par la pluie, mais en plus, je me balade dans une ambiance ultra-plombée avec des expos qui me collent le cafard. J’aurais mieux fait de rester une journée de plus à La Ciotat.
Heureusement, mes sunglasses Thierry Lasry x Liquid Archi x Thomas Lélu créent un joli sfumatto sur toutes ces expos désolantes tout en m’isolant joliment des gens. Je ne suis pas sûre que l’engagement artistique passe par ces installations qui dégagent démagogie ou complaisance.
Et puis la vocation de l’art, à mon avis, ce n’est pas de renvoyer au quotidien, au réel, au terre-à-terre… pas de cette façon en tout cas. L’art, c’est un truc qui rappelle qui nous rappelle que le réel est vraiment ce qu’il y a de mieux et de plus intéressant. Et je fais tout pour ne pas paraphraser Filliou, mais l’art, c’est quand même « ce qui rend la vie plus intéressant que l’art ». j’ai l’impression que personne ne comprend plus cette phrase. Elle est utilisée à tort et à travers mais c’est quand même le créateur de la « république géniale » qui en est l’auteur. Du seul mec capable d’organiser des expos dans le fond de son chapeau. Mais où est passé le talent ? Est-il mort en 1987 avec ce poète de génie ?

L’énergie, c’est vraiment quelque chose à préserver !
Une fois à Paris, pour échapper à la morosité et à ces essaims d’energy-killers, je cours retrouver Artus chez lui à Pigalle et faire un premier bilan de notre projet. Une courte mais rayonnante virée, idéale pour conserver au chaud toute ma vitamine D.
En le quittant, j’ai des montées de larmes, je ne sais pas pourquoi.
Alors que lui, en guise de performance, part s’enfermer dans un temple de consommation, sans téléphone, sans ordi, sans internet, sans le moindre moyen de communication pendant une semaine… moi je sors de ma bulle et j’ai pour seule perspective que de plonger d’un bain de foule artistique à l’autre.
Il faut que je me réhabitue pallier par pallier au monde. Finie ma vie d’ermite.

Je commence par Villepinte en compagnie de la chaleureuse Marie-Laure du « 2è Bureau » pour « Première Vision », le salon mondial des tissus d’habillement. C’est un baptème pour moi. Des échantillons de tissus à perte de vue. De nouvelles matières. Le bio et l’ethique mais aussi le synthétique. « Première Vision » est une ville en soi ! Des milliers de boxes avec des portes de saloon qui s’ouvrent et se referment sans cesse. A l’intérieur de ces ruches, des contrats se négocient secrètement entre créateurs, industriels et marques de luxe. C’est un dédale, ce salon. Des milliers de géographies superposées. Des zones qui donnent la météo du tissu d’habillement et fixent donc le La de la mode. Des nuanciers que l’on a envie d’emporter. Des tendances de couleurs et de matières, et de l’espionnage industriel. Un rêve d’artiste… ou de modiste. Tout y est. Des tissus rares, des matières inédites, des étoffes que l’on chiffone, effleure, caresse. Les dentelles historiques de la maison Sophie Hallette. Des rescapées d’une époque lointaine.
D’ailleurs, ici, on a à la fois les pieds plantés dans le passé avec des matières artisanalement et précieusement réalisées, et le futur. Tous ces gens savent déjà ce qu’on va porter dans 2 ans, ils connaissent par cœur les futures gammes de couleurs, savent ce que l’on va aimer, les étoffes que l’on va désirer plus que tout, celles qu’on va jeter ou placarder.
C’est une véritable excursion dans un salon à perte de vue! Moi qui me perd dans une petite FIAC, je n’arrive pas à imaginer ce qu’une foire d’art pourrait donner ici. De quoi avoir la tête qui tourne.

Mais sans coupure et sans transition, de Villepinte aux Champs-Elysées, j’enchaîne dèja les évènements artistiques.

Je me dirige vers le cœur de Paris, à l’Espace Vuitton. C’est le vernissage de « La confusion des sens ». Une synesthésie qui m’est totalement familière, surtout en ce moment où j’entends des gôuts, je vois des sons, je ressens des couleurs…
Après avoir parcouru le globe et donné aux visiteurs le goût de l’exploration, l’Espace Vuitton nous a donc convié cette fois à un voyage intérieur auxquels se sont joints une petite dizaine d’artistes. Jeux de perceptions, troubles de la vision et perte de soi sont au programme.
Et là, d’emblée, on refuse de m’ouvrir les portes de la perception… parce que, oui, j’étais sur la liste, oui… mais seulement jusqu’à 18h… Et il est 18h01 ! Héhé ! J’adoooooore ! On est dans un Post Office Anglais ou quoi ? On ne me l’avait jamais faite celle-là.
Et si, à 18h02, je vous apprenais à faire la grimace ? Je pourrais décider de m’appeler autrement par exemple.
Et si à 18h03, on jouait à « Si j’étais… ». Je suis, je suis… Madame Lempicka. Lolita. Non, je suis Mademoiselle Addams, Mercredi !
Plutôt quelqu’un de connu dans l’art mais en dehors de la presse? Koons. Je suis Jeff Koons ! Plus c’est gros, plus ils gobent ! Madame Christian Lacroix.
Du sérieux ? Madame Blistène ? Madame Flay? Oui, Jennifer Flay ! Madame Anne Racine ? Madame Macel Christine? …surtout que je sais exactement où elle se trouve ce soir et que ce type a l’air aussi physio que je suis dresseuse de hyènes !
Mmmmmouais mais bon, je n’aime pas les choses trop faciles.
Par expérience, je sais que les excès d’honnêteté ne paient jamais, surtout en France où l’on préfère vous voir mentir comme un arracheur de dents plutôt que de vous prendre la main dans le sac de l’honnêteté !
Et pourtant, je laisse fièrement les mensonges aux bouffons sans fond!
Du coup, puisque la presse n’avait un droit d’entrée que jusque 18h, j’enlève mon déguisement de journaliste d’art pour redevenir… Anaïd Demir, passionnée d’art depuis le berceau. Il y a des fatalités contre lesquels on ne peut rien.
Bon, ici, il est plus de 18h, ils ne veulent plus de journalistes ! Quelle carte de visite choisir alors? Prof d’esthétique ? Détective privée ? Amie des artistes ? Ecrivain ? Galeriste ? Collectionneuse ? Wannabee ? J’hésite sur mon pedigree du jour.
Et si rentrais à la maison ? J’ai fait Villepinte-Paris à la vitesse du son pour repartir sans bousculer mes perceptions ? Pas question !
Et pendant que je me perds dans mes déductions, l’adorable Julien Eymeri, passionné d’art lui aussi, m’entraîne déjà par le bras : il est mon cavalier, je suis son invitée ! J’en suis enchantée.

On est déjà dans l’ascenseur d’Olafur Eliasson, la confusion des sens démarre dans l’obscurité de cet espace transitoire. Puis l’odyssée sensorielle se poursuit dans les salles, au 7è étage… un 7è ciel artistique ?
Ce serait alors celui de Laurent Saksik ! Il a tout simplement mis le ciel en boîte. Pour nous, rien que pour nous ! Un échantillon à savourer sur place. Dans cette « Confusion des sens », c’est l’une des réponses la plus à mon gôut ! La plus rêveuse. Où se perd-on le plus sinon dans les perspectives célestes ?
D’ailleurs l’artiste Boursier-Mougenot a beau s’appeler Céleste, il n’a rien fait de plus que superposer du réel dans son installation. Il a additionné des sons quotidiens dans la salle principale, la rotonde, de l’Espace Vuitton. Pas de quoi décoller ! Quel dommage.

Et d’ailleurs, sans que je ne me rappelle ni comment ni pourquoi, je me retrouve rapidement quelques étages plus bas, dans le hall du magasin Vuitton.
Je suis retombée niveau 1, alors qu’habituellement on finit sur la terrasse de rêve des lieux à repousser les perspectives de Paris, à faire des lassos avec la Seine, à tendre les bras vers le ciel et finalement le boire comme un cocktail signé du divin Niçois Rosicrucien : j’ai nommé Yves Klein.

Mais bleu pour bleu : je croise le regard lumineux de Géraldine que je n’avais pas vu depuis lustres. Elle est justement là sur l’invitation de Laurent Saksik dont elle suit de près le travail et qu’elle a déjà exposé il y a quelques années dans le cadre de son projet « Ideal Office ». Fini le lieu de toutes les souffrances, Géraldine et son « Outcast Incorporated » mettait les artistes à la recherche du bureau idéal. Et le travail se transforme en plaisir. Le cadre y fait beaucoup.
Long time no see. Elle est plus radieuse que jamais. On discute de 1000 et une choses et puis une question se pose…
Ce que je fais demain soir ? J’en sais rien. J’hésite. Je voulais m’inscrire à un cours de sophrologie ou de yoga pour oublier que je suis à Paris. Je vais me faire limer les dents qui se sont émoussées après un mois de douceur au bord de la mer ? Je vais revoir les « Dents de la Mer » pour m’habituer à la ville ? Je vais dévorer du dauphin ? Dépecer un agneau et m’en faire une écharpe pour l’hiver de l’amour Parisien ?
Mais cette Wonder Woman aux faux-air de Marlène Jobert en version punk-rock a bien mieux : un concert d’Adam Green et de Carl Barrat à Beaubourg demain ! C’est elle qui l’organise avec sa boîte de prod toute neuve et bourrée d’idées : « Stage of the art ».
Mon Union Jack au collet, je ne cherche même pas à comprendre si j’ai réellement quelque chose d’important prévu le vendredi 18 au soir ! Je réponds : « Who ??? Yeahhhhh ! Is it ? Amen, sure, amazing, obviously, I will be there ! Of course, on time… great, thanks, thanks so much ! ».
C’est tout-à-l’heure ! J’y cours. Et ça se termine au Chacha. Comme il se doit.

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