Mardi 05 Mai 2009
« I’m a Barbie Girl in a Barbie wo-o-O-O-orld »…
20h30 tapantes : je suis au Gaumont Opéra, boulevard des Capucines.
Je suis là pour « Barbie Girls », un court-métrage réalisé par Vinciane. Une amie de lycée que j’ai retrouvé par hasard un matin au « First Café », un pseudo café de bikers de province. Très calme et sympathique. Juste en face de chez elle et en bas de chez moi.
C’était il y a 3 ou 4 mois. Je me suis installée à côté d’une table que je croyais vide… puis le serveur a ramené une tasse de thé. J’avais déjà tout déballé, et même si j’aurais préféré être seule, j’avais la flemme de changer de place. Puis j’ai senti une présence familière s’avancer vers moi. C’est alors que j’ai vu une grande fille longiligne débarquer et s’installer à côté de moi. Je n’ai pas pu m’empêcher de la saluer… comme si je la connaissais. Comme si je l’avais toujours connue. Une présence amie. C’est l’effet que ça me faisait. C’était donc tout naturel de la saluer et elle me répond d’ailleurs tout aussi naturellement… Mes mots devancent ma pensée, j’ai le sentiment qu’on se connaît, et je lui dis. Elle me dévisage et est persuadée que non. Me répond même, sincèrement et définitivement « je ne pense pas, non », alors que je suis persuadée du contraire. J’ai une très grande mémoire visuelle. Elle me trompe rarement. Ce sentiment de la connaître persiste en moi. Ces grands yeux, ce regard…
Côte à côte dans ce petit troquet désert, on s’est replongées dans nos trucs… Et pendant ce temps, ma mémoire checke les différentes étapes de ma vie.
Finalement, au bout de 10 mn, elle passe un coup de fil et laisse un rapide message sur un répondeur : « Salut, c’est Vinciane… et blablabla blablibli… » !
Et pendant ce temps, mon sang ne fait qu’un tour : Vinciane ? Mais j’ai connu une Vinciane dans une autre vie… mais où ? Quand ? J’attends qu’elle raccroche pour m’aider à percer le mystère.
Et on commence alors à recouper nos infos pour en finir avec ce suspens !
La fac ? Tolbiac ? Michelet ? Histoire ? Histoire de l’art ? Non !
Les Beaux-Arts de Paris ?
Le collège ? Taverny ? Noooooooon ? Alors peut-être le lycée ? L’Isle-Adam ? J’ai cherché… et finalement, quand jai cité L’Isle-Adam… ça a fait tilt et re-tilt chez elle !
On était au lycée ensemble ! Dans la même classe ! Avec Pierre Plancoulaine et sans doute Aurélia Tramasaygues. Christelle Fauche et Karine Surcouf. Fabrice Descamps. Et sans doute Delphine Legendre, Gäel Morange, Laëtitia Fouin, Cécile Guérin, Jeanne Cotteverte… Je ne sais plus. Nos name-droppings se croisent. Elle me parle d’une Sophie Breton dont je n’ai aucun souvenir et qui serait décédée il y a 10 ans. Une fille très belle. Aucun souvenir. Il faudrait que je revoie la photo de classe. Même pas sûr que je l’ai. Avec tout ce bordel, je ne sais même plus où est le registre dans lequel je consigne tous les noms des gens avec qui j’étais en classe depuis la maternelle…
On se seraient revues tôt ou tard, Vinciane et moi, puisqu’elle habite en face de d’un de mes cafés du matin. Elle est devenue comédienne. J’ai d’abord cru que c’était juste un hobby… mais, c’est sérieux au contraire et elle a l’air au contraire plus qu’intégré au milieu audio-visuel. Elle pensait que mon impression de la connaître venait de là, puisqu’elle joue dans des téléfilms. En plus, elle a commencé avec des Lelouch, tourné avec des Gamblin, Zylberstein & Co. C’est aussi la voix, l’unique voix, de France 5. Et pour finir, elle aime aussi prendre les commandes de la caméra, elle est réalisatrice.
Ce jour-là, elle m’a parlé du film qu’elle s’apprêtait à sortir et auquel je serai bientôt invitée… et nous y voilà ! Je suis au Gaumont du boulevard des capucines.
Je suis impressionnée par la taille de cette salle qui accueille le court-mètrage d’une de mes connaissances de lycée. Je me demande combien on peut être dans cette immense salle de cinéma bordée de velours rouge et de balcons multiples. Salle comble pour un court, c’est étourdissant. On est porté par les ultra-perspectives du lieu et ramené à l’enfance par le titre du film : « Barbie Girls ».
A quoi s’attendre avec un tel titre ? Je ne suis pas totalement rassurée. Surtout curieuse.
Et très vite, mine de rien, « Barbie Girls » (*+*) me replonge justement dans mes amours gothico-gore de lycée, quand je broyais du noir. La lourde cape malmenée par le vent, une frêle silhouette de corbeau, le teint cadavérique mais l’œil de braise. Du temps où je me croyais échappée d’un tortueux roman de Mary Shelley, pétrie par les atmosphères de Lovecraft, élevée au biberon de Lautréamont… OK, OK je m’arrête, j’m’arrête, j’m’arrête … !
Les lumières s’éteignent, l’écran frémit, la salle frissonne déjà… ça commence comme un joli conte d’été. Trois copines qui s’embarquent pour une virée à la campagne. C’est chaleureux, intimiste.
On espère tous avoir dans son carnet d’adresses une amie automnale qui nous inviterait de temps à autre à décompresser loin de tout, dans une forêt rousse en plein été indien.
Mais là, il n’est pas question d’aller à la cueillette aux champignons. Vinciane qui joue le rôle de Véro, celle qui invite, celle qui orchestre le week-end dans cette maison de campagne qui dans un premier temps, fait rêver… puis ça tourne au cauchemar. Ça part très vite en vrille. Comme dans nos délires enfantins. Comme dans un conte d’Edgar Allan Poe. Ça fait vite froid dans le dos.
3 comédiennes. 3 amies. 3 « Barbie Girls » of course ! Jolies et insolentes comme on aime. Au lieu de se refiler des noms d’oiseaux, elles s’offrent des surnoms affectueusement grinçants. Chacune d’entre elles est une Barbie bien spéciale : « Barbie-couche-toi-là », « barbie-pas-de-bol »… puis la Barbie très jalouse, névrosée, dépressive, voire possessive, voire psycho !
Captivant, étonnant. C’est un film de 10 mn qui, pendant un bon moment, peut couper tout désir de respirer la framboisette et vivre de la cueillette des fruits des bois entre amis !
Et pourtant, moi, tout de suite après, je devais me rendre à un dîner loin des néons parisiens. Et bien que je déteste zapper d’une soirée à l’autre, je me suis laissée embarquer dans un dîner chez Nathalie. Un ex-Petit Rat de l’Opéra converti entre autres au design : elle a une galerie qui représente Ron Arad à Paris. Mais seulement voilà, elle vit dans une lointaine banlieue. Enfin… du moins, à une distance que je ne peux pas parcourir à vélo, même à la vitesse de l’éclair! C’est là qu’elle vit avec son mari: un artiste à dreadlocks qui a l’air de tailler ses œuvres dans le réel. Philippe Pasqua peint et sculpte avec ses tripes… ou presque. Et son un immense atelier dédaléen a des airs cliniques. Assez fascinant. Qui sait si quelqu’un n’occupe pas le bloc opératoire pendant que l’on dîne tranquillement au salon? Décidément, c’est ma soirée de chair et de sang.
Entre le mobilier tout en courbes et en spirales, de Ron Arad et les tableaux très grand format et débordant de vie de Philippe… ses larges coups de pinceaux sur la toile, cette épaisse matière picturale, presque sanguinolente mais aussi tous ses tatoos partout… je me sens dans un environnement plus que charnel, carrément organique..
Mais malgré toute cette atmosphère très spéciale dès le début de la soirée, rien n’a vrillé… même si je ne suis arrivée qu’au milieu du dîner, même si mon arrivée avec deux heures de retard a cassé le plan de table, tout s’est bien terminé. J’’ai réussi à me faufiler entre Domoina et Séba, tout près de Sandra, à l’opposé du très sympathique Patrick Timsit. Je suis rentrée saine et sauve à la maison.
*+* : « Barbie Girls », court métrage écrit par Vinciane Millereau et Julien Lambroschini, réalisé par Vinciane Millereau, 2009. Avec Armelle Deutsch, Marie Guillard et Vinciane Millereau. Produit par De Films en aiguille.
samedi 26 septembre 2009
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Le saviez-vous ?
RépondreSupprimerBarbie Girls de Vinciane Millereau sera diffusé le samedi 30 janvier 2010 à 14h à Grenoble dans le cadre des "Courts Maudits" du Festival des Maudits Films ! Séance gratuite !
Pour plus d'informations :
http://www.festivaldesmauditsfilms.com