Vendredi 18 septembre 2009
Après 1 mois passé dans ma bulle à écrire un essai encore classé top secret… après 1 mois plein Sud avec vue panoramique sur la mer à la Villa Tamaris… ma rentrée démarre brutalement un lundi 14 septembre à Lyon.
Périple hors de ma bulle : bain de foule et bain d’art à la Biennale qui me met instantanément dans un « punk mood » ! Grrrrrr ! Je n’ai plus qu’un seul mot d’ordre : « Never mind the Biennals » !
J’ai raté Venise et je sais que j’ai vraiment raté une magnifique Biennale… mais je n’ai pas raté Lyon et j’aurais mieux fait de profiter de ma vue sur la Mediterranée plutôt que de dériver si vite vers le Nord.
D’emblée, j’ai la chair de poule et j’ai froid dans mon costume Croisette des 80’s, un compromis stylistique entre BB Initials et Nena. Ballerines argent, minishort de smoking, jambes bronzées et top Vichy… auraient mieux fait de rester au placard ! Non seulement je suis accueillie par la pluie, mais en plus, je me balade dans une ambiance ultra-plombée avec des expos qui me collent le cafard. J’aurais mieux fait de rester une journée de plus à La Ciotat.
Heureusement, mes sunglasses Thierry Lasry x Liquid Archi x Thomas Lélu créent un joli sfumatto sur toutes ces expos désolantes tout en m’isolant joliment des gens. Je ne suis pas sûre que l’engagement artistique passe par ces installations qui dégagent démagogie ou complaisance.
Et puis la vocation de l’art, à mon avis, ce n’est pas de renvoyer au quotidien, au réel, au terre-à-terre… pas de cette façon en tout cas. L’art, c’est un truc qui rappelle que le réel est vraiment ce qu’il y a de mieux et de plus intéressant. Et je fais tout pour ne pas paraphraser Filliou, mais l’art, c’est quand même « ce qui rend la vie plus intéressant que l’art ». j’ai l’impression que personne ne comprend plus cette phrase. Elle est utilisée à tort et à travers mais c’est quand même le créateur de la « république géniale » qui en est l’auteur. Du seul mec capable d’organiser des expos dans le fond de son chapeau. Mais où est passé le talent ? Est-il mort en 1987 avec ce poète de génie ?
L’énergie, c’est vraiment quelque chose à préserver !
Une fois à Paris, pour échapper à la morosité et à ces essaims d’energy-killers, je cours retrouver Artus chez lui à Pigalle et faire un premier bilan de notre projet. Une courte mais rayonnante virée, idéale pour conserver au chaud toute ma vitamine D.
En le quittant, j’ai des montées de larmes, je ne sais pas pourquoi.
Alors que lui, en guise de performance, part s’enfermer dans un temple de consommation, sans téléphone, sans ordi, sans internet, sans le moindre moyen de communication pendant une semaine… moi je sors de ma bulle et j’ai pour seule perspective que de plonger d’un bain de foule artistique à l’autre.
Il faut que je me réhabitue pallier par pallier au monde. Finie ma vie d’ermite.
Je commence par Villepinte en compagnie de la chaleureuse Marie-Laure du « 2è Bureau » pour « Première Vision », le salon mondial des tissus d’habillement. C’est un baptème pour moi. Des échantillons de tissus à perte de vue. De nouvelles matières. Le bio et l’ethique mais aussi le synthétique. « Première Vision » est une ville en soi ! Des milliers de boxes avec des portes de saloon qui s’ouvrent et se referment sans cesse. A l’intérieur de ces ruches, des contrats se négocient secrètement entre créateurs, industriels et marques de luxe. C’est un dédale, ce salon. Des milliers de géographies superposées. Des zones qui donnent la météo du tissu d’habillement et fixent donc le La de la mode. Des nuanciers que l’on a envie d’emporter. Des tendances de couleurs et de matières, et de l’espionnage industriel. Un rêve d’artiste… ou de modiste. Tout y est. Des tissus rares, des matières inédites, des étoffes que l’on chiffone, effleure, caresse. Les dentelles historiques de la maison Sophie Hallette. Des rescapées d’une époque lointaine.
D’ailleurs, ici, on a à la fois les pieds plantés dans le passé avec des matières artisanalement et précieusement réalisées, et le futur. Tous ces gens savent déjà ce qu’on va porter dans 2 ans, ils connaissent par cœur les futures gammes de couleurs, savent ce que l’on va aimer, les étoffes que l’on va désirer plus que tout, celles qu’on va jeter ou placarder.
C’est une véritable excursion dans un salon à perte de vue! Moi qui me perd dans une petite FIAC, je n’arrive pas à imaginer ce qu’une foire d’art pourrait donner ici. De quoi avoir la tête qui tourne.
Mais sans coupure et sans transition, de Villepinte aux Champs-Elysées, j’enchaîne dèja les évènements artistiques.
Je me dirige vers le cœur de Paris, à l’Espace Vuitton. C’est le vernissage de « La confusion des sens ». Une synesthésie qui m’est totalement familière, surtout en ce moment où j’entends des gôuts, je vois des sons, je ressens des couleurs…
Après avoir parcouru le globe et donné aux visiteurs le goût de l’exploration, l’Espace Vuitton nous a donc convié cette fois à un voyage intérieur auxquels se sont joints une petite dizaine d’artistes. Jeux de perceptions, troubles de la vision et perte de soi sont au programme.
Et là, d’emblée, on refuse de m’ouvrir les portes de la perception… parce que, oui, j’étais sur la liste, oui… mais seulement jusqu’à 18h… Et il est 18h01 ! Héhé ! J’adoooooore ! On est dans un Post Office Anglais ou quoi ? On ne me l’avait jamais faite celle-là.
Et si, à 18h02, je vous apprenais à faire la grimace ? Je pourrais décider de m’appeler autrement par exemple.
Et si à 18h03, on jouait à « Si j’étais… ». Je suis, je suis… Madame Lempicka. Lolita. Non, je suis Mademoiselle Addams, Mercredi !
Plutôt quelqu’un de connu dans l’art mais en dehors de la presse? Koons. Je suis Jeff Koons ! Plus c’est gros, plus ils gobent ! Madame Christian Lacroix.
Du sérieux ? Madame Blistène ? Madame Flay? Oui, Jennifer Flay ! Madame Anne Racine ? Madame Macel Christine? …surtout que je sais exactement où elle se trouve ce soir et que ce type a l’air aussi physio que je suis dresseuse de hyènes !
Mmmmmouais mais bon, je n’aime pas les choses trop faciles.
Par expérience, je sais que les excès d’honnêteté ne paient jamais, surtout en France où l’on préfère vous voir mentir comme un arracheur de dents plutôt que de vous prendre la main dans le sac de l’honnêteté !
Et pourtant, je laisse fièrement les mensonges aux bouffons sans fond!
Du coup, puisque la presse n’avait un droit d’entrée que jusque 18h, j’enlève mon déguisement de journaliste d’art pour redevenir… Anaïd Demir, passionnée d’art depuis le berceau. Il y a des fatalités contre lesquels on ne peut rien.
Bon, ici, il est plus de 18h, ils ne veulent plus de journalistes ! Quelle carte de visite choisir alors? Prof d’esthétique ? Détective privée ? Amie des artistes ? Ecrivain ? Galeriste ? Collectionneuse ? Wannabee ? J’hésite sur mon pedigree du jour.
Et si rentrais à la maison ? J’ai fait Villepinte-Paris à la vitesse du son pour repartir sans bousculer mes perceptions ? Pas question !
Et pendant que je me perds dans mes déductions, l’adorable Julien Eymeri, passionné d’art lui aussi, m’entraîne déjà par le bras : il est mon cavalier, je suis son invitée ! J’en suis enchantée.
On est déjà dans l’ascenseur d’Olafur Eliasson, la confusion des sens démarre dans l’obscurité de cet espace transitoire. Puis l’odyssée sensorielle se poursuit dans les salles, au 7è étage… un 7è ciel artistique ?
Ce serait alors celui de Laurent Saksik ! Il a tout simplement mis le ciel en boîte. Pour nous, rien que pour nous ! Un échantillon à savourer sur place. Dans cette « Confusion des sens », c’est l’une des réponses la plus à mon gôut ! La plus rêveuse. Où se perd-on le plus sinon dans les perspectives célestes ?
D’ailleurs l’artiste Boursier-Mougenot a beau s’appeler Céleste, il n’a rien fait de plus que superposer du réel dans son installation. Il a additionné des sons quotidiens dans la salle principale, la rotonde, de l’Espace Vuitton. Pas de quoi décoller ! Quel dommage.
Et d’ailleurs, sans que je ne me rappelle ni comment ni pourquoi, je me retrouve rapidement quelques étages plus bas, dans le hall du magasin Vuitton.
Je suis retombée niveau 1, alors qu’habituellement on finit sur la terrasse de rêve des lieux à repousser les perspectives de Paris, à faire des lassos avec la Seine, à tendre les bras vers le ciel et finalement le boire comme un cocktail signé du divin Niçois Rosicrucien : j’ai nommé Yves Klein.
Mais bleu pour bleu : je croise le regard lumineux de Géraldine que je n’avais pas vu depuis lustres. Elle est justement là sur l’invitation de Laurent Saksik dont elle suit de près le travail et qu’elle a déjà exposé il y a quelques années dans le cadre de son projet « Ideal Office ». Fini le lieu de toutes les souffrances, Géraldine et son « Outcast Incorporated » mettait les artistes à la recherche du bureau idéal. Et le travail se transforme en plaisir. Le cadre y fait beaucoup.
Long time no see. Elle est plus radieuse que jamais. On discute de 1000 et une choses et puis une question se pose…
Ce que je fais demain soir ? J’en sais rien. J’hésite. Je voulais m’inscrire à un cours de sophrologie ou de yoga pour oublier que je suis à Paris. Je vais me faire limer les dents qui se sont émoussées après un mois de douceur au bord de la mer ? Je vais revoir les « Dents de la Mer » pour m’habituer à la ville ? Je vais dévorer du dauphin ? Dépecer un agneau et m’en faire une écharpe pour l’hiver de l’amour Parisien?
Mais cette Wonder Woman aux faux-air de Marlène Jobert en version punk-rock a bien mieux : un concert d’Adam Green et de Carl Barât à Beaubourg demain ! C’est elle qui l’organise avec sa boîte de prod toute neuve et bourrée d’idées : « Stage of the art ». Un pont artistico-musical entre les Britanniques et la France imaginé avec Laurence
Alvart et Maxemilian Nilsson.
Et moi, mon Union Jack au collet, je ne cherche même pas à comprendre si j’ai réellement quelque chose d’important prévu le vendredi 18 au soir !
Je réponds : « Who ??? Yeahhhhh ! Is it ? Amen, sure, amazing, obviously, I will be there ! Of course, on time… great, thanks, thanks so much ! ».
C’est tout-à-l’heure ! J’y cours. Et ça se termine au Chacha. Comme il se doit.
mardi 29 septembre 2009
Episode 63
Vendredi 18 septembre 2009
Après 1 mois passée dans ma bulle à écrire un essai encore classé top secret… après 1 mois plein Sud avec vue panoramique sur la mer à la Villa Tamaris… ma rentrée démarre brutalement un lundi 14 septembre à Lyon.
Périple hors de ma bulle : bain de foule et bain d’art à la Biennale qui me met instantanément dans un « punk mood » ! Grrrrrr ! Je n’ai plus qu’un seul mot d’ordre : « Never mind the Biennals » !
J’ai raté Venise et je sais que j’ai vraiment raté une magnifique Biennale… mais je n’ai pas raté Lyon et j’aurais mieux fait de profiter de ma vue sur la Mediterranée plutôt que de dériver si vite vers le Nord.
D’emblée, j’ai la chair de poule et j’ai froid dans mon costume Croisette des 80’s, un compromis stylistique entre BB Initials et Nena. Ballerines argent, minishort de smoking, jambes bronzées et top Vichy… auraient mieux fait de rester au placard ! Non seulement je suis accueillie par la pluie, mais en plus, je me balade dans une ambiance ultra-plombée avec des expos qui me collent le cafard. J’aurais mieux fait de rester une journée de plus à La Ciotat.
Heureusement, mes sunglasses Thierry Lasry x Liquid Archi x Thomas Lélu créent un joli sfumatto sur toutes ces expos désolantes tout en m’isolant joliment des gens. Je ne suis pas sûre que l’engagement artistique passe par ces installations qui dégagent démagogie ou complaisance.
Et puis la vocation de l’art, à mon avis, ce n’est pas de renvoyer au quotidien, au réel, au terre-à-terre… pas de cette façon en tout cas. L’art, c’est un truc qui rappelle qui nous rappelle que le réel est vraiment ce qu’il y a de mieux et de plus intéressant. Et je fais tout pour ne pas paraphraser Filliou, mais l’art, c’est quand même « ce qui rend la vie plus intéressant que l’art ». j’ai l’impression que personne ne comprend plus cette phrase. Elle est utilisée à tort et à travers mais c’est quand même le créateur de la « république géniale » qui en est l’auteur. Du seul mec capable d’organiser des expos dans le fond de son chapeau. Mais où est passé le talent ? Est-il mort en 1987 avec ce poète de génie ?
L’énergie, c’est vraiment quelque chose à préserver !
Une fois à Paris, pour échapper à la morosité et à ces essaims d’energy-killers, je cours retrouver Artus chez lui à Pigalle et faire un premier bilan de notre projet. Une courte mais rayonnante virée, idéale pour conserver au chaud toute ma vitamine D.
En le quittant, j’ai des montées de larmes, je ne sais pas pourquoi.
Alors que lui, en guise de performance, part s’enfermer dans un temple de consommation, sans téléphone, sans ordi, sans internet, sans le moindre moyen de communication pendant une semaine… moi je sors de ma bulle et j’ai pour seule perspective que de plonger d’un bain de foule artistique à l’autre.
Il faut que je me réhabitue pallier par pallier au monde. Finie ma vie d’ermite.
Je commence par Villepinte en compagnie de la chaleureuse Marie-Laure du « 2è Bureau » pour « Première Vision », le salon mondial des tissus d’habillement. C’est un baptème pour moi. Des échantillons de tissus à perte de vue. De nouvelles matières. Le bio et l’ethique mais aussi le synthétique. « Première Vision » est une ville en soi ! Des milliers de boxes avec des portes de saloon qui s’ouvrent et se referment sans cesse. A l’intérieur de ces ruches, des contrats se négocient secrètement entre créateurs, industriels et marques de luxe. C’est un dédale, ce salon. Des milliers de géographies superposées. Des zones qui donnent la météo du tissu d’habillement et fixent donc le La de la mode. Des nuanciers que l’on a envie d’emporter. Des tendances de couleurs et de matières, et de l’espionnage industriel. Un rêve d’artiste… ou de modiste. Tout y est. Des tissus rares, des matières inédites, des étoffes que l’on chiffone, effleure, caresse. Les dentelles historiques de la maison Sophie Hallette. Des rescapées d’une époque lointaine.
D’ailleurs, ici, on a à la fois les pieds plantés dans le passé avec des matières artisanalement et précieusement réalisées, et le futur. Tous ces gens savent déjà ce qu’on va porter dans 2 ans, ils connaissent par cœur les futures gammes de couleurs, savent ce que l’on va aimer, les étoffes que l’on va désirer plus que tout, celles qu’on va jeter ou placarder.
C’est une véritable excursion dans un salon à perte de vue! Moi qui me perd dans une petite FIAC, je n’arrive pas à imaginer ce qu’une foire d’art pourrait donner ici. De quoi avoir la tête qui tourne.
Mais sans coupure et sans transition, de Villepinte aux Champs-Elysées, j’enchaîne dèja les évènements artistiques.
Je me dirige vers le cœur de Paris, à l’Espace Vuitton. C’est le vernissage de « La confusion des sens ». Une synesthésie qui m’est totalement familière, surtout en ce moment où j’entends des gôuts, je vois des sons, je ressens des couleurs…
Après avoir parcouru le globe et donné aux visiteurs le goût de l’exploration, l’Espace Vuitton nous a donc convié cette fois à un voyage intérieur auxquels se sont joints une petite dizaine d’artistes. Jeux de perceptions, troubles de la vision et perte de soi sont au programme.
Et là, d’emblée, on refuse de m’ouvrir les portes de la perception… parce que, oui, j’étais sur la liste, oui… mais seulement jusqu’à 18h… Et il est 18h01 ! Héhé ! J’adoooooore ! On est dans un Post Office Anglais ou quoi ? On ne me l’avait jamais faite celle-là.
Et si, à 18h02, je vous apprenais à faire la grimace ? Je pourrais décider de m’appeler autrement par exemple.
Et si à 18h03, on jouait à « Si j’étais… ». Je suis, je suis… Madame Lempicka. Lolita. Non, je suis Mademoiselle Addams, Mercredi !
Plutôt quelqu’un de connu dans l’art mais en dehors de la presse? Koons. Je suis Jeff Koons ! Plus c’est gros, plus ils gobent ! Madame Christian Lacroix.
Du sérieux ? Madame Blistène ? Madame Flay? Oui, Jennifer Flay ! Madame Anne Racine ? Madame Macel Christine? …surtout que je sais exactement où elle se trouve ce soir et que ce type a l’air aussi physio que je suis dresseuse de hyènes !
Mmmmmouais mais bon, je n’aime pas les choses trop faciles.
Par expérience, je sais que les excès d’honnêteté ne paient jamais, surtout en France où l’on préfère vous voir mentir comme un arracheur de dents plutôt que de vous prendre la main dans le sac de l’honnêteté !
Et pourtant, je laisse fièrement les mensonges aux bouffons sans fond!
Du coup, puisque la presse n’avait un droit d’entrée que jusque 18h, j’enlève mon déguisement de journaliste d’art pour redevenir… Anaïd Demir, passionnée d’art depuis le berceau. Il y a des fatalités contre lesquels on ne peut rien.
Bon, ici, il est plus de 18h, ils ne veulent plus de journalistes ! Quelle carte de visite choisir alors? Prof d’esthétique ? Détective privée ? Amie des artistes ? Ecrivain ? Galeriste ? Collectionneuse ? Wannabee ? J’hésite sur mon pedigree du jour.
Et si rentrais à la maison ? J’ai fait Villepinte-Paris à la vitesse du son pour repartir sans bousculer mes perceptions ? Pas question !
Et pendant que je me perds dans mes déductions, l’adorable Julien Eymeri, passionné d’art lui aussi, m’entraîne déjà par le bras : il est mon cavalier, je suis son invitée ! J’en suis enchantée.
On est déjà dans l’ascenseur d’Olafur Eliasson, la confusion des sens démarre dans l’obscurité de cet espace transitoire. Puis l’odyssée sensorielle se poursuit dans les salles, au 7è étage… un 7è ciel artistique ?
Ce serait alors celui de Laurent Saksik ! Il a tout simplement mis le ciel en boîte. Pour nous, rien que pour nous ! Un échantillon à savourer sur place. Dans cette « Confusion des sens », c’est l’une des réponses la plus à mon gôut ! La plus rêveuse. Où se perd-on le plus sinon dans les perspectives célestes ?
D’ailleurs l’artiste Boursier-Mougenot a beau s’appeler Céleste, il n’a rien fait de plus que superposer du réel dans son installation. Il a additionné des sons quotidiens dans la salle principale, la rotonde, de l’Espace Vuitton. Pas de quoi décoller ! Quel dommage.
Et d’ailleurs, sans que je ne me rappelle ni comment ni pourquoi, je me retrouve rapidement quelques étages plus bas, dans le hall du magasin Vuitton.
Je suis retombée niveau 1, alors qu’habituellement on finit sur la terrasse de rêve des lieux à repousser les perspectives de Paris, à faire des lassos avec la Seine, à tendre les bras vers le ciel et finalement le boire comme un cocktail signé du divin Niçois Rosicrucien : j’ai nommé Yves Klein.
Mais bleu pour bleu : je croise le regard lumineux de Géraldine que je n’avais pas vu depuis lustres. Elle est justement là sur l’invitation de Laurent Saksik dont elle suit de près le travail et qu’elle a déjà exposé il y a quelques années dans le cadre de son projet « Ideal Office ». Fini le lieu de toutes les souffrances, Géraldine et son « Outcast Incorporated » mettait les artistes à la recherche du bureau idéal. Et le travail se transforme en plaisir. Le cadre y fait beaucoup.
Long time no see. Elle est plus radieuse que jamais. On discute de 1000 et une choses et puis une question se pose…
Ce que je fais demain soir ? J’en sais rien. J’hésite. Je voulais m’inscrire à un cours de sophrologie ou de yoga pour oublier que je suis à Paris. Je vais me faire limer les dents qui se sont émoussées après un mois de douceur au bord de la mer ? Je vais revoir les « Dents de la Mer » pour m’habituer à la ville ? Je vais dévorer du dauphin ? Dépecer un agneau et m’en faire une écharpe pour l’hiver de l’amour Parisien ?
Mais cette Wonder Woman aux faux-air de Marlène Jobert en version punk-rock a bien mieux : un concert d’Adam Green et de Carl Barrat à Beaubourg demain ! C’est elle qui l’organise avec sa boîte de prod toute neuve et bourrée d’idées : « Stage of the art ».
Mon Union Jack au collet, je ne cherche même pas à comprendre si j’ai réellement quelque chose d’important prévu le vendredi 18 au soir ! Je réponds : « Who ??? Yeahhhhh ! Is it ? Amen, sure, amazing, obviously, I will be there ! Of course, on time… great, thanks, thanks so much ! ».
C’est tout-à-l’heure ! J’y cours. Et ça se termine au Chacha. Comme il se doit.
Après 1 mois passée dans ma bulle à écrire un essai encore classé top secret… après 1 mois plein Sud avec vue panoramique sur la mer à la Villa Tamaris… ma rentrée démarre brutalement un lundi 14 septembre à Lyon.
Périple hors de ma bulle : bain de foule et bain d’art à la Biennale qui me met instantanément dans un « punk mood » ! Grrrrrr ! Je n’ai plus qu’un seul mot d’ordre : « Never mind the Biennals » !
J’ai raté Venise et je sais que j’ai vraiment raté une magnifique Biennale… mais je n’ai pas raté Lyon et j’aurais mieux fait de profiter de ma vue sur la Mediterranée plutôt que de dériver si vite vers le Nord.
D’emblée, j’ai la chair de poule et j’ai froid dans mon costume Croisette des 80’s, un compromis stylistique entre BB Initials et Nena. Ballerines argent, minishort de smoking, jambes bronzées et top Vichy… auraient mieux fait de rester au placard ! Non seulement je suis accueillie par la pluie, mais en plus, je me balade dans une ambiance ultra-plombée avec des expos qui me collent le cafard. J’aurais mieux fait de rester une journée de plus à La Ciotat.
Heureusement, mes sunglasses Thierry Lasry x Liquid Archi x Thomas Lélu créent un joli sfumatto sur toutes ces expos désolantes tout en m’isolant joliment des gens. Je ne suis pas sûre que l’engagement artistique passe par ces installations qui dégagent démagogie ou complaisance.
Et puis la vocation de l’art, à mon avis, ce n’est pas de renvoyer au quotidien, au réel, au terre-à-terre… pas de cette façon en tout cas. L’art, c’est un truc qui rappelle qui nous rappelle que le réel est vraiment ce qu’il y a de mieux et de plus intéressant. Et je fais tout pour ne pas paraphraser Filliou, mais l’art, c’est quand même « ce qui rend la vie plus intéressant que l’art ». j’ai l’impression que personne ne comprend plus cette phrase. Elle est utilisée à tort et à travers mais c’est quand même le créateur de la « république géniale » qui en est l’auteur. Du seul mec capable d’organiser des expos dans le fond de son chapeau. Mais où est passé le talent ? Est-il mort en 1987 avec ce poète de génie ?
L’énergie, c’est vraiment quelque chose à préserver !
Une fois à Paris, pour échapper à la morosité et à ces essaims d’energy-killers, je cours retrouver Artus chez lui à Pigalle et faire un premier bilan de notre projet. Une courte mais rayonnante virée, idéale pour conserver au chaud toute ma vitamine D.
En le quittant, j’ai des montées de larmes, je ne sais pas pourquoi.
Alors que lui, en guise de performance, part s’enfermer dans un temple de consommation, sans téléphone, sans ordi, sans internet, sans le moindre moyen de communication pendant une semaine… moi je sors de ma bulle et j’ai pour seule perspective que de plonger d’un bain de foule artistique à l’autre.
Il faut que je me réhabitue pallier par pallier au monde. Finie ma vie d’ermite.
Je commence par Villepinte en compagnie de la chaleureuse Marie-Laure du « 2è Bureau » pour « Première Vision », le salon mondial des tissus d’habillement. C’est un baptème pour moi. Des échantillons de tissus à perte de vue. De nouvelles matières. Le bio et l’ethique mais aussi le synthétique. « Première Vision » est une ville en soi ! Des milliers de boxes avec des portes de saloon qui s’ouvrent et se referment sans cesse. A l’intérieur de ces ruches, des contrats se négocient secrètement entre créateurs, industriels et marques de luxe. C’est un dédale, ce salon. Des milliers de géographies superposées. Des zones qui donnent la météo du tissu d’habillement et fixent donc le La de la mode. Des nuanciers que l’on a envie d’emporter. Des tendances de couleurs et de matières, et de l’espionnage industriel. Un rêve d’artiste… ou de modiste. Tout y est. Des tissus rares, des matières inédites, des étoffes que l’on chiffone, effleure, caresse. Les dentelles historiques de la maison Sophie Hallette. Des rescapées d’une époque lointaine.
D’ailleurs, ici, on a à la fois les pieds plantés dans le passé avec des matières artisanalement et précieusement réalisées, et le futur. Tous ces gens savent déjà ce qu’on va porter dans 2 ans, ils connaissent par cœur les futures gammes de couleurs, savent ce que l’on va aimer, les étoffes que l’on va désirer plus que tout, celles qu’on va jeter ou placarder.
C’est une véritable excursion dans un salon à perte de vue! Moi qui me perd dans une petite FIAC, je n’arrive pas à imaginer ce qu’une foire d’art pourrait donner ici. De quoi avoir la tête qui tourne.
Mais sans coupure et sans transition, de Villepinte aux Champs-Elysées, j’enchaîne dèja les évènements artistiques.
Je me dirige vers le cœur de Paris, à l’Espace Vuitton. C’est le vernissage de « La confusion des sens ». Une synesthésie qui m’est totalement familière, surtout en ce moment où j’entends des gôuts, je vois des sons, je ressens des couleurs…
Après avoir parcouru le globe et donné aux visiteurs le goût de l’exploration, l’Espace Vuitton nous a donc convié cette fois à un voyage intérieur auxquels se sont joints une petite dizaine d’artistes. Jeux de perceptions, troubles de la vision et perte de soi sont au programme.
Et là, d’emblée, on refuse de m’ouvrir les portes de la perception… parce que, oui, j’étais sur la liste, oui… mais seulement jusqu’à 18h… Et il est 18h01 ! Héhé ! J’adoooooore ! On est dans un Post Office Anglais ou quoi ? On ne me l’avait jamais faite celle-là.
Et si, à 18h02, je vous apprenais à faire la grimace ? Je pourrais décider de m’appeler autrement par exemple.
Et si à 18h03, on jouait à « Si j’étais… ». Je suis, je suis… Madame Lempicka. Lolita. Non, je suis Mademoiselle Addams, Mercredi !
Plutôt quelqu’un de connu dans l’art mais en dehors de la presse? Koons. Je suis Jeff Koons ! Plus c’est gros, plus ils gobent ! Madame Christian Lacroix.
Du sérieux ? Madame Blistène ? Madame Flay? Oui, Jennifer Flay ! Madame Anne Racine ? Madame Macel Christine? …surtout que je sais exactement où elle se trouve ce soir et que ce type a l’air aussi physio que je suis dresseuse de hyènes !
Mmmmmouais mais bon, je n’aime pas les choses trop faciles.
Par expérience, je sais que les excès d’honnêteté ne paient jamais, surtout en France où l’on préfère vous voir mentir comme un arracheur de dents plutôt que de vous prendre la main dans le sac de l’honnêteté !
Et pourtant, je laisse fièrement les mensonges aux bouffons sans fond!
Du coup, puisque la presse n’avait un droit d’entrée que jusque 18h, j’enlève mon déguisement de journaliste d’art pour redevenir… Anaïd Demir, passionnée d’art depuis le berceau. Il y a des fatalités contre lesquels on ne peut rien.
Bon, ici, il est plus de 18h, ils ne veulent plus de journalistes ! Quelle carte de visite choisir alors? Prof d’esthétique ? Détective privée ? Amie des artistes ? Ecrivain ? Galeriste ? Collectionneuse ? Wannabee ? J’hésite sur mon pedigree du jour.
Et si rentrais à la maison ? J’ai fait Villepinte-Paris à la vitesse du son pour repartir sans bousculer mes perceptions ? Pas question !
Et pendant que je me perds dans mes déductions, l’adorable Julien Eymeri, passionné d’art lui aussi, m’entraîne déjà par le bras : il est mon cavalier, je suis son invitée ! J’en suis enchantée.
On est déjà dans l’ascenseur d’Olafur Eliasson, la confusion des sens démarre dans l’obscurité de cet espace transitoire. Puis l’odyssée sensorielle se poursuit dans les salles, au 7è étage… un 7è ciel artistique ?
Ce serait alors celui de Laurent Saksik ! Il a tout simplement mis le ciel en boîte. Pour nous, rien que pour nous ! Un échantillon à savourer sur place. Dans cette « Confusion des sens », c’est l’une des réponses la plus à mon gôut ! La plus rêveuse. Où se perd-on le plus sinon dans les perspectives célestes ?
D’ailleurs l’artiste Boursier-Mougenot a beau s’appeler Céleste, il n’a rien fait de plus que superposer du réel dans son installation. Il a additionné des sons quotidiens dans la salle principale, la rotonde, de l’Espace Vuitton. Pas de quoi décoller ! Quel dommage.
Et d’ailleurs, sans que je ne me rappelle ni comment ni pourquoi, je me retrouve rapidement quelques étages plus bas, dans le hall du magasin Vuitton.
Je suis retombée niveau 1, alors qu’habituellement on finit sur la terrasse de rêve des lieux à repousser les perspectives de Paris, à faire des lassos avec la Seine, à tendre les bras vers le ciel et finalement le boire comme un cocktail signé du divin Niçois Rosicrucien : j’ai nommé Yves Klein.
Mais bleu pour bleu : je croise le regard lumineux de Géraldine que je n’avais pas vu depuis lustres. Elle est justement là sur l’invitation de Laurent Saksik dont elle suit de près le travail et qu’elle a déjà exposé il y a quelques années dans le cadre de son projet « Ideal Office ». Fini le lieu de toutes les souffrances, Géraldine et son « Outcast Incorporated » mettait les artistes à la recherche du bureau idéal. Et le travail se transforme en plaisir. Le cadre y fait beaucoup.
Long time no see. Elle est plus radieuse que jamais. On discute de 1000 et une choses et puis une question se pose…
Ce que je fais demain soir ? J’en sais rien. J’hésite. Je voulais m’inscrire à un cours de sophrologie ou de yoga pour oublier que je suis à Paris. Je vais me faire limer les dents qui se sont émoussées après un mois de douceur au bord de la mer ? Je vais revoir les « Dents de la Mer » pour m’habituer à la ville ? Je vais dévorer du dauphin ? Dépecer un agneau et m’en faire une écharpe pour l’hiver de l’amour Parisien ?
Mais cette Wonder Woman aux faux-air de Marlène Jobert en version punk-rock a bien mieux : un concert d’Adam Green et de Carl Barrat à Beaubourg demain ! C’est elle qui l’organise avec sa boîte de prod toute neuve et bourrée d’idées : « Stage of the art ».
Mon Union Jack au collet, je ne cherche même pas à comprendre si j’ai réellement quelque chose d’important prévu le vendredi 18 au soir ! Je réponds : « Who ??? Yeahhhhh ! Is it ? Amen, sure, amazing, obviously, I will be there ! Of course, on time… great, thanks, thanks so much ! ».
C’est tout-à-l’heure ! J’y cours. Et ça se termine au Chacha. Comme il se doit.
samedi 26 septembre 2009
Episode 62
Samedi 12 septembre 2009
Carte postale.
Instants béats sur une table ronde de café. Place du théâtre à Toulon. Un Perrier. Un café. Mon Ipod. Un feutre stabilo rouge rayé de blanc, comme du dentifrice. Des tas de stylos de toutes les couleurs et de toutes les plumes. Et notamment un collector, la réédition pastelle du Bic-4-couleurs. Un mini carnet signé Anna Sui. Un cahier géant:mon Castelbajac préféré surmonté d’un énorme Union Jack Mondrianesque.
J’hésite entre la lecture du dernier Jalouse et le « Book of Snobs » de William Makepeace Thackeray (1811-1863) : l’auteur de « Vanity Fair » et des « Mémoires de Barry Lindon" qui inspira Kubrick.
Je le prends en main, je le savoure à l’avance. J’en tourne les pages, j’en déguste quelques passages. Il ne perd rien pour attendre, le moment venu je le dévorerai, je le surlignerai, le stabilobosserai, en recopierai des passages.
Qu’est-ce que le SNOBisme ? « un acronyme du mot ‘’Sine NOBilitas’’ ».
Et sinon ? « Un calque du mot anglais ‘’snob’’, cordonnier, désignant dans l’argot de la très huppée université de Cambridge une personne n’appartenant pas à ce monde, puis par extension une personne de ‘’basse condition’’, qui cherchait à se conformer, sans goût ni sens critique, à toute mode hors de sa classe ».
Comme ça, ça a l’air assez inhumain, j’avoue… mais en fait, ça n’a rien à voir. C’est tout sauf quelque chose de méprisant. S’il est question de lutte de classes, Thackeray s’en moque avec bonheur. Ce n’est rien de plus qu’une tranche d’humour à l’anglaise écrite au XIXè. C’est même, de la part de Thackeray, une critique très affectueuse de la société de son temps, et pas seulement de la classe privilégiée à laquelle il appartenait. Car s’il y a une chose à relever dès le début de la lecture du « Livre des SNOBS », c’est qu’il est écrit « par l’un d’entre eux » comme nous le rappelle son sous-titre. Et ces 45 courts textes sont parus sous forme d’amusantes chroniques dans la grande revue british de l’époque Victorienne « PUNCH ». Un joli coup de poing dans les idées reçues.
On y découvre comment certains mangent leurs petits pois au couteau ou encore comment un SNOB a fait fuir un moins SNOB que lui en se curant les dents avec une fourchette deux jours de suite à l’heure du déjeuner dans le très prestigieux Hotel Impérial de Bagnigge Wells. Comment chasser un opportun à coups de fourchettes… donc !
Et si l’on méprise les Snobs et que l’on est convaincu de ne pas en être, Thackeray nous calme un peu : « Le Snobisme, c’est comme la Mort dans une citation d’Horace que vous n’avez, je l’espère, jamais entendue : la mort qui ‘’frappe d’un pied indifférent les masures des pauvres et les palais des rois’’. » dit-il. Et il ajoute que « c’est une grave erreur de juger les Snobs à la légère et de penser qu’ils n’existent que parmi les classes inférieures. Je suis d’avis qu’on les retrouve en nombre dans chaque strate de cette vie mortelle. Gardez-vous de porter sur eux un jugement hâtif ou vulgaire, car agir ainsi vous désigne aussitôt comme un des leurs. J’ai moi-même été considéré comme l’un d’entre eux. »
Fin observateur des mœurs britanniques de l’époque, Thackeray porte bien son nom : he tries to « MAKEPEACE » ! Il diffuse l’amour d’autrui autour de lui. Alors comment ne pas tomber amoureuse de tendre et incisive la plume de cet humaniste à quelques siècles d’intervalle ?
C’est une analyse claire des comportements sociaux de son temps, quelque chose que j’admire et auquel même, souvent, je m’essaie.
Je suis toujours en terrasse sur ma table ronde varoise. C’est la fin d’une époque. D’un séjour d’un mois d’écriture. Tout-à-l’heure, je prendrai une dernière fois le bâteau. Je me laisserai bercer par l’eau, cocooner par l’air marin. Ma peau essaiera de retenir au maximum toute la vitamine D emmagasinée ici pendant des semaines.
Réenergisée, la peau hâlée, légère et court vêtue… je me rends de ce pas à la gare acheter mon billet pour Lyon en passant par La Ciotat. Ensuite, je m’installerai sur une autre terrasse pour lire et réfléchir encore en compagnie de mon petit soleil littéraire du jour : Sir William Makepeace Thackeray. Again and again.
Carte postale.
Instants béats sur une table ronde de café. Place du théâtre à Toulon. Un Perrier. Un café. Mon Ipod. Un feutre stabilo rouge rayé de blanc, comme du dentifrice. Des tas de stylos de toutes les couleurs et de toutes les plumes. Et notamment un collector, la réédition pastelle du Bic-4-couleurs. Un mini carnet signé Anna Sui. Un cahier géant:mon Castelbajac préféré surmonté d’un énorme Union Jack Mondrianesque.
J’hésite entre la lecture du dernier Jalouse et le « Book of Snobs » de William Makepeace Thackeray (1811-1863) : l’auteur de « Vanity Fair » et des « Mémoires de Barry Lindon" qui inspira Kubrick.
Je le prends en main, je le savoure à l’avance. J’en tourne les pages, j’en déguste quelques passages. Il ne perd rien pour attendre, le moment venu je le dévorerai, je le surlignerai, le stabilobosserai, en recopierai des passages.
Qu’est-ce que le SNOBisme ? « un acronyme du mot ‘’Sine NOBilitas’’ ».
Et sinon ? « Un calque du mot anglais ‘’snob’’, cordonnier, désignant dans l’argot de la très huppée université de Cambridge une personne n’appartenant pas à ce monde, puis par extension une personne de ‘’basse condition’’, qui cherchait à se conformer, sans goût ni sens critique, à toute mode hors de sa classe ».
Comme ça, ça a l’air assez inhumain, j’avoue… mais en fait, ça n’a rien à voir. C’est tout sauf quelque chose de méprisant. S’il est question de lutte de classes, Thackeray s’en moque avec bonheur. Ce n’est rien de plus qu’une tranche d’humour à l’anglaise écrite au XIXè. C’est même, de la part de Thackeray, une critique très affectueuse de la société de son temps, et pas seulement de la classe privilégiée à laquelle il appartenait. Car s’il y a une chose à relever dès le début de la lecture du « Livre des SNOBS », c’est qu’il est écrit « par l’un d’entre eux » comme nous le rappelle son sous-titre. Et ces 45 courts textes sont parus sous forme d’amusantes chroniques dans la grande revue british de l’époque Victorienne « PUNCH ». Un joli coup de poing dans les idées reçues.
On y découvre comment certains mangent leurs petits pois au couteau ou encore comment un SNOB a fait fuir un moins SNOB que lui en se curant les dents avec une fourchette deux jours de suite à l’heure du déjeuner dans le très prestigieux Hotel Impérial de Bagnigge Wells. Comment chasser un opportun à coups de fourchettes… donc !
Et si l’on méprise les Snobs et que l’on est convaincu de ne pas en être, Thackeray nous calme un peu : « Le Snobisme, c’est comme la Mort dans une citation d’Horace que vous n’avez, je l’espère, jamais entendue : la mort qui ‘’frappe d’un pied indifférent les masures des pauvres et les palais des rois’’. » dit-il. Et il ajoute que « c’est une grave erreur de juger les Snobs à la légère et de penser qu’ils n’existent que parmi les classes inférieures. Je suis d’avis qu’on les retrouve en nombre dans chaque strate de cette vie mortelle. Gardez-vous de porter sur eux un jugement hâtif ou vulgaire, car agir ainsi vous désigne aussitôt comme un des leurs. J’ai moi-même été considéré comme l’un d’entre eux. »
Fin observateur des mœurs britanniques de l’époque, Thackeray porte bien son nom : he tries to « MAKEPEACE » ! Il diffuse l’amour d’autrui autour de lui. Alors comment ne pas tomber amoureuse de tendre et incisive la plume de cet humaniste à quelques siècles d’intervalle ?
C’est une analyse claire des comportements sociaux de son temps, quelque chose que j’admire et auquel même, souvent, je m’essaie.
Je suis toujours en terrasse sur ma table ronde varoise. C’est la fin d’une époque. D’un séjour d’un mois d’écriture. Tout-à-l’heure, je prendrai une dernière fois le bâteau. Je me laisserai bercer par l’eau, cocooner par l’air marin. Ma peau essaiera de retenir au maximum toute la vitamine D emmagasinée ici pendant des semaines.
Réenergisée, la peau hâlée, légère et court vêtue… je me rends de ce pas à la gare acheter mon billet pour Lyon en passant par La Ciotat. Ensuite, je m’installerai sur une autre terrasse pour lire et réfléchir encore en compagnie de mon petit soleil littéraire du jour : Sir William Makepeace Thackeray. Again and again.
Episode 61
Mercredi 05 aôut 2009
Les histoires de diable continuent !
Mon statut Facebookéen des derniers jours ? « Anaïd cherche un diable et une torche »… et je récupère un diable, mais pas de torche au café des « Phares » ! la réalité est toujours plus belle que la fiction ! J’adore facebook quand il répond à mes questions, me guide dans l’absolu cosmique, suscite des solutions pratiques.
Du virtuel au réel, c’est toujours cette même sensation, ce vertige qui fait que l’on est troublé à l’idée de passer de l’autre côté. Du miroire, ou plutôt de l’écran. Du virtuel au réel, je rencontre Gaylor, un facebooker à l’esprit chevaleresque qui m’apporte un diable et me demande d’où peut bien venir le nom de cet objet curieux.
Je m’improvise etymologiste… ça vient du grec mais aussi du latin et de l’araméen… son nom est directement lié à sa forme : forcément diabolique. Et comme le diable -l’ange déchu- porterait deux cornes sur la tête, le diable est un objet avec deux langues, un objet à la langue bipartite…
Et comme le diable -je veux dire le malin- et mieux encore que les tapis volants, le diable -je veux dire l’objet pratique et serviable- permet des transports faciles, rapides mais evidemment diaboliques. Avec le diable, tout semble rouler, donc. Et les vertiges sont assurés.
Et alors que j’évoque les vertiges mécaniques, mon amour pour l’esthétique mécanique, la vitesse, les chromes, les bielles… tout ça me rappelle que j’avais un oncle qui toute mon enfance et mon adolescence durant vendait de belles motos Yamaha en face de chez moi et que toute la journée durant, je voyais des garçons aux cheveux longs ou courts en sortir et y entrer en combinaison de cuir ultra-graphiques des seventies et en bottes…
Ni une ni deux, Gaylor sait où m’entraîner : à « La mécanique ondulatoire » et je me demande comment j’ai pu rester aussi longtemps sans connaître cet endroit ? Est-ce la goutte de breuvage dorée qui m’a enivrée ou l’odeur de la bière qu’un grand idiot a renversé sur mes bottes de bitch bikeuse et qui me rappelle qu’il y a plus d’un an… un autre grand con renversait une pinte de bière dans mon sac de cuir… celui-ci est un brun chevelu plein de vie qui m’avoue que si j’avais voulu, il aurait bien voulu tromper sa femme avec moi! C’est une déclaration. Ou une offre. Mais la situation mérite-t-elle attention ?
Ce sont mes derniers jours à Bastille, dans l’un de mes quartiers préférés, dans le quartier historique des bikers ? Je ne résiste pas au T.shirt que porte cet autre grand brun : il représente le Grand Bi, le vélo archaïque emblème du Village du « Prisonnier ». On ne résiste ni au T.shirt ni à la programmation musicale de Topper Harley!
Je reviendrai. Bientôt.
Mais d’abord, pour mieux revenir, il me faut quitter toute cette frénésie. Il me faut partir écrire un livre dans un lieu secret. Volontairement seule. Isolée. Inscrite dans ma bulle, en lettres minuscules. Face l’immensité de la mer, face à l’insondable élasticité de mon écran, face à moi-même. Coincée dans la charnière spacio-temporelle, entre passé-présent et futur. Dans un temps suspendu tant attendu.
Les histoires de diable continuent !
Mon statut Facebookéen des derniers jours ? « Anaïd cherche un diable et une torche »… et je récupère un diable, mais pas de torche au café des « Phares » ! la réalité est toujours plus belle que la fiction ! J’adore facebook quand il répond à mes questions, me guide dans l’absolu cosmique, suscite des solutions pratiques.
Du virtuel au réel, c’est toujours cette même sensation, ce vertige qui fait que l’on est troublé à l’idée de passer de l’autre côté. Du miroire, ou plutôt de l’écran. Du virtuel au réel, je rencontre Gaylor, un facebooker à l’esprit chevaleresque qui m’apporte un diable et me demande d’où peut bien venir le nom de cet objet curieux.
Je m’improvise etymologiste… ça vient du grec mais aussi du latin et de l’araméen… son nom est directement lié à sa forme : forcément diabolique. Et comme le diable -l’ange déchu- porterait deux cornes sur la tête, le diable est un objet avec deux langues, un objet à la langue bipartite…
Et comme le diable -je veux dire le malin- et mieux encore que les tapis volants, le diable -je veux dire l’objet pratique et serviable- permet des transports faciles, rapides mais evidemment diaboliques. Avec le diable, tout semble rouler, donc. Et les vertiges sont assurés.
Et alors que j’évoque les vertiges mécaniques, mon amour pour l’esthétique mécanique, la vitesse, les chromes, les bielles… tout ça me rappelle que j’avais un oncle qui toute mon enfance et mon adolescence durant vendait de belles motos Yamaha en face de chez moi et que toute la journée durant, je voyais des garçons aux cheveux longs ou courts en sortir et y entrer en combinaison de cuir ultra-graphiques des seventies et en bottes…
Ni une ni deux, Gaylor sait où m’entraîner : à « La mécanique ondulatoire » et je me demande comment j’ai pu rester aussi longtemps sans connaître cet endroit ? Est-ce la goutte de breuvage dorée qui m’a enivrée ou l’odeur de la bière qu’un grand idiot a renversé sur mes bottes de bitch bikeuse et qui me rappelle qu’il y a plus d’un an… un autre grand con renversait une pinte de bière dans mon sac de cuir… celui-ci est un brun chevelu plein de vie qui m’avoue que si j’avais voulu, il aurait bien voulu tromper sa femme avec moi! C’est une déclaration. Ou une offre. Mais la situation mérite-t-elle attention ?
Ce sont mes derniers jours à Bastille, dans l’un de mes quartiers préférés, dans le quartier historique des bikers ? Je ne résiste pas au T.shirt que porte cet autre grand brun : il représente le Grand Bi, le vélo archaïque emblème du Village du « Prisonnier ». On ne résiste ni au T.shirt ni à la programmation musicale de Topper Harley!
Je reviendrai. Bientôt.
Mais d’abord, pour mieux revenir, il me faut quitter toute cette frénésie. Il me faut partir écrire un livre dans un lieu secret. Volontairement seule. Isolée. Inscrite dans ma bulle, en lettres minuscules. Face l’immensité de la mer, face à l’insondable élasticité de mon écran, face à moi-même. Coincée dans la charnière spacio-temporelle, entre passé-présent et futur. Dans un temps suspendu tant attendu.
EPISODE 60
Samedi 01er Aôut 2009
Retour furtif dans Paris, entre deux destinations.
On croit toujours que le mois d’aôut -et même dès le 20 juillet-, Paris est une ville désertée où l’art n’a pas le droit de citer… FAUX ! C’est juste une ville qui respire. Qui travaille en terrasse. Au calme. Sans la pression.
Et c’est là, en terrasse, que l’on croise tout le monde.
Les écrivains-philosophes qui préparent leur prochain article ou leur prochain livre ( ;-) Charles P.) Les stylistes qui rêvent à leur prochaine collection ( ;-) Corinne Cobson), les éditeurs de magazine qui programment leur plan marketing de l’année… et les Artus, un genre tout particulier d’artistes qui fleurit en terrasse du « Bar du Marché ». Quoique j’ai tort de dupliquer Artus, le multiplier comme s’il était une espèce à lui tout seul ! Artus est unique et je l’ai cherché et je l’ai filé une partie de la journée avant de le retrouver là, rue de Bretagne, en terrasse, en compagnie de Corinne chez qui il a très récemment exposé.
Je n’ai jamais connu Artus autrement que rayonnant, souriant et skatant chaque fois sur une nouvelle vague de talent. Mais cette fois, il s’est momentanément séparé de son attribut favori, son skate !
Au lieu de cela, il traîne derrière lui un autre engin à roulette, un diable ! Et en soi, ce diable n’aurait rien de diabolique s’il ne transportait pas cinq énormes volumes reliés et illustrés du célèbre Dictionnaire Larousse. Ces exemplaires doivent bien dater du siècle dernier, ou même du siècle d’avant qui sait. En soi, ça n’a rien d’exceptionnel, sauf quand on sait pourquoi je le cherche si activement depuis ce matin. Depuis que j’ai pris un café avec l’un de mes galeristes préférés, Axel Dibie, dont la galerie porte un nom chevaleresque, le nom d’un de ses nobles ancètres : Crèvecœur. Et on imagine un chevalier au cœur pur, prêt à se saigner pour faire règner la justice autour de lui !
Je ne sais ni pourquoi ni comment ce nom déclenche toutes ces idées, génère toutes ces images et me fait ainsi voyager dans le temps.
En tout cas, c’est Axel qui m’a rappelé l’existence d’Artus quand je lui ai parlé de mon projet. Je l’ai retrouvé quelques heures plus tard accompagné de son diabolique fardeau qui faisait mystérieusement écho au projet auquel je voudrais le faire participer ! C’est de bon augure.
Retour furtif dans Paris, entre deux destinations.
On croit toujours que le mois d’aôut -et même dès le 20 juillet-, Paris est une ville désertée où l’art n’a pas le droit de citer… FAUX ! C’est juste une ville qui respire. Qui travaille en terrasse. Au calme. Sans la pression.
Et c’est là, en terrasse, que l’on croise tout le monde.
Les écrivains-philosophes qui préparent leur prochain article ou leur prochain livre ( ;-) Charles P.) Les stylistes qui rêvent à leur prochaine collection ( ;-) Corinne Cobson), les éditeurs de magazine qui programment leur plan marketing de l’année… et les Artus, un genre tout particulier d’artistes qui fleurit en terrasse du « Bar du Marché ». Quoique j’ai tort de dupliquer Artus, le multiplier comme s’il était une espèce à lui tout seul ! Artus est unique et je l’ai cherché et je l’ai filé une partie de la journée avant de le retrouver là, rue de Bretagne, en terrasse, en compagnie de Corinne chez qui il a très récemment exposé.
Je n’ai jamais connu Artus autrement que rayonnant, souriant et skatant chaque fois sur une nouvelle vague de talent. Mais cette fois, il s’est momentanément séparé de son attribut favori, son skate !
Au lieu de cela, il traîne derrière lui un autre engin à roulette, un diable ! Et en soi, ce diable n’aurait rien de diabolique s’il ne transportait pas cinq énormes volumes reliés et illustrés du célèbre Dictionnaire Larousse. Ces exemplaires doivent bien dater du siècle dernier, ou même du siècle d’avant qui sait. En soi, ça n’a rien d’exceptionnel, sauf quand on sait pourquoi je le cherche si activement depuis ce matin. Depuis que j’ai pris un café avec l’un de mes galeristes préférés, Axel Dibie, dont la galerie porte un nom chevaleresque, le nom d’un de ses nobles ancètres : Crèvecœur. Et on imagine un chevalier au cœur pur, prêt à se saigner pour faire règner la justice autour de lui !
Je ne sais ni pourquoi ni comment ce nom déclenche toutes ces idées, génère toutes ces images et me fait ainsi voyager dans le temps.
En tout cas, c’est Axel qui m’a rappelé l’existence d’Artus quand je lui ai parlé de mon projet. Je l’ai retrouvé quelques heures plus tard accompagné de son diabolique fardeau qui faisait mystérieusement écho au projet auquel je voudrais le faire participer ! C’est de bon augure.
Episode 59
Mardi 07 juillet 2009
Par hasard, alors qu’il est aux alentours de 14h, j’allume la télé… je passe d’une chaîne à l’autre, je joue avec la télécommande quand le sous-titre m’indique que je suis face à une de mes séries sixties favorite : « Chapeau Melon et bottes de cuir ». Et en un regard, je sais de quel épisode il s’agit. Pourquoi ? Parce que sur cet écran dans lequel Purdey vient d’abattre quelqu’un à bout portant, je reconnais mon vert favori, celui de ma forêt natale! Et justement, c’est un épisode tourné en 77. Aurais-je croisé Steed, enfant, dans les rues de ma ville ?
Il se peut.
Quoiqu’il en soit, je savoure l’épisode tourné dans la forêt de Montmorency, à Taverny. Il y a plusieurs plans sur la place de l’Eglise, dans les hauteurs, près de la forêt, près du cimetière. Je reconnais la porte de l’Eglise du 13è siècle que j’ai parfois poussé, même avec ma grand-mère. Le banc. La maison Danone. La maison blanche. Et le poumon vert derrière, près de la base aérienne.
C’est comme un appel. Quelque chose qui vient se greffer sur le quotidien, des expos… un retour aux sources, au calme… c’est l’été, je me retire momentanément. Loin de l’art contemporain mais au plus près de la nature.
Par hasard, alors qu’il est aux alentours de 14h, j’allume la télé… je passe d’une chaîne à l’autre, je joue avec la télécommande quand le sous-titre m’indique que je suis face à une de mes séries sixties favorite : « Chapeau Melon et bottes de cuir ». Et en un regard, je sais de quel épisode il s’agit. Pourquoi ? Parce que sur cet écran dans lequel Purdey vient d’abattre quelqu’un à bout portant, je reconnais mon vert favori, celui de ma forêt natale! Et justement, c’est un épisode tourné en 77. Aurais-je croisé Steed, enfant, dans les rues de ma ville ?
Il se peut.
Quoiqu’il en soit, je savoure l’épisode tourné dans la forêt de Montmorency, à Taverny. Il y a plusieurs plans sur la place de l’Eglise, dans les hauteurs, près de la forêt, près du cimetière. Je reconnais la porte de l’Eglise du 13è siècle que j’ai parfois poussé, même avec ma grand-mère. Le banc. La maison Danone. La maison blanche. Et le poumon vert derrière, près de la base aérienne.
C’est comme un appel. Quelque chose qui vient se greffer sur le quotidien, des expos… un retour aux sources, au calme… c’est l’été, je me retire momentanément. Loin de l’art contemporain mais au plus près de la nature.
Episode 58
Mardi 05 Mai 2009
« I’m a Barbie Girl in a Barbie wo-o-O-O-orld »…
20h30 tapantes : je suis au Gaumont Opéra, boulevard des Capucines.
Je suis là pour « Barbie Girls », un court-métrage réalisé par Vinciane. Une amie de lycée que j’ai retrouvé par hasard un matin au « First Café », un pseudo café de bikers de province. Très calme et sympathique. Juste en face de chez elle et en bas de chez moi.
C’était il y a 3 ou 4 mois. Je me suis installée à côté d’une table que je croyais vide… puis le serveur a ramené une tasse de thé. J’avais déjà tout déballé, et même si j’aurais préféré être seule, j’avais la flemme de changer de place. Puis j’ai senti une présence familière s’avancer vers moi. C’est alors que j’ai vu une grande fille longiligne débarquer et s’installer à côté de moi. Je n’ai pas pu m’empêcher de la saluer… comme si je la connaissais. Comme si je l’avais toujours connue. Une présence amie. C’est l’effet que ça me faisait. C’était donc tout naturel de la saluer et elle me répond d’ailleurs tout aussi naturellement… Mes mots devancent ma pensée, j’ai le sentiment qu’on se connaît, et je lui dis. Elle me dévisage et est persuadée que non. Me répond même, sincèrement et définitivement « je ne pense pas, non », alors que je suis persuadée du contraire. J’ai une très grande mémoire visuelle. Elle me trompe rarement. Ce sentiment de la connaître persiste en moi. Ces grands yeux, ce regard…
Côte à côte dans ce petit troquet désert, on s’est replongées dans nos trucs… Et pendant ce temps, ma mémoire checke les différentes étapes de ma vie.
Finalement, au bout de 10 mn, elle passe un coup de fil et laisse un rapide message sur un répondeur : « Salut, c’est Vinciane… et blablabla blablibli… » !
Et pendant ce temps, mon sang ne fait qu’un tour : Vinciane ? Mais j’ai connu une Vinciane dans une autre vie… mais où ? Quand ? J’attends qu’elle raccroche pour m’aider à percer le mystère.
Et on commence alors à recouper nos infos pour en finir avec ce suspens !
La fac ? Tolbiac ? Michelet ? Histoire ? Histoire de l’art ? Non !
Les Beaux-Arts de Paris ?
Le collège ? Taverny ? Noooooooon ? Alors peut-être le lycée ? L’Isle-Adam ? J’ai cherché… et finalement, quand jai cité L’Isle-Adam… ça a fait tilt et re-tilt chez elle !
On était au lycée ensemble ! Dans la même classe ! Avec Pierre Plancoulaine et sans doute Aurélia Tramasaygues. Christelle Fauche et Karine Surcouf. Fabrice Descamps. Et sans doute Delphine Legendre, Gäel Morange, Laëtitia Fouin, Cécile Guérin, Jeanne Cotteverte… Je ne sais plus. Nos name-droppings se croisent. Elle me parle d’une Sophie Breton dont je n’ai aucun souvenir et qui serait décédée il y a 10 ans. Une fille très belle. Aucun souvenir. Il faudrait que je revoie la photo de classe. Même pas sûr que je l’ai. Avec tout ce bordel, je ne sais même plus où est le registre dans lequel je consigne tous les noms des gens avec qui j’étais en classe depuis la maternelle…
On se seraient revues tôt ou tard, Vinciane et moi, puisqu’elle habite en face de d’un de mes cafés du matin. Elle est devenue comédienne. J’ai d’abord cru que c’était juste un hobby… mais, c’est sérieux au contraire et elle a l’air au contraire plus qu’intégré au milieu audio-visuel. Elle pensait que mon impression de la connaître venait de là, puisqu’elle joue dans des téléfilms. En plus, elle a commencé avec des Lelouch, tourné avec des Gamblin, Zylberstein & Co. C’est aussi la voix, l’unique voix, de France 5. Et pour finir, elle aime aussi prendre les commandes de la caméra, elle est réalisatrice.
Ce jour-là, elle m’a parlé du film qu’elle s’apprêtait à sortir et auquel je serai bientôt invitée… et nous y voilà ! Je suis au Gaumont du boulevard des capucines.
Je suis impressionnée par la taille de cette salle qui accueille le court-mètrage d’une de mes connaissances de lycée. Je me demande combien on peut être dans cette immense salle de cinéma bordée de velours rouge et de balcons multiples. Salle comble pour un court, c’est étourdissant. On est porté par les ultra-perspectives du lieu et ramené à l’enfance par le titre du film : « Barbie Girls ».
A quoi s’attendre avec un tel titre ? Je ne suis pas totalement rassurée. Surtout curieuse.
Et très vite, mine de rien, « Barbie Girls » (*+*) me replonge justement dans mes amours gothico-gore de lycée, quand je broyais du noir. La lourde cape malmenée par le vent, une frêle silhouette de corbeau, le teint cadavérique mais l’œil de braise. Du temps où je me croyais échappée d’un tortueux roman de Mary Shelley, pétrie par les atmosphères de Lovecraft, élevée au biberon de Lautréamont… OK, OK je m’arrête, j’m’arrête, j’m’arrête … !
Les lumières s’éteignent, l’écran frémit, la salle frissonne déjà… ça commence comme un joli conte d’été. Trois copines qui s’embarquent pour une virée à la campagne. C’est chaleureux, intimiste.
On espère tous avoir dans son carnet d’adresses une amie automnale qui nous inviterait de temps à autre à décompresser loin de tout, dans une forêt rousse en plein été indien.
Mais là, il n’est pas question d’aller à la cueillette aux champignons. Vinciane qui joue le rôle de Véro, celle qui invite, celle qui orchestre le week-end dans cette maison de campagne qui dans un premier temps, fait rêver… puis ça tourne au cauchemar. Ça part très vite en vrille. Comme dans nos délires enfantins. Comme dans un conte d’Edgar Allan Poe. Ça fait vite froid dans le dos.
3 comédiennes. 3 amies. 3 « Barbie Girls » of course ! Jolies et insolentes comme on aime. Au lieu de se refiler des noms d’oiseaux, elles s’offrent des surnoms affectueusement grinçants. Chacune d’entre elles est une Barbie bien spéciale : « Barbie-couche-toi-là », « barbie-pas-de-bol »… puis la Barbie très jalouse, névrosée, dépressive, voire possessive, voire psycho !
Captivant, étonnant. C’est un film de 10 mn qui, pendant un bon moment, peut couper tout désir de respirer la framboisette et vivre de la cueillette des fruits des bois entre amis !
Et pourtant, moi, tout de suite après, je devais me rendre à un dîner loin des néons parisiens. Et bien que je déteste zapper d’une soirée à l’autre, je me suis laissée embarquer dans un dîner chez Nathalie. Un ex-Petit Rat de l’Opéra converti entre autres au design : elle a une galerie qui représente Ron Arad à Paris. Mais seulement voilà, elle vit dans une lointaine banlieue. Enfin… du moins, à une distance que je ne peux pas parcourir à vélo, même à la vitesse de l’éclair! C’est là qu’elle vit avec son mari: un artiste à dreadlocks qui a l’air de tailler ses œuvres dans le réel. Philippe Pasqua peint et sculpte avec ses tripes… ou presque. Et son un immense atelier dédaléen a des airs cliniques. Assez fascinant. Qui sait si quelqu’un n’occupe pas le bloc opératoire pendant que l’on dîne tranquillement au salon? Décidément, c’est ma soirée de chair et de sang.
Entre le mobilier tout en courbes et en spirales, de Ron Arad et les tableaux très grand format et débordant de vie de Philippe… ses larges coups de pinceaux sur la toile, cette épaisse matière picturale, presque sanguinolente mais aussi tous ses tatoos partout… je me sens dans un environnement plus que charnel, carrément organique..
Mais malgré toute cette atmosphère très spéciale dès le début de la soirée, rien n’a vrillé… même si je ne suis arrivée qu’au milieu du dîner, même si mon arrivée avec deux heures de retard a cassé le plan de table, tout s’est bien terminé. J’’ai réussi à me faufiler entre Domoina et Séba, tout près de Sandra, à l’opposé du très sympathique Patrick Timsit. Je suis rentrée saine et sauve à la maison.
*+* : « Barbie Girls », court métrage écrit par Vinciane Millereau et Julien Lambroschini, réalisé par Vinciane Millereau, 2009. Avec Armelle Deutsch, Marie Guillard et Vinciane Millereau. Produit par De Films en aiguille.
« I’m a Barbie Girl in a Barbie wo-o-O-O-orld »…
20h30 tapantes : je suis au Gaumont Opéra, boulevard des Capucines.
Je suis là pour « Barbie Girls », un court-métrage réalisé par Vinciane. Une amie de lycée que j’ai retrouvé par hasard un matin au « First Café », un pseudo café de bikers de province. Très calme et sympathique. Juste en face de chez elle et en bas de chez moi.
C’était il y a 3 ou 4 mois. Je me suis installée à côté d’une table que je croyais vide… puis le serveur a ramené une tasse de thé. J’avais déjà tout déballé, et même si j’aurais préféré être seule, j’avais la flemme de changer de place. Puis j’ai senti une présence familière s’avancer vers moi. C’est alors que j’ai vu une grande fille longiligne débarquer et s’installer à côté de moi. Je n’ai pas pu m’empêcher de la saluer… comme si je la connaissais. Comme si je l’avais toujours connue. Une présence amie. C’est l’effet que ça me faisait. C’était donc tout naturel de la saluer et elle me répond d’ailleurs tout aussi naturellement… Mes mots devancent ma pensée, j’ai le sentiment qu’on se connaît, et je lui dis. Elle me dévisage et est persuadée que non. Me répond même, sincèrement et définitivement « je ne pense pas, non », alors que je suis persuadée du contraire. J’ai une très grande mémoire visuelle. Elle me trompe rarement. Ce sentiment de la connaître persiste en moi. Ces grands yeux, ce regard…
Côte à côte dans ce petit troquet désert, on s’est replongées dans nos trucs… Et pendant ce temps, ma mémoire checke les différentes étapes de ma vie.
Finalement, au bout de 10 mn, elle passe un coup de fil et laisse un rapide message sur un répondeur : « Salut, c’est Vinciane… et blablabla blablibli… » !
Et pendant ce temps, mon sang ne fait qu’un tour : Vinciane ? Mais j’ai connu une Vinciane dans une autre vie… mais où ? Quand ? J’attends qu’elle raccroche pour m’aider à percer le mystère.
Et on commence alors à recouper nos infos pour en finir avec ce suspens !
La fac ? Tolbiac ? Michelet ? Histoire ? Histoire de l’art ? Non !
Les Beaux-Arts de Paris ?
Le collège ? Taverny ? Noooooooon ? Alors peut-être le lycée ? L’Isle-Adam ? J’ai cherché… et finalement, quand jai cité L’Isle-Adam… ça a fait tilt et re-tilt chez elle !
On était au lycée ensemble ! Dans la même classe ! Avec Pierre Plancoulaine et sans doute Aurélia Tramasaygues. Christelle Fauche et Karine Surcouf. Fabrice Descamps. Et sans doute Delphine Legendre, Gäel Morange, Laëtitia Fouin, Cécile Guérin, Jeanne Cotteverte… Je ne sais plus. Nos name-droppings se croisent. Elle me parle d’une Sophie Breton dont je n’ai aucun souvenir et qui serait décédée il y a 10 ans. Une fille très belle. Aucun souvenir. Il faudrait que je revoie la photo de classe. Même pas sûr que je l’ai. Avec tout ce bordel, je ne sais même plus où est le registre dans lequel je consigne tous les noms des gens avec qui j’étais en classe depuis la maternelle…
On se seraient revues tôt ou tard, Vinciane et moi, puisqu’elle habite en face de d’un de mes cafés du matin. Elle est devenue comédienne. J’ai d’abord cru que c’était juste un hobby… mais, c’est sérieux au contraire et elle a l’air au contraire plus qu’intégré au milieu audio-visuel. Elle pensait que mon impression de la connaître venait de là, puisqu’elle joue dans des téléfilms. En plus, elle a commencé avec des Lelouch, tourné avec des Gamblin, Zylberstein & Co. C’est aussi la voix, l’unique voix, de France 5. Et pour finir, elle aime aussi prendre les commandes de la caméra, elle est réalisatrice.
Ce jour-là, elle m’a parlé du film qu’elle s’apprêtait à sortir et auquel je serai bientôt invitée… et nous y voilà ! Je suis au Gaumont du boulevard des capucines.
Je suis impressionnée par la taille de cette salle qui accueille le court-mètrage d’une de mes connaissances de lycée. Je me demande combien on peut être dans cette immense salle de cinéma bordée de velours rouge et de balcons multiples. Salle comble pour un court, c’est étourdissant. On est porté par les ultra-perspectives du lieu et ramené à l’enfance par le titre du film : « Barbie Girls ».
A quoi s’attendre avec un tel titre ? Je ne suis pas totalement rassurée. Surtout curieuse.
Et très vite, mine de rien, « Barbie Girls » (*+*) me replonge justement dans mes amours gothico-gore de lycée, quand je broyais du noir. La lourde cape malmenée par le vent, une frêle silhouette de corbeau, le teint cadavérique mais l’œil de braise. Du temps où je me croyais échappée d’un tortueux roman de Mary Shelley, pétrie par les atmosphères de Lovecraft, élevée au biberon de Lautréamont… OK, OK je m’arrête, j’m’arrête, j’m’arrête … !
Les lumières s’éteignent, l’écran frémit, la salle frissonne déjà… ça commence comme un joli conte d’été. Trois copines qui s’embarquent pour une virée à la campagne. C’est chaleureux, intimiste.
On espère tous avoir dans son carnet d’adresses une amie automnale qui nous inviterait de temps à autre à décompresser loin de tout, dans une forêt rousse en plein été indien.
Mais là, il n’est pas question d’aller à la cueillette aux champignons. Vinciane qui joue le rôle de Véro, celle qui invite, celle qui orchestre le week-end dans cette maison de campagne qui dans un premier temps, fait rêver… puis ça tourne au cauchemar. Ça part très vite en vrille. Comme dans nos délires enfantins. Comme dans un conte d’Edgar Allan Poe. Ça fait vite froid dans le dos.
3 comédiennes. 3 amies. 3 « Barbie Girls » of course ! Jolies et insolentes comme on aime. Au lieu de se refiler des noms d’oiseaux, elles s’offrent des surnoms affectueusement grinçants. Chacune d’entre elles est une Barbie bien spéciale : « Barbie-couche-toi-là », « barbie-pas-de-bol »… puis la Barbie très jalouse, névrosée, dépressive, voire possessive, voire psycho !
Captivant, étonnant. C’est un film de 10 mn qui, pendant un bon moment, peut couper tout désir de respirer la framboisette et vivre de la cueillette des fruits des bois entre amis !
Et pourtant, moi, tout de suite après, je devais me rendre à un dîner loin des néons parisiens. Et bien que je déteste zapper d’une soirée à l’autre, je me suis laissée embarquer dans un dîner chez Nathalie. Un ex-Petit Rat de l’Opéra converti entre autres au design : elle a une galerie qui représente Ron Arad à Paris. Mais seulement voilà, elle vit dans une lointaine banlieue. Enfin… du moins, à une distance que je ne peux pas parcourir à vélo, même à la vitesse de l’éclair! C’est là qu’elle vit avec son mari: un artiste à dreadlocks qui a l’air de tailler ses œuvres dans le réel. Philippe Pasqua peint et sculpte avec ses tripes… ou presque. Et son un immense atelier dédaléen a des airs cliniques. Assez fascinant. Qui sait si quelqu’un n’occupe pas le bloc opératoire pendant que l’on dîne tranquillement au salon? Décidément, c’est ma soirée de chair et de sang.
Entre le mobilier tout en courbes et en spirales, de Ron Arad et les tableaux très grand format et débordant de vie de Philippe… ses larges coups de pinceaux sur la toile, cette épaisse matière picturale, presque sanguinolente mais aussi tous ses tatoos partout… je me sens dans un environnement plus que charnel, carrément organique..
Mais malgré toute cette atmosphère très spéciale dès le début de la soirée, rien n’a vrillé… même si je ne suis arrivée qu’au milieu du dîner, même si mon arrivée avec deux heures de retard a cassé le plan de table, tout s’est bien terminé. J’’ai réussi à me faufiler entre Domoina et Séba, tout près de Sandra, à l’opposé du très sympathique Patrick Timsit. Je suis rentrée saine et sauve à la maison.
*+* : « Barbie Girls », court métrage écrit par Vinciane Millereau et Julien Lambroschini, réalisé par Vinciane Millereau, 2009. Avec Armelle Deutsch, Marie Guillard et Vinciane Millereau. Produit par De Films en aiguille.
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