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******************************* Anaïd is… Anaïd forever ******************************* Née à la Saint-Hubert patron des Chasseurs, élevée à l'acide, gouvernée par Mars et Pluton, habitée par le démon de l'écriture, rongée par la passion

lundi 25 janvier 2010

Episode 81 / Le fantôme de l’Odéon Vs Julie Gayet, Joanna Preiss, Coco Tassel & co

Lundi 09 novembre


Théâtre de l’Europe à Odéon.. En attendant que ça commence, j’ai les yeux plantés au plafond, vers ces magnifiques sculptures, moulures, dorures. J’ai l’impression que c’est la première fois que je viens ici… Se peut-il ? Il se peut.

Une fois dans le salon Salon Roger Blin où l’événement a lieu, je perds Nicolas Ledoux avec lequel j’ai monté les marches du théâtre. C’est le cousin de Coco. « L’affaire des faux-cartons d’invitation» dans les années 2000, c’est pas juste une légende… C’était lui et son acolyte, les artistes d’Ultralab. Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas encore pensé à se mettre à imprimer des faux billets ! Ou même à fabriquer des faux Basquiat, des faux Warhol, des faux Cezanne… que sais-je !
Et là, dernièrement, qu’est-ce qu’il m’apprend ? Qu’il est aussi le cousin de Coco Tassel, ma copine de fac qui est à l’origine de l’événement !
Ce type est tout de même un grand malade. On dirait que sa spécialité, c’est de passer son temps à m’étonner ou me surprendre… Chaque année, il a un nouveau truc à m’annoncer.

Et donc, je ne suis pas étonnée donc de me retrouver sur le chemin de cette lecture avec lui. Comme par magie !

Mais ce dont je suis le plus étonnée par contre, c’est comment il a pu disparaître aussi vite. Il s’est comme volatilisé, une fois le pied sur la moquette du Salon Roger Blin. Le fantôme de l’Odéon peut-être ? Ou bien le fruit de mon imagination !
Peu importe, avant de m’installer, je salue Joanna Preiss dont j’avais fait le portrait pour Jalouse il y a quelques années. C’est une muse, une artiste multi-facettes. Elle pose pour des photographes de mode, des artistes, fait de la musique, ou joue la comédie aux côtés de Louis Garrell par exemple… mais je ne savais pas qu’elle faisait partie des actrices invitées à cette lecture ce soir.

C’est Julie Gayet qui a eu un coup de cœur pour le livre de Coco, « J’adopte », et qui a lancé le mouvement. Le lancement du livre se fait autour de cette table haute, ce gueridon géant sur lequel 6 actrices sont juchées.
Un éventail féminin dont on apprécie le charme et le jeu sans jamais imaginer qu’elles puissent être autre chose que des images.
Pourtant, cette fois, elles sont là, chacune parce que le sujet d’un livre les a particulièrement touchées dans leur féminité, un sujet qui les concerne de près ou de loin. Un sujet sensible.

Elles sont là de leur propre chef pour lire -ou plutôt jouer ou même inarner- des passages du livre de Coco, « J’AdOpte » (éditions Alternatives et Paja-éditions - site : www.paja-editions.com). Son journal de bord sur les chemins difficiles et tortueux de l’adoption. Au fil des pages, Coco raconte toutes les péripéties d’une adoption qui peine à réaliser et qui fait souffrir et amplifie la souffrance en laissant sans cesse croire à des possibilités… qui tombent souvent à l’eau. Les phrases fusent autour de cette table et dans toutes les directions.
C’est un livre plein d’humour qui exorcise les difficultés que l’on rencontre dans ce chemin de longue haleine qu’est l’adoption… et cela même quand on est une famille parisienne idéale, qu’on est un couple idéal, un foyer idéal dans lequel n’importe quel enfant ne pourrait que s’épanouir.
Quand je pense à toutes les familles apparemment « normales » qui maltraitent leurs enfants, j’ai du mal à comprendre pourquoi l’adoption est si dificile. Où se place la morale là-dedans ?

Bref, le livre, et par son biais cette lecture, sont une invitation à s’interroger, se poser des questions.
« Avez-vous fait le deuil de votre enfant biologique ? » « L’heure tourne pour les femmes » « Je ne t’ai pas dit ??? j’suis enceinte ! » Et Coco qui énumère ses agressions silencieuses qui s’egrennent sur son chemin quotidien et sont tous ces ventres rebondis qu’elle envie. Mais c’est toujours avec bienveillance. Un récit à la sauce aigre-douce. Ce qu’il ressort de tout ça ? « patience, patience, patience… » le leitmotiv… le mot lancinant.

C’est le journal perso de Coco mais c’est aussi un guide pour ceux et celles qui voudraient se lancer dans l’aventure. Il s’agit de s’armer de patience et y croire sans relâche. C’est presque un combat, quotidien !
Et puis entre création et procréation, il y a sans cesse un va-et-vient plus ou moins talentueux. Celui-ci est frnachement réussi car frais, entier, engagé, drôle… touchant!

Tout ce qui me laisse dire que je verrai bien « J’adopte » adapté au cinéma ! D’ailleurs, ce sont bien des actrices qui ont joué des passages de ce livre sur les tables de la cafète du Théâtre de l’Odéon… il n’y a plus qu’à penser grand angle et dégotter un réalisateur de talent !
A part ça, mes copines sont toutes géniales ! Je kiffe mes cops’, selon la formule consacrée !

dimanche 24 janvier 2010

Episode 80 /Depardieu, Saint-Gobain et le home cinema

Jeudi 05 novembre

On ne peut donc jamais être tranquille ? J’ai dit que je ne bossais pas cette semaine. C’est LA semaine de mon anniv… je suis en roue libre, en free style, en planeur.
Je décide de retrouver Audrey après ma journée d’écriture perso, de salade et de somnolence.
J’ai RDV dans l’ancien espace d’art de Claude Berri sans savoir de quoi il s’agit.
Et paf, je baigne dans les couleurs, dans les ambiances, les climats chromatiques ? Un vrai plaisir.
C’est un show-room autour d’une technique scientifique. Un procédé industrialisé par Saint-Gobain et je me mets à discuter avec des scientifiques, des architectes, des designers… ça me change des artistes.
Le procédé : un verre chauffant extrèmement fin et sensible qui réagit au chaud, au froid, crée des ambiances, et peut même à ce point autoriser la production de toute forme qu’il serait parfait pour un artiste.
Je reconnais à peine l’ancien espace de Claude Berri tant il est envahi de cravates et de costards. Le très charmant Nicolas Kennedi, qui orchestre l’événement, diffuse son sourire plein de malice dans l’atmosphère.
Je me faufile ici et là à me demander si je ne suis pas un peu décalée dans ce contexte et si c’est le cas, ça me plait beaucoup…
Ça me change des VRP de l’art qui se rêvent en VIP et qui finiront vieilles pies ! … Et finalement, comme d’habitude je m’adapte assez rapidement, jusqu’à très vite me sentir comme un poisson dans l’eau parmi ces inconnus.

Après la zone dans laquelle on pouvait jouer avec des modules, faire réagir ce verre très particulier et suivre la progression sur écran, j’ai été happée par le dance-floor.
Un dance-floor silencieux, juste lumineux dans lequel je pourrais scotcher des heures. Il a été réalisé avec ce verre très particulier dont les couleurs et l’intensité lumineuse varie au fil du temps. Du coup, on est sur un échiquier aux couleurs changeantes. On dirait une œuvre de Piotr Uklanski : il a dû se fournir ici… c’est évident.

Puis du dancefloor désert et silencieux, je passe au lounge et je me réfugie dans un canapé design dont personne n’a encore testé le moëlleux. Et j’ai l’impression d’être à la maison. Peut-être que Gérard qui vient de faire son entrée dans la soirée, viendra régler l’écran du home cinéma et mettre un peu plus de bois dans la cheminée… sauf qu’il n’y a pas de home cinema, ni de cheminée et le Gérard en question, n’est pas juste un Gérard de plus dans l’univers des Gérard beaufisants de l’univers, c’est Depardieu. Chèr et en chair Depardieu.
A mon avis, avant qu’il n’arrive au lounge, il risque de se passer des heures tant on va tenter de l’arrêter mille fois dans sa course pour lui parler d’un truc ou d’un autre…
Même s’il est là incognito, en costume de plouc, dans le rôle d’un monsieur-tout-le-monde qui viendrait saluer ses potes de bistrot après le boulot… il y aura toujours quelqu’un pour essayer de lui vendre tel ou tel truc, lui proposer d’être un porte-drapeau ou un passe-plat plutôt que la lecture d’un scénario.
Mais rien n’y fait, même déguisé en Cro-Magnon, quand Depardieu débarque, même les vitres spéciales de Saint-Gobain tremblent sur son passage. Quel charisme. Quel physique. Quel nez… par dieu !

Bon, allez… j’ai pas ma caméra HD aujourd’hui et je dois filer. Mais quand même… est-ce que je l’attends encore un peu dans le lounge ?

Pas le temps, je dois filer dans le 8éme, au vernissage de Philippe Tourriol chez RX où je croiserai sûrement d’autres VIP… et surtout le fabuleux Jérôme Coste qui est celui qui a imaginé les plus beaux casques qui soient dans l’histoire du 2 roues.
Des casques si beaux qu’on a envie de passer son Permis Moto ou se mettre au scooter pour être obligé d’en porter. Des casques dangereux pour ceux qui les croisent sur la route tant ils nous hypnotisent. On ne peut s’arrêter de les contempler.

Pour résumer la chose, on pourrait aussi dire que ce sont des casques qui passent au rang d’objet d’art. De vrais amateurs d’art éclairés pourraient les acheter juste pour les admirer sans fin.
Et Jérôme sera tout simplement là parce qu’il lui arrive de collaborer avec des fashion designers… le Ruby Margiela, le Ruby Chanel ont fait déjà coulé assez d’encre ! Et cette fois, c’est un artiste -Philippe Tourriol- qui a dessiné les motifs de la dernière série de casques. Ce sont des répliques de ses tableaux : des abstractions géométriques à même la tête ! Ce sont donc des éditions limitées, numérotées et signées. De véritables œuvres d’art qui restent tout de même plus abordables que le casque Ruby-Chanel bordée de vison qui avoisine les 3000 euros je crois ! Si j’étais fille d’emir-collectionneuse-au-budget-illimitée, je pense que je ne pourrais pas m’empêcher de m’offrir le Ruby Tourriol accompagné de son tableau approprié ! A ce moment-là, on serait dans une confusion totale entre art et design qui nous rapprocherait d’un artiste Suisse de génie : Armleder !
Il a bien fait des «furniture sculptures ». Des installations qui mettent en contact des éléments de mobilier ou de construction – lyre dorée, fauteuil à bascule, bloc de ciment, chaises, table de bois brut, jusqu’aux maisonnées pour chats –, avec des peintures abstraites, pour des jeux de couleurs, de matières et de formes. Les éléments géométriques du mobilier deviennent des motifs, et leur inclination ou présentation leur retire tout aspect fonctionnel. Bref, de la désinvolture esthétique comme je l’aime !

Mais bon, si j’étais fille d’émir-collectionneuse-au-budget-illimitée, je m’offrirai toute la collec des casques Ruby pour charmer les serpents dans le désert. Je virerai ma robe des mille et une nuits pour la remplacer par une combinaison de cuir et une paire de bottes Belstaff avec la fermeture à l’arrière, sur le mollet. Je me parfumerai à la gasoline, j’enfourcherai une Vincent des fifties et bon vent !

mercredi 13 janvier 2010

Episode 79

Samedi 31 octobre 2009

Artus ne sentait pas la rose hier quand je l’ai embrassé sur les deux joues au Citadium.
La barbe hirsute et le blanc de travail bien dégueu… mais pas aussi dégueu qu’on n’aurait pu l’imaginer d’une blouse de travail portée 15 jours d’affilée. Enfin là, c’était un costume chic qu’il a laissé volontairement pourrir sur lui 15 jours… mais en faisant attention quand même.
Il ne sentait donc pas la violette de Toulouse, normal… Par contre, il avait le sourire et l’œil qui frise de l’Artus des beaux jours. Celui qui nous énergise pour la journée.
Comme si cet enfermement volontaire lui avait fait davantage aimer la vie encore.
Comme si cette méditation longue de 15 jours, dans une boîte de carton encartée dans un des temples de la consommation, à Paris, juste avant Noël, lui avait permis de non seulement méditer mais sans doute aussi d’entrer en connexion et en conversation avec ses morts. Ses propres morts. Sa mère en particulier. Pour un représentant de l’Art Posthume, ce serait logique. Encore plus logique qu’il se balade en costume.
Et je suis quasi sûre que vêtue de blanc, Artus a surtout tenté de faire son deuil. Ça me revient maintenant : il parlait du matelas de sa mère sur lequel il se reposerait pendant ses 15 journées d’enfermement volontaire.
Je crois que je découvre Artus. Jusque-là, je n’avais pas le temps de m’y arrêter. Je le trouvais amusant mais je n’avais pas le temps d’approfondir le sujet. Je m’arrêtais aux couches supérieures qui semblaient avoir une belle superficialité. Mais je confondais sans doute superficialité et besoin de légèreté, de lâcher le sens de gravité.
En fait, j’aurais dû me fier à l’étymologie de son nom : les Artus et les Arthur sont des ours dans l’étymologie celtique. Ça vient de « Arz », ours… je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de rapprocher le mot celtique du mot arménien « Aruz » qui signifie la même chose !
Bref, les ours se réfugient dans leurs grottes… et lui, l’arz artistique Artus s’en est fabriquée une dans les méandres d’un grand magasin alors qu’on lui demandait de se mettre en avant artistiquement. Caché dans une boîte de carton brut, adaptée à sa taille et qui servait de stand pour vendre des T.shirts. Pour un ours, il laissait quand même les autres se faire leur miel sur son dos, même s’il s’agissait de vendre ses T.shirts à lui… mais bon, au moins, ce geste nous interroge un petit peu.
Finalement, j’en arrive à cette conclusion : Artus est un mystique et je crois que la plupart des performers le sont. Le sourire et l’air qu’il avait à sa libération au Citadium était celle d’un béat. Dans le sens mystique du terme. Il avait la tête du mec qui revient de Katmandou un peu sonné. Ou mieux, l’air du mec qui a gravi l’Hymalaya et qui revient de son périple, épuisé, un peu déboussolé, content que ça s’arrête mais shooté par le plaisir d’avoir relevé le défi !
Bref, il sentait pas la rose mais il ne sentait pas non plus la lose. Il sentait l’ours qui s’est mis à l’épreuve et s’est dépassé. Plus que de « l’art posthume », un « arz » en costume !

EPISODE 78

Lundi 26 octobre 2009

Difficile de me souvenir de tout. J’ai des flashs de fins de foire. Le livre de Jean-Michel Othoniel en pop up chez Dilecta et Jean-Michel qui tourne les pages une à une face à ma caméra. Thomas Lélu qui tourne autour d’une œuvre circulaire de Jean-Michel, toujours au même endroit.
Galerie Perrotin.
A Versailles, un borsalino et un curseur orange dans les jardins de Le Nôtre. Des architectes en 3 D. Des sculptures à facettes. Des œuvres violettes, tout droit sorties du ventre d’un ordinateur, signées Veilhan. Des arômes de mandarine se mèlent aux odeurs de cire du Château. Ça me revient par flux, des tas d’images. Des jets d’eau. Le Palais des Glaces.
Marcus qui me pilote à moto du Grand Palais à la Cour Carrée du Louvre. Myrtille et moi sur les Champs-El, entre le bureau et le Grand Palais, sous une pluie glaçante. De l’été indien aussi c’est la fin.
Bousteau fait des grands gestes à la cafète de la FIAC-Cour Carrée. Aux Tuileries, les sculptures et install retiennent à peine mon attention cette année. Une coupe de Champ’ avec Bruno Peinado mimant un généreux balayage le soir du vernissage, exclusivement pour ma caméra. Une autre coupe avec Xavier Veilhan, une autre avec Saad… pas toutes le même jour. Toutes me ramènent au moins quinze ans en arrière quand le Champ’ ne coulait pas à flot dans l’art. Mais l’art préfère les périodes de crise. Grichka est au Bal Jaune. Je sors mon Joker le lendemain-même : séance de coloriage-collage avec l’homme qui organise des expos dans son frigo. Dans ma banque d’images, il y a aussi l’homme qui tire plus vite que son ombre et que j’ai failli prendre dans mon lasso. Les cantinières au sourire chirurgical de chez Cardin habillées en blanc comme des infirmières.
Juste avant que la dernière heure de la FIAC ne retentisse, je traîne dans un sofa. Je m’alanguis, si ça se trouve, pendant deux minutes, je me prends même pour une nouvelle Olympia! On me signale des problèmes de badges qui ont été éhontément vendus à la sauvette à la sortie. 2009 : année étonnante! Le début d’un nouveau cycle probablement.
Je vois ma Géraldine préférée, celle qui a un je-ne-sais-quoi de Marlène Jobert, débarquer en mode famille nombreuse dans le VIP… et ça lui va bien.
Charlelie Couture s’arrête sur moi et me sourit comme s’il me connaissait. Comme un avion sans ailes, je chantonne dans ma tête des chansons qu’il ne chante plus. En revanche, il a repris ses pinceaux et il lui arrive de raviver autour de lui des effluves de térébenthine qui nous ramènent aux Beaux-Arts de Nancy où il a fait ses classes… 2009, il peint et fait de la photo à New York depuis plusieurs années déjà. Pendant ce temps, son demi-frère, Tom Novembre, produit une nouvelle émission d’art à Paris. Assez VIP. Puisque le VIP fait vendre en temps de crise.
Une ou deux heures avant le gong final de la FIAC 2009, je suis déchaînée. Je sors de moi-même. Mon corps gît en dessous de mon esprit, vif à souhait, prêt à harponner de savants dialogues et de charmants sourires. Je peux faire parler les tables, les verres, détamer les miroirs, faire trembler les murs… sans bouger !
Du coup, je hèle un drôle de mec tout énervé, hystérique. Très grand, très sec, très nerveux. On dirait une énorme sauterelle. Le matin-même, il était à Versailles. On aurait dit qu’il était entouré d’un essaim de guêpes prêts à le piquer. Tout agité. Il ne tenait pas en place. Excité comme s’il avait pris une triple dose de coke et qu’il allait tuer le monde entier. Il est dans le lounge maintenant, il fait de plus grands gestes encore que ce matin. Il dessine des sabres dans l’atmosphère et cherche quelques gentilles brebis à décapiter ! Une innocente tombe sous le tranchant de sa lame et il en profite pour l’engluer encore un peu plus dans sa méchanceté gratuite… à la vue d’un écorché, ce sdique cinglé s’emparerait d’un litre de vodka pour le bomber !
Et comme je me mets sur son chemin, il se met à moi aussi me villipender. ,
Il me fait rire, comme s’il s’agissait d’un personnage de cartoon. Mais dans un Tex Avery, il se serait pris une porte et aurait fini aplati comme une crêpe… là, il continue à grimacer, à maugréer, à disperser ses mauvaises vibrations dans un lounge agonisant. Pour un peu, il aurait l’air d’un nazillon… mais passons !

Je m’attarde maintenant sur un personnage beaucoup plus latin, plus épicurien, plus généreux, plus souriant, plus chaleureux… on discute on discute… jusqu’à ce que le poisson-pilote qui se trouve à mes côtés détourne l’attention de mon interlocuteur, ne vienne faire écran entre ma conversation et celle de ce monsieur qui me dit qu’il est le premier collectionneur de Basquiat en France. Il nous raconte comment il est parti de rien. Forcément. Et comment il a collectionné un artiste en qui personne ne croyait. C’est le premier collectionneur de Basquiat en France et le poisson-pilote qui se trouve à mes côtés est en train de muter, il devient poisson-suceur. C’est une métamorphose peu agréable à voir mais si fréquente dans ce genre d’évènements.

De toute façon, ce n’est pas aujourd’hui que je rétablirai l’ordre à Daisy Town. C’est sérieux finalement la FIAC. !N’allez pas trop croire que c’est du fun.
D’ailleurs, il n’y a que des discussions sérieuses ici finalement. On se donne une impression de fun, de légèreté et de glamour… mais c’est faux ! C’est pesant la FIAC, vu sous un certain angle. C’est du business à peine enrobé dans de l’artifice.

Parfois jouer au paparazzi dans ce contexte peut même donner l’impression de verser dans l’espionnage industriel ! A plusieurs reprises, j’ai cru que la police de la FIAC me tomberait dessus.
Oui, la FIAC Policy. Pourquoi pas ? N’est-on pas à l’ère Sarkozy ? Au point où on est, on est tous suspects ! Toutes ces fouilles au corps de l’ère ultra-protectionniste ! Cette parano globalisée. Je me demande si tout le monde a lu « L’Arrache-Cœur » de Vian…

Et après tout, l’année dernière, des flics en civil ont déboulé à la Fiac et ont décidé d’emmener un galeriste Russe respirer l’air d’un commissariat parisien ! Ils avaient été choqués par des œuvres d’Oleg Kulik datant des années 90… et qu’ils ont jugé de caractère zoophiles !
La zone des possibles qui est celle de la création tend à rétrécir si l’on ne reste pas vigiliant. Une hallu ! La galeriste en question a donc passé quelques heures en prison avant que Martin Bethenod, le co-directeur de la FIAC, ne vienne la délivrer !

En tout cas, il n’y a pas encore de « Fiac-policy »… croisons les doigts pour que ça dure ! Et moi, je ne suis pas une paparazzi.
D’ailleurs, quand je pointe ma caméra sur une zone peuplée, je vais voir mes interlocuteurs pour leur dire qu’il s’agit de vidéos-souvenirs, des vidéo sans son, des plans-séquences quasi-lunaires pour une chaîne complètement artistique et donc totalement en orbite dans le PAF : « Souvenirs from Earth ».

Pour la plupart, plus rien ne les étonne de ma part. Un jour, ils me voient ici pour un magazine d’art, un jour là pour un magazine féminin, un autre pour la radio (Nova), un autre pour une télé… je suis une sorte de Shiva de l’art. Plusieurs bras, plusieurs casquettes, beaucoup de facettes.
Un esprit libre. Quelque chose de rare par les temps qui courent. Libre. J’ai le sentiment d’être capable de me glisser dans n’importe quelle situation avec souplesse. Passer du grand sérieux au grand délire sans jamais sacrifier la qualité de mes données.
Je rêverais de me fixer dans une position, dans un rôle, une fonction… mais sans occasion, pas de larron. Alors, figure imposée depuis le début, je suis en mouvement.
Ouf ! ça fait du bien de s’envoyer quelques fleurs !

Et en parlant de fleurs, pour finir en beauté cette FIAC 2009… une dernière interview: celle de Jennifer Flay, la plus « famous » de la Fiac pour « Fiac me I’m famous », bien sûr.! Aux manettes de l’aventure FIAC avec Martin Bethenod. A eux deux, ils forment un duo de chic, de choc et de charme qui rend la Fiac chaque année un peu plus effervescente, plus glamour, plus intéressante!

Quant à moi, je suis HS mais j’ai hâte de tout recommencer. Hâte d’être en octobre 2010 et que ça recommence tout ce bordel. Vivre une nouvelle FIAC à fond. Etre à nouveau partout en même temps ou bien le faire croire si possible. Et d’une année sur l’autre, je ne vis jamais la même chose. Je n’ai toujours pas l’impression d’avoir fait le tour de cette manifestation artistique tentaculaire.

La Fiac se termine au Grand Palais. J’ai l’impression, depuis quelques minutes, que tout ce petit monde a lâché prise, n’est plus sous tension. Certains stands sablent le champ’, la boisson officielle de la Fiac… d’autres sont plus discrets, plus groggys, peut-être moins satisfaits.

Overdose de fêtes, de têtes, de pipoles, de sensations… et d’art ? Non, c’est jamais l’OD. C’est jamais assez. On est des addicts. On en redemande, même quand on se plaint. J’ai une incroyable collection d’images dont j’ai volontairement perdu les titres et les noms. Je me balade une dernière fois entre les stands. Je me laisse aspirer par cette spirale d’images sans plus essayer de comprendre. Juste se laisser glisser. Tout faire pour ne pas foirer mon trajet vers mon lit !

mardi 5 janvier 2010

Episode 77

Dimanche 25 octobre

Je le savais! Je le savais! Je savais qu’il fallait que je me mette en quête de café-sushis en ce samedi après-midi de Fiac… c’est là que j’ai retrouvé Edouard.
Et je savais qu’il fallait que j’aille au Montana mercredi dernier. C’est ce que j’ai pu vérifier entre deux sushis à la cafète de la Fiac, sous la verrière vertigineuse du Grand Palais.
Parce que ce soir-là, ce fameux mercredi-là, en soirée, Saint-Germain avait des airs de Massachussets, y a eu du grabuge à Saint-Germain-City!
Joe Dalton, Jack Bone Dalton, William Henry Dalton et Averell Dalton étaient de la partie. Tous évadés de prison, dans l’ordre croissant. Billy the Kid alias Michael Youn et Jesse James alias Melvil Poupaud trainaient leurs éperons dans le même saloon quand, au bar, ils ont aperçu celui qui selon la légende tire plus vite que son ombre : Lucky Luke alias Jean Dujardin. Il était en train de machouiller une herbe de bison pendant que Jolly Jumper faisait le guet dehors, dans la nuit noire. Qui a souri le premier à la belle du saloon ? Qui a lancé le premier son verre à la tronche de l’autre ? Qui a levé le poing ? Qui a commencé ? On ne saurait dire mais ça a tôt fait de mal tourner et, bagarre feinte ou non, tout ce petit monde déconnant a fini au poste manu militari. Bagarre générale. Comme dans le fin fond du Massachussets, en plein western. Les fins de tournage ont du bon. Toute l’équipe du film s’était réunie pour l’occasion… mais au Montana, comme à Daisy Town, il fallait rétablir l’ordre. Et tout le monde -ou presque- a fini derrière les barreaux ! … enfin, au poste ! Fallait pas simuler, les mecs… C’est un truc uniquement réservée aux filles !

Je devrais me fier à mes intuitions, j’ai eu beaucoup de mal à résister à l’appel du Montana ce soir-là ! Je n’arrivais pas à faire taire la petite voix à l’intérieur de moi… voilà pourquoi !

Faut dire que la FIAC m’a cassée. Je vais finir par l’inscrire sur un mur en lettres de sang : « LA FIAC M’A TUER »… et c’est pas encore fini !

Heureusement, je me suis offert une petite parenthèse colorée chez Edouard hier soir. Il n’y a pas que moi qui me délecte d’une énorme boîte de feutres, d’une paire de ciseaux, de papier… je peux passer une journée à dessiner, colorier, découper, coller… et manifestement, je ne suis pas la seule ! Faudrait organiser des sessions uniquement entre adultes… consentants, cela va de soi !
Passons le fait qu’Edouard est un artiste qui fait exprès de s’ignorer et qui préfère mettre en avant d’autres artistes dans sa galerie… il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil à l’intérieur de son frigo pour s’en rendre compte : il y a des expos qui se perdent dans cet espace ! On y trouve de véritables install’ et toutes sortes de sculptures conçues sur le pouce.
Par contre, si côté art, on fait dans le pop coloré, côté alimentaire, on fait dans le strict Minimalisme ! Rien à bouffer !

Si on veut se mettre quelque chose sous la dent, il vaut mieux suivre l’itinéraire mis en place dans Paris par l’un des artistes de sa galerie : Ben Kinmont !
C’est dans le cadre du «Nouveau Festival » à Beaubourg. Une nouvelle tentative d’être au plus près de la vie en faisant de l’art ! Le projet de Kinmont s’appelle « Devenir autre chose » : 7 récits ont été confiés à sept chefs et transformés en 7 recettes. Il s’agit de 7 trajectoires d’artistes qui se sont éloignés de leur discipline première qu’est l’art pour devenir pyschothérapeute, fermier, activiste, politicien, travailleur social, prof de yoga, médecin.
Lygia Clark, Hans de Vries, GAAG, Raivo Puusemp, Laurie Parsons, Gretchen Faust et Bridget Banhart sont ceux qui ont inspiré Ben Kinmont et par la même occasion des chefs comme Inaki Aizpitarte du Chateaubriand ou Alain Passard à l’Arpège. Des chefs à la portée de tous et de l’art comestible dans 7 points de Paris.

Et pour le déjeuner, après Versailles, mon cavalier et moi-même sommes devenus « fermiers ». Je rêvais de devenir « activiste » et de goûter à la recette japonisante d’Olivier Camus au « Chapeau Melon » dans le 19è… parce le « Cru tassé aux agrumes japonais me fait encore rêver » et que tous mes ingrédients favoris étaient réunis dans cette recette, y compris l’allusion marquée à la série british des sixties à laquelle je voue un culte depuis l’enfance… « Chapeau Melon » !
Mais contre toute attente, « devenir fermière » au Comptoir du Relais, à Saint-Germain ne m’a vraiment pas déplu! Et mon cavalier était un connaisseur puisque c’était le patron du Basilic!

Mais je reviens sur hier soir et le frigo d’Edouard, ça m’aidera à recoller tous les morceaux.
ien dans son fridge donc… evidemment puisque sa cantine est située juste en face de chez lui : c’est le « Basilic »… où on est allé dîné !
Et comme je parlais de ma virée à Versailles, le lendemain, en ce dimanche-même à l’aube, pour y voir l’expo de Xavier… Fabrice, le maître des lieux, m’a proposé de m’y accompagner !
Vers 2h du mat, l’œil chaviré de sommeil et le baillement automatisé, je l’ai regardé avec la certitude qu’il ne viendrait pas. Je n’ai pas osé rire, de peur de me réveiller !
Un dimanche matin 10h devant le Grand Palais pour sauter avec moi dans la navette qui mène à Versailles ? Alors qu’il n’avait même pas fait la fermeture de son restau à… quelle heure était-il d’ailleurs ?
J’avais l’impression qu’il était 2 heures du mat. Peut-être plus. Qu’en sais-je ? La fiac me donne des impressions de jetlag !
Alors dimanche 10h devant le Grand Palais? Le peut-il ? Il le peut ?
C’est ce qu’il a prétendu… et il faut croire que ce jeune restaurateur d’origine Basque n’a pas seulement du palais… mais il a du flair et il aime aussi LES palais !
Du coup, ce matin à 10h30, la navette qui m’a mené à Versailles avait effectivement un parfum de mandarine-basilic ! Un goût ou un parfum ? Les deux ! Mieux : un arôme ! Parce que le basilic, ce chèr Fabrice ne se contente pas de le cuisiner et d’en donner le nom à son restau… non : il s’en parfume aussi! Enfin c’est un parfum copyrighté Guerlain tout de même !
Et côté mandarine, il en rajoute en couleurs dans ses fringues si ça n’y suffit pas !
Au cas où je le raterai, à 10h tapantes devant le Grand Palais, Fabrice Don Giovanni (ça lui va bien ce nom que je lui ai inventé hier soir !) portait avec élégance un Borsalino qui ombrageait son regard. Ici et là, quelques mèches de cheveux mordorées nous rappelaient à l’automne. Et sur son veston ? Il traînait une bonne vieille doudoune mandarine et sans manche ! Mandarine-Basilic donc ! Avec le duck Chevignon de nos eighties qui s’envoyait en l’air dans son dos en guise de logo ! Juste de quoi négliger un peu. Mettre une touche de gentleman bad boy à la tenue !
Charmant et élégant, il a été un cavalier chevaleresque à Versailles ! Il a notamment servi de curseur à ceux qui se perdaient dans les allées du Château : la mandarine, ça se repère de loin et pas seulement à son parfum!
Et dans escaliers ? sur le perron en damiers ? Dans la chambre des dames ? et à l’extérieur, dans les perspectives des jardins de LeNôtre, près des portraits à facettes des grands architectes réalisés par Xavier ? Il collait aussi tout-à-fait encore une fois ! Des sculptures à facettes violette et un Fabrice Mandarine-Basilic, c’était tout-à-fait OK !
Un joli tableau haut en couleurs en parfums en saveurs… impossible de ne pas tout de même m’en échapper assez souvent ! Oui, je pars dans les perspectives au lieu de suisvre le troupeau. Faut dire aussi que rien ne valait le plaisir d’écouter les commentaires des enfants de Xavier. Il manquait le plus agé des trois mais tous sont aussi brillants, vifs et intelligents les uns que les autres.
Des pré-ados… adorables !
Une matinée pleine de panache donc !